Nouvelles des fronts

mis en ligne le 8 décembre 2011
1654ViveLaGreveNéocolonialisme et économie prédatrice, c’est ce qui avait été dénoncé en Guadeloupe contre la « profitation ». À Mayotte, même cause, mêmes effets, un mouvement radical de 44 jours contre la vie chère. Et ici on s’y met quand ? Indignés de la Défense, salariés précaires, population paupérisée, chômeurs tracés comme des poulets de batterie, tout y est. Alors encore un effort. Pendant ce temps-là les puissants, sous prétexte d’égalité de façade, prônent le retour de la blouse à l’école, voire de l’uniforme. Le retour des écoles caserne, marche au pas petit être. Bientôt, le retour du maniement du fusil à la récré, bientôt de nouveaux hussards noirs pour t’apprendre à reconquérir je ne sais quelle Alsace-Lorraine dans une guerre de tranchée économique dont le Capital a le secret. Plus que jamais indignation et désobéissance civile.
En attendant le cancer de la plèvre, les conducteurs de la ligne C du RER, après une grève reconductible, ont obtenu satisfaction, les cabines et les rames vont être désamiantées au plus grand profit, probablement, des désamianteurs comme à l’Université de Paris 6 et 7. SeaFrance, ça sent l’autogestion, la CFDT recracherait-elle son hostie réformiste… Pas si sûr, un grand patron serait pressenti pour piloter l’affaire, une drôle de coopérative où il est probable que ce ne sera pas « un homme, une voix » mais plutôt des voix en fonction des parts de capital… À suivre. Si je me trompe, on cassera une bouteille de champ’ sur la coque du navire autogestion !
PSA, 6 500 licenciements, mais jurés, pas un dans l’hexagone, tout au moins avant les élections, après, c’est une autre, ou plutôt toujours, la même histoire, les mêmes promesses. En attendant ce sont les voisins qui vont écoper. Idem chez Areva qui a du plomb dans l’uranium, on dégaze mais hors des frontières, 2 700 emplois à dépolluer. Dans les banques, on la joue plus direct, la Société générale va écrêter son effectif de plusieurs centaines d’emplois, le Crédit agricole s’y prépare, tout comme la BNP qui va jeter 1 400 loyaux collaborateurs dans les poubelles de la « crise » dont elle est, comme les autres, largement responsable… Les banques spéculent, le salarié passe à la caisse et à Pôle emploi. Pôle emploi dont la santé, elle aussi est précaire… stress et souffrance au travail y sont en effet devenus monnaie courante. Dans la Haute-Vienne se sont les jambons Madrange qui dégraissent à hauteur de 117 emplois, dans le Calvados, c’est Honeywell qui confirme, 300 normands au jus (de pomme) comme Nouvelles frontières qui saque 400 employés.
Sur le front des grèves, les salariés de McCain dans la Marne en lutte pour les salaires, ailleurs, on n’a pas la frite mais ça lutte toujours. Mouvement à RFI, demi-échec à Pôle emploi malgré la souffrance, bide à la SNCF pour la journée d’action européenne, grève invisible ou presque dans les boutiques France Télécom-Orange à Paris. Action à EasyJet et à Air-France-Corse où les CDI se mobilisent pour les CDD et afin de faire respecter un jugement prud’homal. Chroniques d’un pschitt annoncé, la journée intersyndicale de « protestation » du 13 décembre contre le plan Fillon ou encore la grève du 15 décembre dans l’Éducation nationale contre les nouvelles formes d’évaluation des enseignants. Protestation, c’est quoi, c’est nouveau ? Une nouvelle forme d’appel à surtout ne rien faire. Tous ensembles, tous ensembles ! Évident les uns le 13, les autres le 15… Tous ensembles mais surtout pas le même jour.
Ailleurs, les uns suppriment des emplois comme les 1 500 du Crédit suisse où en Irlande avec des milliers de fonctionnaires menacés de licenciements. Les autres luttent, grève générale en Israël contre la vie chère, grève de 30 000 métallos en Finlande pour les salaires, de 95 % des cheminots portugais contre l’austérité et les coupes budgétaires… En Angleterre, grève générale des fonctionnaires contre l’austérité, la baisse des pensions et des salaires. Chez les Hellènes, là encore nouvelle « grèce générale ». En Birmanie, suppression d’une loi de 1962 et rétablissement du droit de grève et de se syndiquer. Mais partout « la pauvreté des pauvres » s’accroît et les inégalités ne cessent d’augmenter. En France, le surendettement des ménages augmente de 8 % en un an, 500 000 ménages sont incapables de payer leur loyer et la queue aux restos du cœur s’allonge chaque jour (+ 25 %) Après le temps de l’indignation, il nous faudra songer au temps de la révolution.