Fanzine À Bloc !

mis en ligne le 12 mai 2011
1635ABlocFanzine ? Kézako ? Un fanzine est un journal réalisé par des amateurs, des passionnés de tel ou tel domaine, de tel ou tel genre musical. On a vu dans les années 1980 émerger une grande quantité de fanzines, dont beaucoup tournaient autour du rock alternatif, de l’anarchisme, bref, nous avons connu l’épanouissement d’une presse alternative accompagnant des domaines eux aussi en quête d’alternatives, d’expérimentations, de recherche 1.
Lancer un fanzine papier en 2011, voilà une idée qui paraît bien saugrenue. Le XXIe siècle sera numérique ou ne sera pas, avait-on pu croire. Même Le Monde libertaire a désormais un site web en parallèle à sa version papier, et de nombreux fanzines, eux, ont soit disparu soit basculé sur Internet, sous forme de site ou de blog. Cela n’enlève rien à la qualité d’écriture, à la passion… mais force est de constater que… ce n’est plus pareil. Peu de fanzines existent encore. On a un peu perdu le plaisir de le feuilleter, de le lire en picorant ici et là, d’y revenir, de le prêter, de le diffuser à son tour. Une petite vingtaine d’activistes des milieux anarchistes, punks, antifascistes, ont donc décidé, contre vents et marées de remettre du charbon dans la chaudière. Le résultat : un fanzine au format carré, de 56 pages, avec ce qui fait l’essence même du fanzinat : la passion, le plaisir, le besoin de s’exprimer, de faire découvrir. Les choses sont claires, comme le proclament les rédacteurs dès la première page : « On parle de quelque chose parce que ça nous plaît et pas seulement parce que c’est important, on essaye de ne pas se prendre au sérieux. » Pourtant, force est de constater la bonne tenue et le graphisme appliqué et soigné de ce fanzine imprimé. Les sujets abordés, eux, reflètent la diversité de ses rédacteurs. Des reportages internationaux sur les bidonvilles de Buenos Aires à l’Allemagne et à Rome, en passant par un lieu militant plus près de chez nous comme le Café de la pente ou un zoom sur un bistrot parisien qui vaut le détour, À Bloc ! promène ses docs là où ça lui plaît. On retrouve bien entendu les rubriques classiques, à savoir les chroniques de lecture et les chroniques musicales incontournables, mais aussi les interviews de groupes et d’artistes, de Loran et Schultz (respectivement de Bérurier Noir et Parabellum) à Vulgaires Machins et Bobby 6 Killers, en passant aussi par DDD un pochoiriste détonnant (et oui, il n’y a pas que Banksy !). Nouvelles, rencontre avec un historien sur le rôle des intellectuels nazis, et questionnement crucial de la présence de fenêtres dans le métro, puisqu’il n’y a rien à y voir. On y retrouve aussi une interview amusante et pertinente sur la boulangerie autogérée La Conquête du pain, dont Le Monde libertaire s’était déjà fait l’écho. La passion ? Elle est bien là du début à la fin. Une bonne raison pour les encourager à poursuivre l’aventure 2.

Z. Yarost


1. La fanzinothèque de Poitiers est d’ailleurs une structure qui reçoit, classe et archive des fanzines du monde entier. Un lieu incontournable si vous vous intéressez à ce domaine. La fanzinothèque, 185, rue du Faubourg du Pont-neuf, 86000 Poitiers.
2. Pas d’abonnement, mais on trouve À Bloc ! sur les tables de presse et dans les bonnes librairies. On peut envoyer aussi 15 euros pour 5 exemplaires, port compris par chèque à GDO, 44, rue Poulain, 93100 Montreuil. Pour commander un seul numéro, allez sur la site de Maloka : http://malokadistro.com