¡ Viva Mexico ! Sur les traces du Mexique d’en bas à gauche

mis en ligne le 7 juillet 2011
Alors que l’on a « célébré », l’an passé, le centenaire de la révolution mexicaine et que cette année 2011 avait été choisi par nos dirigeants pour être celle du Mexique (jusqu’aux « incidents diplomatiques » autour de l’affaire de Florence Cassez), le documentaire de Nicolas Défossé – qui entend montrer le visage et la vie d’un Mexique qui lutte, qui résiste et qui construit – tombe à pic pour sortir des sentiers battus généralement proposés par les médias concernant la question mexicaine.
Le documentaire démarre aux États-Unis, à Los Angeles où, là aussi, le réalisateur s’attache à rendre compte d’une autre réalité, bien différente de celle systématiquement relayée par la télévision et les journaux. On y découvre en images la vie de Mexicains immigrés, vie déchirée entre les petits tafs ambulants (« à la sauvette » comme on dit par chez nous en France) et la peur de policiers qui s’adonnent régulièrement à la chasse aux clandestins (phénomène que l’on retrouve aussi, à une autre échelle, dans notre doux pays…). Témoignage de cette misère trop souvent occultée, il est aussi celui d’une problématique essentielle de la vie mexicaine, celle de l’immigration vers les États-Unis.
Après ce démarrage intense en terre étatsunienne, Nicolas Défossé nous conduit, bien évidemment, au Mexique, dans les pas du voyage entamé le 1er janvier 2006 par le sous-commandant Marcos. Première initiative fondatrice de l’Autre Campagne, ce périple de six mois doit amener le délégué zéro (surnom donné au sup) à rencontrer les Mexicains et Mexicaines qui luttent pour la terre et pour la liberté, partout dans le pays, du Chiapas à la capitale Mexico, en passant par le Guerrero, le Yucatan, Oaxaca et bien d’autres Etats. On y rencontre donc des gens qui souffrent et qui sont en proie aux ambitions du gouvernement fédéral et des multinationales : paysans expropriés pour construire des autoroutes et des complexes touristiques ou des centres commerciaux, un patrimoine archéologique devenu marchandise, des communautés harcelées par les autorités et des groupes paramilitaires privés à la solde des gouvernements, des « minorités » sexuelles et culturelles régulièrement agressées (homosexuels, transexuels, punks), etc. Mais derrière cette souffrance, il y a des gens qui résistent en construisant des luttes bien loin des simples préoccupations électorales et des partis politiques. Le documentaire, et c’est là l’un de ses intérêts majeurs, va bien au-delà de ces combats pour nous permettre aussi d’appréhender, via notre petit (ou grand) écran, des relations et des rapports de solidarité et d’entraide en mouvement, en pleine activité et qui, bien que pour la plupart liés à l’héritage culturel précolonial des sociétés indiennes du Mexique, ont une portée qui pourrait bien être « universelle ».
Le tout est filmé avec talent et retransmet avec force et émotion cette tension palpable qui ne cesse d’augmenter tout au long du voyage jusqu’à la terrible réponse du pouvoir. Un documentaire à voir, à diffuser et à soutenir sans aucune hésitation. Un documentaire qui nous rappelle encore l’urgente nécessité des revendications de ce bien vieux slogan : terre et liberté !