Météo syndicale, temps variable

mis en ligne le 6 octobre 2011
Quand on consulte L’Encyclopédie anarchiste (1925-1934), on ne trouve rien sur les retraites. Sûr en ces temps-là, ça n’existait quasiment pas, pour le moins sous la forme que nous connaissons aujourd’hui, surtout pour les congés payés. C’est pourquoi on a du mal à trouver des repères historiques dans le problème de l’après-travail salarié. Dans ce début de siècle, le niveau des retraites est à géométrie variable. Les uns s’en sortent, les autres non. Et ces derniers se retrouvent en concurrence avec celles et ceux qui cherchent des petits boulots pour agrémenter leurs études.
Et l’on en vient à constater que dans certaines catégories professionnelles les retraités ont plus de poids que les actifs. Pour ne prendre qu’un exemple, dans les métiers du Livre, celles et ceux qui sont partis à la suite de plans sociaux battent en plus grand nombre le pavé. Il est de notoriété publique que la profession est réduite à la peau de chagrin dans les entreprises de presse, sans parler du reste du métier.
Et l’on parle là d’un métier où le restant de forces syndicales a au moins permis à des camarades entrés tôt dans le monde du travail de bénéficier d’une retraite digne de ce nom. 1
« Renault s’engage à ce qu’on dégage. » Tel était le texte d’une banderole au cours d’une manifestation de salariés au Havre, le 25 septembre, 2008. C’étaient celles et ceux de Renault qui élevaient la voix contre la menace de la suppression de plus de 1 000 emplois. En 2009, tout ce beau monde a été sollicité pour quitter « volontairement » l’entreprise. Elles et ils avaient l’assurance d’être pris en charge par les Assedic jusqu’à leur départ en retraite, mais la réforme de 2010 en a reculé l’âge légal. « Sans Assedic ni retraite, le drame social des ex-Renault » titrait le quotidien national dorénavant sans faucille ni marteau ! Affaire tristement à suivre en espérant de meilleurs jours.
À PSA, le feuilleton continue. Il y a une dizaine de jours a eu lieu un CCE extraordinaire. Au niveau linguistique, le patronat fait des étincelles. On cause maintenant de GPEC, c’est à dire la « gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences ». Entendez par là une logique de réductions d’effectifs, de plans sociaux et de licenciements au nom des contraintes du marché et de la concurrence.
On y voit qu’après les révolutions de la CGT sur les licenciements à venir, la direction faisait le gros dos par « prudence » en attendant l’élection présidentielle pour ne pas gêner le gouvernement. Depuis, il y a eu le plan social à PSA Madrid (non signé par la CGT anarcho-syndicaliste), qui est en cours de négociations jusqu’au 6 octobre.
En France, ça remet ça, on envisage même dans les sphères patronales la diminution de 1 090 de l’effectif du groupe en France. Déjà à Aulnay 115 suppressions de postes (en plus des 165 qui ont déjà eu lieu). À Melun, 185 en moins avec licenciements secs si refus de mutation…
Pendant ce temps-là, les secrétaires généraux des différentes boutiques paradent dans les gazettes. « Le gouvernement tire la France vers le bas » déclare Chérèque (le secrétaire général de la CFDT) dans l’ex-quotidien de la rue de Lorraine. De telles déclarations suffiront-elles à un renouveau du syndicalisme en France ? On peut en douter.




1. Au contraire de bien des camarades qui, il y a plus de vingt ans, décédaient dans la première année de leur retraite. Des rotativistes de presse pour ne pas les nommer. Bien sûr, dans d’autres métiers ce n’était pas mieux.