Marixol Iparraguire ne doit pas être extradée !

mis en ligne le 2 septembre 2011
Marixol Iparraguire, militante d’ETA, a été arrêtée en France en octobre 2004. Cinq ans plus tard, l’instruction n’étant toujours pas close, elle a entamé une procédure devant la Cour de justice européenne. La jurisprudence de cette cour est connue et précise. Tout inculpé (présumé innocent) doit être jugé dans un délai maximum de cinq ans. Si tel n’est pas le cas, il doit être libéré. L’Angleterre qui s’est fait prendre en flagrant délit a obtempéré. La France, qui s’est également fait prendre en flagrant délit plusieurs fois, refuse d’obtempérer et préfère payer de lourdes amendes. No comment sur la France, l’Europe et la justice ! Et, donc, Marixol a finalement été jugée par la Cour anti terroriste de Paris en décembre 2010, soit plus de six ans après avoir été arrêtée. Elle a pris vingt ans et a immédiatement fait appel de ce jugement. Pour l’heure, donc, deux procédures sont en cours. Une devant l’Europe. L’issue sera positive, mais quand ? L’autre en France. L’issue sera, bien évidement, négative. Magistrature couchée oblige !
Malgré tout cela – qui fait quand même beaucoup – Marixol n’en est peut-être qu’au début de son calvaire. Le 13 septembre 2011, en effet, elle sera entendue par la chambre d’instruction du tribunal de Bordeaux. Sept ans après son arrestation en France, l’Espagne, pas franchement réactive, vient de déposer à son encontre une demande d’extradition provisoire. On sait ce que cela signifie. Tortures. Extorsions d’aveux. Renvoi en France après avoir été retapé. Puis, nouvelle demande d’extradition. À l’issue de la peine prononcée en France, ou avant. Extradition en Espagne. Procès. Nouvelle condamnation. Et ça peut être sans fin. C’est d’ailleurs l’objectif, à savoir que certains militants d’ETA ne sortent JAMAIS de prison.
D’un point de vue juridique, cette demande d’extradition est irrecevable dans la mesure où deux procédures sont en cours. On apprend cela en cours de droit, première année. D’un point de vue politique, à l’heure où un processus de paix est en cours (enfin !) en Espagne, elle relève clairement du crétinisme ou du sabotage.
Bref, d’un point de vue juridique comme d’un point de vue politique, les magistrats bordelais s’honoreraient de répondre négativement à cette demande d’extradition. Mais mon petit doigt me dit que ce n’est pas gagné !
Merci de faire circuler l’info et d’être présents le 13 septembre 2011 au tribunal de Bordeaux à 11 h 30.
Soyons précis, le problème n’est pas de soutenir ETA (tel n’est pas du tout mon propos). Il est, sauf à nier un minimum d’État de droit, à ne pas accepter l’inacceptable et à ne pas tolérer l’intolérable. Comme disait Brecht, avant hier ils sont venus arrêter mon voisin, un anarchiste. Je n’ai rien dit car… Hier, ils sont venus arrêter un autre voisin, un communiste. Je n’ai encore rien dit, car… Tout à l’heure, ils sont venus arrêter un autre voisin, un chrétien démocrate. Là, j’ai commencé à avoir des doutes. Mais je n’ai toujours rien dit. Là, ils sont en train de frapper à ma porte. Ils viennent m’arrêter et, n’ayant plus de voisins, personne ne peut me venir en aide.
Je vous laisse réfléchir là-dessus !

Jean-Marc Raynaud