Vers un 1er Mai ébréché ?

mis en ligne le 5 mai 2011
« Devant le chaos actuel qui vaut au monde du travail un accroissement de souffrance et lui fait entrevoir un sombre avenir la désunion des ouvriers syndiqués est aujourd’hui cruellement ressentie, elle serait demain la cause d’un véritable désastre… » Ces quelques mots pessimistes écrits pendant le congrès de la CGT en 1933 pourraient être accentués dans la situation actuelle. La division syndicale est acceptée, entérinée depuis belle lurette. Pour le 1er mai nous aurons bien ça et là des ébauches unitaires mais toujours sans les syndicats de la CGT et Force Ouvrière 1.
Certes, il y des victoires syndicales qui nous remontent le moral. Comme il y a quinze jours dans la chaîne de restauration rapide KFC (Kentucky Fried Chicken) la mobilisation syndicale a payé. En particulier à Bondy (Seine-Saint-Denis) où la grève avait débuté le 2 avril. Des conditions d’hygiène plus que douteuses (intoxication par les particules de farine, problèmes d’aération, sans parler des bas salaires…). Des mesures sanitaires ont été obtenues ainsi qu’une prime de 150 euros. Mais les syndiqués ne baissent pas pour autant les bras. Comme le déclare le secrétaire de l’Union locale CGT de Bondy : « Si nous n’obtenons pas la hotte aspirante au mois de juin ou si celle qui est installée ne correspond pas à la spécificité de notre activité, on se remobilisera ! »
Du financement il y en a, comme le déclare le PDG de KFC France : « Le chiffre d’affaires moyen d’un KFC en France est trois fois plus élevé qu’ailleurs dans le monde. »
À l’École normale supérieure, les salariés précaires sont en grève depuis le 10 janvier. Il réclament leur titularisation et une amélioration de leurs conditions de travail. Soutenus par les organisations syndicales étudiantes, ils poursuivent leur lutte.
À RFI-France 24, la fusion ne passe pas. L’intersyndicale de RFI (FO, SNJ-CGT et SNRT-CGT) dénonce ce qui a été entériné au comité d’administration, ce choix qualifié de « démantèlement programmé ». Elle craint un deuxième plan social. Déjà, en 2009, on luttait contre un plan social et la fermeture de 6 bureaux de la station sur 19…
Et l’actualité de l’anarchosyndicalisme dans tout ça ? Toujours là mais passé à la trappe par celles et ceux qui pensent que « le syndicat est l’école du socialisme et que le parti pourra seul briser l’État et le capitalisme parce qu’il aura réuni l’avant-garde, la partie la plus consciente et la plus dynamique des travailleurs » 2. Y’a du pain sur la planche !




1. Quand ce Monde libertaire sera dans les kiosques, vous saurez si l’unité syndicale a fleuri ça et là.
2. L’anarcho-syndicalisme et l’organisation de la classe ouvrière, René Berthier, Éditions du Monde libertaire, 2010.