Congrès FO 2011 : des mandats clairs, sinon rien !

mis en ligne le 24 mars 2011
Au total, ce sont près de 80 pages de résolutions qui ont été élaborées dans cinq commissions réunies en parallèle. La bataille a été acharnée dans la plupart des commissions pour définir des mandats les plus clairs possibles. À noter que, pour la résolution générale, les militants anarchistes, soutenus par d’autres délégués, ont obtenu que la charte d’Amiens soit annexée dans son intégralité, ce qui n’avait jamais été fait jusque là. Pas totalement anecdotique, car si cette charte est souvent citée quant aux questions d’indépendance du syndicat vis-à-vis des partis politiques, la partie sur la nécessaire expropriation capitaliste est souvent oubliée.
Bien évidemment, il n’est pas dans nos intentions de citer les 80 pages qui détaillent les revendications et les positions de FO pour les trois prochaines années sur tous les sujets essentiels. Nous ne prendrons que quelques exemples significatifs, « originaux », et ceux qui montrent notre rôle (et ses limites aussi) dans ce travail de définition des mandats.
Il convenait tout d’abord de définir une orientation claire concernant la sécurité sociale, cible en 2011 de Nicolas Sarkozy comme les retraites l’ont été en 2010 : « Le congrès réaffirme son attachement profond aux rôles et aux fondements de la sécurité sociale basée sur le principe des ordonnances de 1945 et du salaire différé… L’étatisation et les exonérations de cotisations patronales réduisent constamment les prestations et préparent sa privatisation… Le cinquième risque, appelé perte d’autonomie, devrait être rattaché à la branche maladie de la sécurité sociale assurant une couverture universelle garantissant l’égalité des droits et excluant un système assurantiel privé ». Bref, cette formulation s’oppose à tout compromis avec le projet des frères Sarkozy.
Concernant la crise, il importait que le système économique lui-même soit remis en cause et pas seulement ses conséquences. Ainsi, un chapitre de la résolution générale a été intitulé, suite à une de nos propositions, « le système capitaliste est en crise car le système est en cause ». « Cette crise économique mondiale est née de la spéculation des banques et des institutions financières. Elle a ainsi confirmé la perversité du système capitaliste en éclairant tragiquement les risques économiques et surtout sociaux inhérents à son fonctionnement ».
Plus « original » encore – car concernant toutes les nouvelles tentatives d’intégration des syndicalistes dans les rouages de l’État – cette formulation de la résolution « Développement » : « le congrès refuse le concept de carrière syndicale et de statut de l’élu que certaines confédérations envisagent de mettre en place à travers des dispositifs notamment de validation des acquis et de l’expérience qui conduiraient inéluctablement à une bureaucratie syndicale… Notre démocratie syndicale est basée sur le mandat. »
Enfin, notons deux formulations : la première est le fruit d’un amendement d’un militant anarchiste : « le congrès réaffirme le combat permanent de toutes ses structures contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, le sexisme, l’homophobie ainsi que, de manière générale, contre toutes formes de discrimination. Il rappelle que les travailleurs en situation irrégulière sont avant tout des victimes et que les structures syndicales doivent les soutenir et les défendre contre les employeurs qui les exploitent » Cela va peut être sans dire, mais c’est encore mieux en le disant !
Par contre, au final, nous n’avons pas réussi à faire enlever une formulation qui « réfute les thèses de la décroissance ». Cela dit, lors du dernier congrès notre intervention sur le même thème n’avait suscité que peu d’écho et, cette fois-ci, cela a bien failli fonctionner, signe que les choses bougent, même si c’est lent et que les thèses productivistes restent prédominantes.