Imprimerie Hélio Corbeil : 116 emplois menacés, à moins que l’autogestion ne pointe son nez

mis en ligne le 3 novembre 2011
L’imprimerie Hélio Corbeil a été créée en 1794. En 1899, 500 ouvriers font tourner l’imprimerie, déjà équipée de quatre presses rotatives en couleur, d’un atelier de brochage et de photogravure.
La première partie du XXe siècle a vu passer les plus gros titres de la presse nationale : Paris-Match, Elle, Art et décoration, Télé 7 jours, Confidences, Mickey.
En 1961, plus de 2 000 ouvriers fréquentent les différents ateliers de l’imprimerie, qui dispose notamment d’un centre d’apprentissage agréé par l’éducation nationale. Dans les années soixante-dix, l’imprimerie va subir de plein fouet la crise nationale de l’imprimerie orchestrée par de grands groupes financiers. Des quelques 1 900 employés en 1969, l’entreprise va perdre près de 900 emplois en 1979. En 1998, l’imprimerie corbeil-essennoise deviendra une filiale du groupe Hachette. Quebecor, le numéro un mondial de l’impression, a repris Hélio Corbeil au groupe Hachette, en signant un juteux contrat et s’est engagé à imprimer pendant dix ans l’éditeur Hachette. En contre-partie, Hachette versera 400 millions de dollars (environ 289 millions d’euros) pour ce service. Et de plan de licenciement en plan de licenciement (eux ils appellent ça des plans sociaux), on est passé de 1 000 employés en 1979 à 116 aujourd’hui.
Aujourd’hui, Quebecor – devenu Circle Printers – est en redressement judiciaire. Les 116 employés du site de Corbeil-Essonne sont menacés. L’audience du tribunal de commerce de Meaux, qui devait statuer sur sont sort le 6 octobre 2011, a donné vingt jours aux salariés de l’imprimerie pour présenter un dossier de reprise via une coopérative ouvrière de production (scop), proposée par la CGT.
Les salariés d’Hélio Corbeil, qui ont encore besoin de temps pour étudier la viabilité de leur projet de scop, souhaitent convaincre les juges de leur accorder un nouveau délai, et de convaincre les pouvoirs publics de racheter les terrains de l’imprimerie. La contribution pourrait alors être abordable pour les salariés de Corbeil.
Les critères que retiennent les juges pour valider ce projet sont la charge de travail, l’équilibre des comptes et l’existence de trésorerie. Selon les syndicats, seule la trésorerie pose problème, mais les éditeurs se sont engagés à réduire les délais de paiement, voire à leur accorder des avances.
Mais la spéculation immobilière pourrait contrecarrer le projet. Les terrains sur lesquels sont implantés l’imprimerie sont désormais la propriété des administrateurs judiciaires, et leurs valeurs représentent environ neuf millions d’euros. Et cela intéresse fortement la mairie de Corbeil. Affaire à suivre…

Jean-Louis, groupe Gaston-Leval de la Fédération anarchiste