Piège syndical !

mis en ligne le 2 juin 2011
L’un des principaux buts de la FSM est « d’unifier dans son sein les syndicats du monde entier, indépendamment des questions de race, de nationalité, de religion ou d’opinion politique ». Diable, cet extrait de la déclaration de principes de la Fédération syndicale mondiale voudrait œucuméniquement rassembler le monde du travail sur la planète ? Illusion, le nom d’Internationale des syndicats rouges n’est pas inscrit au fronton, mais dans la tête de certains l’ordre de Moscou veille toujours ! Comme après la Seconde Guerre mondiale avec le rôle de la CGT au sein de la FSM en tant que fidèle alliée des Soviétiques, « lorsque les dissensions du mouvement communiste international se répercutent sur la FSM, la CGT adopte une position orthodoxe 1 ». Des événements de Hongrie à l’exclusion des syndicats yougoslaves, il y aura de la part de la CGT une « défense complète et [une] fidélité sans faille à l’égard de l’URSS 2 ».
Pourquoi, après la chute du bloc soviétique, parler de la FSM, organisation quasi squelettique et que la CGT, entre autres, a quitté définitivement en 1995 ?
Pas seulement parce que la FSM a tenu dernièrement son congrès dans la même ville que la Confédération européenne des syndicats (Athènes), mais aussi pour mettre les points sur les « i » au sujet du militantisme syndical. On ose espérer que les grossiers miroirs aux alouettes n’attirent que les déçus du stalinisme ! Leurs tracts pour un « Front syndicaliste de classe » critiquent l’appareil confédéral de Montreuil, son syndicalisme « accompagnateur du capitalisme », peuvent attirer l’œil un instant. Mais que dire de l’offre réitérée d’adhérer individuellement à la FSM, ça laisse dubitatif…
Dans la CGT, il y a beaucoup de militantes et de militants qui sont critiques vis-à-vis de l’orientation de la boutique syndicale. Certes on est beaucoup à militer pour l’unité à la base, dans les unions locales dans les sections d’entreprise, mais ce n’est pas pour contribuer à servir de courroie de transmission à des nostalgique du rideau de fer !
Quand on a choisi de rester syndicalement à la CGT, on sent dans la militance qui rue dans les brancards des options politiques. Avec la présidentielle qui s’annonce, ça tire souvent dans tous les coins. L’union dans les luttes, un front commun à la base, ça semble possible mais certains camarades (quelquefois charmants au quotidien) pensent qu’ils doivent diriger le mouvement ouvrier, ce qu’il en reste. Quand Brupbacher rencontra Trotsky en 1921, celui-ci considérait « que le syndicalisme révolutionnaire représentait l’élément le plus sain du mouvement français », mais la direction c’était le parti ! La cerise sur le gâteau a pu être une motion d’un congrès de la CGTU parlant du rôle dirigeant du PC : « La proclamation de ce rôle dirigeant et sa reconnaissance ne sauraient être interprétées comme le subornation du mouvement syndical. » La liquidation politique viendra après… Les gesticulations à la FSM comme à la CES appartiennent à une autre stratégie.




1. Tania Régin, « La CGT et la FSM dans les années 1950 », in La CGT dans les années 1950, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 473.
2. Ibid.