Quelques sorties cinéma

mis en ligne le 6 octobre 2011
La Grotte des rêves perdus
La 3D est la technique qui permet de voir les coins et recoins de cet endroit exigu. On a l’impression de caresser les parois et l’on croit sentir sous nos doigts la nature de la surface qui paraît lisse et polie comme le marbre. La 3D permet de voir ces lieux de façon exceptionnelle et nous rend le relief inouï de ces murs recouverts de peintures palpables… Car il n’y a aucun mur droit, aucun chemin d’accès facile à arpenter. Il y a 420 peintures en tout. C’est le film de Werner Herzog qui a permis de les fixer sur un support qui rend tous les autres travaux possibles, à distance et sans abîmer la grotte. On pourra désormais répertorier ces clichés, les classer, reconnaître les espèces peintes, faire une autre grotte en fac-similé identique à la première. Et c’est le projet : dans trois ans, on pourra déambuler dans une grotte bis. Et tous pourront pénétrer dans cet espace si vulnérable et avoir l’illusion de se trouver dans une vraie grotte, c’est-à-dire, l’original. C’est à partir du film de Werner Herzog que ce projet fou a pu se concrétiser. Plus personne n’aura le droit de pénétrer à l’intérieur de la grotte Chauvet qui retrouvera son calme et son sommeil millénaire. Rappelons que même les scientifiques entraient dans la grotte seulement une heure par jour.
Autorisé à pénétrer dans la grotte Chauvet par le ministre de la Culture et l’équipe des scientifiques ayant investi les souterrains depuis sa découverte, qui avaient installé des passerelles et proposé une sorte de dédale qu’une seule personne peut emprunter à la fois, Herzog a filmé quatre heures par jour pendant six jours, entouré d’une équipe de trois personnes. Une demande de classer la grotte Chauvet au patrimoine de l’Unesco est en cours. Comme disent les historiens de l’art : la beauté des peintures, la finesse des traits posent la question des origines de l’art et ne nous permet plus de regarder les chasseurs du paléolithique de haut… Herzog dit encore aujourd’hui que l’impression qu’on reçoit de cette œuvre unique est « indescriptible, un choc complet et un miracle ». Grâce au filmage en 3D, nous possédons un relevé très précis des animaux de cette époque et des 420 peintures. Nous pénétrons, comme le dit Herzog bouleversé, « dans les ténèbres de 36 000 ans en arrière ».
La 3D semble être l’idéal pour magnifier la beauté de l’immobile. En voyant La Grotte des rêves perdus, on en est immédiatement convaincu. On rentre avec Herzog et ses torches dans un univers d’albâtre, recouvert de dessins au fuseau des hommes des cavernes. Et comme disait une historienne de l’art : « Cela nous fait reconsidérer complètement les origines de l’art ! »

La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli
La Guerre est déclarée est un film incroyable qui se déploie à un rythme effréné – de la rencontre amoureuse de Roméo et Juliette, naît l’enfant désiré, Adam – suit cette découverte terrifiante, il est malade, il faut l’opérer, et ce qui apparaît petit à petit et ce qui est encore plus effrayant : il faudra vivre cette épreuve ensemble et avec l’enfant pendant des années. Quand ils apprennent la terrible nouvelle, chacun réagit en fonction de son tempérament. La mère court, court, comme une folle et jusqu’à l’effondrement dans les couloirs vides et ripolinés de l’hôpital. Le père pousse un cri de bête, hurle et n’arrive pas à se calmer. Cette différence face à la douleur et la maladie se maintient à travers tout le film.
Peu de plages de silence et d’accalmie permettent de respirer dans ce film qui traduit si bien comment cette épreuve sur une durée inhumaine, à savoir plusieurs années, use leur amour, les sépare, les réunit, les sépare à nouveau. Car il aura fallu assurer la présence aux côtés de l’enfant qui lutte avec des médecins exceptionnels – le film le dit bien – pendant ce marathon pour gagner la vie et tenir à n’importe quel prix.
Des rêves, des cauchemars, des images de la chimie du cerveau, un montage parfois hystérique crée, certes, la diversion nécessaire pour venir à bout de cette épreuve. Il n’existe pour finir qu’une seule séquence calme et muette dans le film, qui exprime malgré tout et avec beaucoup de justesse l’épreuve à traverser : à l’hôpital, un bébé, un pansement sur la tête, regarde la télé et glousse de plaisir. à ses côtés, dans le même lit, sa mère, une jeune femme, s’est endormie, épuisée.
Les parents, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm, racontent ce qui est arrivé à leur fils. Scénaristes et acteurs, ils essaient de trouver une forme pour nous dire ce qu’ils ont vécu face à la maladie de leur fils, une tumeur maligne au cerveau.