Rap attitude

mis en ligne le 8 décembre 2011
« On a l’chômage, mais c’est pas ça qui nous fait rêver,
Ni être en charge des marges d’une entreprise privée. »

Ainsi commence le premier album de L’1consolable, qui rappe pourtant depuis dix-sept ans déjà. Il faut dire que, lorsqu’on aborde dans la musique des sujets aussi occultés que la critique du travail salarié, de la société de consommation et des normes sociales, on a des chances de ne pas trop être écouté.

« Patrick Le Lay n’a pas d’mal à s’regarder dans une glace. »
« J’laisse le taf à ceux qui ont tendance à s’ennuyer. »

Les vingt-quatre chansons du double album nous permettent de suivre l’artiste dans son délire pendant une journée entière : le matin passé à ne pas se lever pour aller bosser et l’après-midi à réveiller les consciences endormies de ses contemporains. Et des surprises de jaillir un peu partout au fil de l’album : par ici un extrait d’un film de Pierre Carles, par là un featuring avec Jean-Pierre Pernault, un peu plus loin la recette du cocktail Molotov, et là-bas une plage instrumentale pour se reposer de tant d’agitation politique. De Juste à cause du taf à Paf les chiens (de garde que dénonçait Halimi), tout y passe : patriotisme révérencieux (Sifflons, sifflons), brutalité policière, militaire, et sécuritaire (Far West), symboles de la société de consommation (Ode à l’incendie – des bagnoles), dénonciation du machisme latent (Modèles réduits), soumission d’une forme artistique qui se veut subversive au diktat de l’industrie musicale (Le Manège du Rap).

« Avec mes rimes, ils ne savent jamais sur quel pied bosser. »

Autoproduit grâce à un appel à soutiens sur ulule.com, auto-distribué, auto-enregistré… On ne peut guère faire un album plus autonome économiquement – à conditions que les auditeurs s’en emparent !


Gilou, groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste