Quand le G8 s’amuse…

mis en ligne le 2 juin 2011
1638G8Le G 8 est une extension du G 7, soit les 7 pays les plus puissants du monde développé, créé par Fiscard Déteint (en 1975, d’abord avec 5 pays, puis, en 76, avec l’Italie et le Canada ; actuellement : états-Unis, Japon, Allemagne, G-B, France, Italie, Canada et Russie), pour réunir les chefs d’État ou de gouvernement (avec plus ou moins de ministres concernés par les sujets à l’ordre du jour), afin de papoter et de se concerter sur les problèmes économiques ou généraux en cours. Le 8 provient de l’admission de la Russie ce qui représente 43 % du PIB mondial contre 65 il y a dix ans. Et il a été suivi, par effet de crise, de la création du G20, bien plus large car ouvert aux pays émergents comme le Brésil, le Mexique, la Corée du Sud, l’Inde ou l’Afrique du Sud, etc. La présidence est tournante et c’est actuellement Tsarkozy qui en est le président. Le G8 s’est réunit à Deauville les 26 et 27 mai. Gnafron 1er a même eu l’idée d’organiser un « e-Geek 8 » sur l’Internet ; en oubliant qu’il avait réduit l’accès au web avec sa loi Hadopi, punitive et anticonstitutionnelle parce qu’elle donnait à des instances privées des pouvoirs de sanction en l’absence de tout jugement.
Les G8 ou 20 débouchent sur des platitudes, des pétitions de principe, des vœux pieux et une belle photo de groupe. Et sur des manipulations de chiffres car, par exemple, le G8 de Deauville a reçu un rapport (de l’UMP et sarkozyste de Riancourt) donnant 49 milliards de réalisation d’aide au développement (50 promis au G 8 de Gleneagles en 2005) au lieu de 31 en réalité (statistiques OCDE). On sait aussi que chaque réunion des puissants de ce bas-monde amène des contre-sommets animés par les altermondialistes et autres opposants à la marchandisation de la planète ; ce qui nous vaut un déploiement considérable de forces de police (12 000 flics en tout genre) et des entraves aux libertés de circulation et de travail des citoyens. Ainsi, pour Deauville, les pêcheurs ont été priés de rester à quai et la ville à été mise en état de siège. Les contestataires ont dû se replier sur Le Havre et Caen…
Les sujets pour le sommet de Deauville, auquel l’UE est associée, ne manquent pas. La crise qui continue, notamment pas pour la zone euro, l’aide au développement, la situation dans les pays du printemps arabe (la Tunisie et l’Égypte sont invitées), la régulation financière mondiale, la sûreté nucléaire, le changement climatique, la paix et la sécurité en Afrique, l’Internet, le terrorisme sont au menu. Semblent, notamment, oubliée la renaissance de l’inflation et les manipulations des taux de change des monnaies.
Il ne faut pas s’attendre à autre chose que l’accouchement d’une souris par la montagne ; par exemple, en ce qui concerne l’aide au développement (censée être de 0,7 % du PIB), l’UE en est loin. La France plafonne à moins de 0,5 (0,37 sous Jospin le socialiste) et, qui plus est, en truquant les chiffres (par exemple en y mettant les aides en matériel militaire). Le G 8 de 2005 à Gleneagles en Écosse avait, sur la base des objectifs du millénaire fixés par l’ONU (réduction de la pauvreté, éducation, santé, etc.), fixé un programme de 50 milliards de dollars d’aide dont 25 pour l’Afrique, programme qui n’a pas été réalisé, et de loin (11 seulement ont été attribués pour l’Afrique). Cependant, à Deauville, on s’orienterait vers une aide de 25 milliards de dollars sur cinq ans pour l’Égypte (qui a besoin tout de suite de 11) et la Tunisie (qui demande aussi 5). Ce serait l’aide au « printemps arabe ».
Sur le nucléaire après la catastrophe de Fukushima, il n’y aura qu’un accord en trompe-l’œil car les pays ne sont pas d’accord sur la nature des tests de sûreté à imposer aux centrales, notamment pour le degré de résistance aux séismes ; par exemple aussi, la France a fait exclure l’hypothèse d’un crash d’avion sur les centrales françaises ; historiquement, elles ne sont conçues que pour résister à la chute d’un Cesna !
Sur la crise, les grands déséquilibres commerciaux, monétaires et financiers entre pays ne sont pas à l’ordre du jour. Pourtant le yuan est sous-évalué malgré les excédents commerciaux et les réserves de devises de la Chine ; le dollar devrait baisser car les états-Unis font tourner la planche à billets (en achetant des bons du trésor US et des actifs toxiques des banques ; il ne baisse pas car la Chine et d’autres pays comme le Japon ou les émirats continuent d’acheter des obligations US) et ont une dette équivalente à leur PIB (environ 15 000 milliards de dollars) ; l’Allemagne engrange 153 milliards d’euros d’excédent de la balance commerciale au détriment des autres pays européens qui ont un gros déficit (la France, 48 milliards en 2010), ce qui crée, en sens inverse, des dettes desdits pays, dettes qui font hurler les Tudesques qui ne veulent plus sauver la Grèce une deuxième fois. Le problème de type : les déficits commerciaux entraînent un flux financier de sens contraire sous forme d’endettement, est loin d’être résolu et le G 8 de Deauville ne le fera pas. De même, il ne traitera pas du problème central de la parité des monnaies ; ni des pratiques, notamment teutonnes, de désinflation et de dévaluation compétitive pour voler les parts de marché des autres pays et exporter chez eux ; ni des difficultés de l’euro avec le problème des « PIGS » (Portugal, Irlande, Grèce et Spain). Difficultés qui vont s’aggraver avec la hausse probable des taux d’intérêt par la BCE due à la reprise de l’inflation.
Sur la régulation financière, le G 8 continuera de préconiser une tapette à mouches contre les ptérodactyles de la finance ; on n’a rien vu dans les précédents G 8 ou 20 et on ne verra rien de substantiel aujourd’hui sur les paradis fiscaux, les stock-options, les bonus, les produits dérivés, les opérations boursières à découvert et à crédit, les agences de notation, les achats par LBO, le contrôle de la finance fantôme (hors-bilan et hors-marchés organisés) et des réserves obligatoires des banques (cependant montées à 7 % des engagements des banques contre 2 auparavant), etc. Pourtant, c’est reparti comme en 40 avec des bénefs retrouvés pour les multinationales et les banques, la distribution de bonus aux traders, la spéculation sur les matières premières et vivrières, etc. Les autres sujets – tels le changement climatique (qui a ses propres instances), la lutte contre le terrorisme, sujet bateau, la sécurité en Afrique (sujet tabou) – seront sûrement peu traités car le grand problème est celui du remplacement au FMI de DSK par Lagarde-Michu. Tsarkozy continuera de faire des moulinets pour se poser en leader mondial et sauveur suprême.
Grands oubliés : la précarité et la pauvreté, la destruction des ressources naturelles, le chômage, l’immigration, les conséquences sociales des plans d’austérité ; bref tout ce qui est une conséquence négative du libéralo-capitalisme sur les peuples du tiers monde et des pays occidentaux ruinés par la crise. C’est que ces choses n’intéressent pas les puissants en tant que fondés de pouvoir des banques, des trusts, des financiers capitalistes. C’est le contre-sommet du Havre (CNT, Attac, altermondialistes, etc.) qui les rappellera… à distance.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


fhr76

le 2 juin 2011
"Grands oubliés : la précarité et la pauvreté, ... ; bref tout ce qui est une conséquence négative du libéralo-capitalisme..."
Conséquences dramatiques pour nous mais tout bénéf pour eux, et les grands oubliés ils ne les oubliaient pas, bien au contraire, car là se trouve le secret de leur enrichissement ! Alors pourquoi réfléchiraient-ils à changer les choses ?
La seule chose à laquelle ils réfléchissent est : comment faire en sorte qu'ils ne soient pas gênés dans leur manœuvre d'enrichissement toujours plus, comment continuer à spolier les peuples sans être dérangé ? !
Et ils ont les moyens : "déploiement considérable de forces de police (12 000 flics en tout genre)" rien que pour leur garde rapprochée. Révélateur qu'ils sont bien conscient de leurs méfaits, non ?
Croire que les dirigeant œuvreraient pour les peuples serait d'une naïveté confondante, ils agissent pour eux et pour le fric, le pouvoir financier et ses profits et c'est tout ! Tout ce qui est décidé, entrepris, ne l'est que dans ce but !
Inacceptable !