L’intégrisme, au-delà du problème du voile

« FIS de la haine » (*)
Il est assez paradoxal de découvrir dans le Monde libertaire des articles prêtant aux anarchistes qu'ils pourraient être, à l'école ou ailleurs, les défenseurs de ces signes extérieurs des religions que sont le voile, la kippa, la croix ou les clochettes de quelques gourous inspirés…
Qui plus est, l'approche intellectuelle que nous y relevons et qui tend à mettre sur le même pied d'égalité, la liberté de quelques jeunes filles manipulées par des parents imbéciles et des imams obtus, et les libertés de nos amies beurettes et de leurs sœurs d'Afrique du Nord, du Soudan, du Pakistan, d'Inde, d'Afrique noire, écrasées par le poids d'une morale religieuse inquisitrice, est absolument inadmissible pour une esprit libertaire féru de justice.
Parlons net, le problème du voile est secondaire. Et force est de ne pas tomber dans un panneau qui consisterait à ne le considérer que sous un angle médiatique. Nous devons avant tout, et surtout, nous interroger sur sa dimension philosophique.
La question n'est pas en effet, aujourd'hui, face à la montée des intégrismes et de son corollaire, le nouvel ordre moral, de disserter sur la « liberté d'expression » que revendiquent à grands cris les gourous de ces mouvements quant il en est bien sûr de leurs intérêts stratégiques. Liberté d'expression nullement inscrite dans leurs principes moraux et foulée aux pieds dès l'instant suivant. La question est d'éradiquer purement et simplement cette montée avant qu'elle ne nous submerge, comme il en a été du fascisme en Allemagne dans les années 1930, puis sur quasiment toute l'Europe en 1940. Elle n'est pas ailleurs.
Notre rôle, c'est de nous battre contre toutes les religions, contre tous les totalitarismes, qu'ils soient politiques ou religieux. Devons-nous une fois de plus disserter du sexe des anges, alors que personne n'ignore qu'en Iran la liberté est bafouée, qu'en Algérie des hommes et des femmes sont assassinés chaque jour, et que demain, sans doute, la Kabylie sera à feu et à sang par la volonté de quelques imams gâteux, alliés du capitalisme international et plus particulièrement saoudien et américains...
Nos amis du Maghreb, qu'ils soient nés ici ou là-bas dans le pays de leurs parents, seront dans la rue le 3 décembre, afin de montrer par leur présence leur détermination à s'opposer à la montée de l'intégrisme islamique. Notre devoir d'anarchistes est d'y être aussi afin de donner une dimension plus large à ce sentiment de rejet.
Contre toutes les religions, contre tous les totalitarismes, qu'ils soient moraux ou économiques, contre le nouvel ordre mondial, voilà où est notre combat.

Groupe Henry Poulaille (Saint-Denis, 93)




(*) Titre emprunté à Rachid Boudjedra (éditions Folio).

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