De la nocivité de la croyance en Dieu en des temps de « révolutions arabes » vacillantes et du benoît urbi et orbi de Benoît-la-Dorure

mis en ligne le 16 février 2012
« Je voudrais, et ce sera le dernier et le plus ardent de mes souhaits, je voudrais que le dernier des rois fût étranglé avec les boyaux du dernier prêtre. » La galéjade prête souvent cette citation à Arlette Laguiller, « rois » étant alors remplacé par « patrons ». On la doit toutefois à Jean Meslier (1664-1729), dans son testament philosophique intitulé Mémoire 1. Meslier, curé de son état, fut à l’insu de tous, nonobstant sa soutane et son ministère, l’un des plus farouches adversaires de la foi et des religions. Ce n’est qu’à sa mort, et lors de la découverte de son ouvrage, que ses opinions se firent jour. Ce texte a connu bien des vicissitudes, à cause de son contenu subversif. Une édition abrégée fut établie par Voltaire, qui l’expurgea de passages par trop violents à l’encontre non seulement du clergé et de Dieu – Meslier est un matérialiste et un athée sans faille, Voltaire est déiste 2 –, mais aussi des bourgeois et des notables, autres destinataires de l’ire révolutionnaire de Meslier. Aussi, d’autres éditions proposent la version suivante du secret espoir de Meslier, l’athée magistral « rembuché dans sa campagne ardennaise 3 » : « Il serait juste que les grands de la terre et que tous les nobles fussent pendus et étranglés avec les boyaux des prêtres. » Quoi qu’il en soit, l’idée est la même… et l’idée est plaisante. Le dépit est qu’elle n’existe que dans le cerveau d’une petite minorité d’humains ; d’autant que parmi les athées, il en existe sans doute de nombreux qui se contenteraient d’un athéisme bourgeois qui abattrait certes Dieu et son industrie du rachat, mais sans guère attenter, en ses fondations mêmes, à la société de classes. Tandis que la requête de Meslier, et le « Ni dieu ni maître » des anarchistes, sont l’expression constitutive d’une partie conséquente du projet de monde auquel j’aspire.
Le constat est pénible pour les athées : la croyance en une entité surnaturelle aux pouvoirs prétendument illimités, à la bonté incommensurable et aux desseins insondables est prépondérante chez les humains, partout dans le monde. Des peuples se débarrassent de dictatures au Maghreb et au Levant et sans délai, une partie notable d’entre eux s’emparent du droit de voter nouvellement acquis pour élire les VRP de la multinationale Theos & Co, branche Islam for ever, sous-direction du Proche-Orient. Ces élus garantiront ordre moral et ordre économique. Ils feront s’agenouiller et se prosterner le peuple (qui, dans sa majorité, ne se fait pas prier pour s’avilir ainsi) devant le dictateur céleste et seront inflexibles quant au respect des sacro-saintes « lois » du marché : les dévots et le veau d’or capitaliste réunis dans les remugles de pseudo-révolutions que nous vîmes porteuses de trop d’espoirs pour que cela fût vrai, et qui ne sont que radotantes, tristes et vaines.
Quant à Benoît XVI – inaltérable héros de nos journalistes catho(l/d)iques, oublieux qu’ils sont de ce que le pape est, notamment, à la tête de la première multinationale pédophile –, l’année 2011 s’est achevée sans avoir eu le plaisir de le voir calancher et d’assister à une mise en bière allemande. Nul doute que son trépas sera accompagné des mêmes flots de larmes que ceux qui jaillirent à la mort de Kim Jong-il, les ors du Saint-Siège en plus. Dans son message urbi et orbi de ce Noël 2011, le christicole en chef – c’est ainsi que Meslier désigne péjorativement les adorateurs du Christ – s’adressant à ses papicoles (adorateurs du pape) amassés, enjoint à cette troupe d’un milliard de soumis d’écouter encore et encore son vieux disque rayé : « Veni ad salvandum nos ! Viens nous sauver ! C’est le cri de l’homme de tous les temps, qui se sent incapable de surmonter tout seul difficultés et périls. Il a besoin de mettre sa main dans une main plus grande et plus forte, une main qui de là-haut se tende vers lui. Chers frères et sœurs, cette main c’est le Christ […]. Il est le médecin, nous sommes les malades. Le reconnaître est le premier pas vers le salut, vers la sortie du labyrinthe dans lequel nous nous enfermons nous-mêmes par notre orgueil4. […] Ensemble, invoquons l’aide divine pour les populations de la Corne de l’Afrique qui souffrent de la faim et de la famine, souvent aggravées par une situation persistante d’insécurité. […] Puisse le Seigneur donner du réconfort aux populations de l’Asie du Sud-Est, particulièrement de la Thaïlande et des Philippines, qui sont encore dans de graves situations de souffrance à cause des récentes inondations […]. »
B16 n’a pas pensé à évoquer la fin de la guerre des Américains en Irak, qui a coûté 4 000 milliards de dollars 5, dollars sur lesquels on lit « In God We Trust » ; les soldats US balançaient des bombes sans doute bénies par des aumôniers, tandis que les Irakiens leur balançaient leurs propres munitions au nom d’Allah. C’est la ritournelle grotesque d’un monde aux mains des illuminés… Et B16, avec une ingénuité aussi crédible que celle d’un trader de Wall Street, « invoque l’aide divine » pour sauver des millions d’Africains de la famine. N’est-il pas tentant, face à cette crapulerie morale et intellectuelle, de quérir la solution de Meslier et de tirer les premiers boyaux pour endiguer ce déluge de paroles insanes ?

« Athée-vous ! »
Depuis toujours, les humains consolident sans questionnements fatals leur croyance en un Dieu omniscient, créateur de tout, décideur du destin du cosmos et de nos infimes existences. Nous faisons face à une énigme anthropologique fondamentale : celle de l’attachement inexpugnable des humains à l’idée de Dieu et, corrélativement, de la situation atone de l’irréligion. Dans un tel article, il n’est pas possible de traiter véritablement cette question. En revanche, on y fera quelques remarques minimales, sans lesquelles la critique de l’idée de Dieu et le constat du danger d’une telle croyance pour notre quiétude vitale et notre désaliénation seraient inenvisageables.
La critique des religions – quant à leur socle métaphysique et éthique, et non pas dans leurs manifestations folkloriques aisément sujettes à moquerie – est malheureusement assez inaudible dans notre pays 6, en ce que la majorité de ses habitants pense qu’il s’agit d’une affaire intime (entre soi et « Dieu »), que la loi de 1905 protège des intrusions religieuses dans nos vies et que les conceptions métaphysiques inhérentes à la croyance en Dieu sont des idées légitimes. Penser ainsi, c’est avoir une vision restreinte de la nocivité de la religion, en ne la concevant que du point de vue de la France, pays (encore) relativement protégé. Or, dans le monde, le rapport croyants/athées est massivement en défaveur de ces derniers. Il est donc « normal » du point de vue des manipulateurs d’idées qui possèdent le pouvoir médiatique que l’athéisme soit tenu sous la ligne de visibilité des grandes conceptions du monde et des « alter-spiritualités » qui font florès en Occident. (Hormis via Michel Onfray, l’athéisme est totalement absent des médias à grande audience.) Cette suspicion ou cette indifférence condescendante à l’égard de l’athéisme sont révoltantes, car elles évacuent à dessein ce qui en fait le système de nature – pour reprendre un terme du siècle des Lumières, âge d’or de l’athéisme – le plus adapté pour comprendre le monde et tenter de le rendre le plus vivable possible, ici et maintenant et non pas dans un outre-monde féérique sans aucune crédibilité. En un mot, et bien qu’il puisse exister un athéisme de droite (toutes les chimères sont possibles dans le monde des idées), l’athéisme est une pensée révolutionnaire, dans son projet d’éradication assumée de la tutelle d’un Dieu qui ordonne, au sens militaire du terme et au sens de l’ordre auquel il n’est pas autorisé de déroger. Dans la recension citée note 3, l’auteur résume admirablement la trame argumentative du vaste traité d’athéisme de Jean Meslier : « Toute l’œuvre de critique politique et sociale de Meslier est subordonnée à la critique nécessaire de la religion, qui est inséparable de la critique de la métaphysique dont s’alimente la religion. » Convenons au moins qu’il s’agit là d’une source de réflexion devant être pleinement ravivée. En effet, ce raisonnement renverse, par anticipation, le schéma classique que le XIXe siècle mettra en place au sujet de la religion : la critique de la religion est subordonnée à la critique du pouvoir économique, lequel est premier et détermine le devenir des affiliations religieuses et des dévotions, permettant ainsi les dérives que l’on peut connaître, quand on est sommés par un certain gauchisme frelaté d’admettre que parfois, dialectiquement, la religion, fût-elle excessive, est un mal nécessaire à partir du moment où primo, elle n’a pour origine unique que l’intention d’un pouvoir occulte (le capitalisme, ici totalement hypostasié) chargé de manipuler les masses – ce qui exonère les religions de leurs responsabilités ultimes – ; et où, secundo, elle est susceptible d’édifier un rempart contre le déferlement du libéralisme économique tout en assurant un rôle de protection sociale là où les États abandonnent les peuples paupérisés. C’est d’un Meslier de notre temps dont nous avons besoin, pas d’une fable remplaçant une autre fable…
Mais en France, l’athéisme est coi, tenu à l’écart, confiné à quelques associations qui s’échinent à se faire entendre. En vain. C’est que l’athéisme est perçu comme un jusqu’au-boutisme, une outrance, là où il faudrait le comprendre comme la réponse proportionnée à la déraison suprême des monothéismes. Nous nous trouvons en 2012 comme en 1770 : « L’athéisme […] semble alarmer les personnes mêmes les plus dégagées de préjugés. Elles trouvent l’intervalle trop grand entre la superstition vulgaire et l’irréligion absolue : elles croient prendre un sage milieu en composant avec l’erreur ; elles rejettent les conséquences en admettant le principe ; elles conservent le fantôme, sans prévoir que tôt ou tard il doit produire les mêmes effets et faire de proche en proche éclore les mêmes folies dans les têtes humaines. […] Tant que le sacerdoce aura le droit d’infecter la jeunesse, de l’habituer à trembler devant des mots, d’alarmer les nations au nom d’un dieu terrible, le fanatisme sera le maître des esprits. » Ainsi s’exprime à la fin du XVIIIe siècle le philosophe des Lumières Paul-Henri Thiry d’Holbach, dans son Système de la nature. L’homme est l’un des plus féroces – et quelle belle et judicieuse férocité que celle-là – contempteurs de la religion, de toutes les religions. Son œuvre foisonne d’outils de pensée et de moyens de défense pour notre temps. Malheureusement, ainsi que me le rapportent des amis professeurs de philosophie dans le secondaire et spécialistes du matérialisme de cette époque, il est encore décrit comme un homme dangereusement téméraire, dont les œuvres sont à prendre avec des pincettes. Et le d’Holbach des Lumières reste dans l’ombre…

Athée-mi
L’athéisme rejette notamment l’idée, inhérente à celle de Dieu, selon laquelle les humains possèdent une âme immortelle. La science s’est débarrassée de la notion d’âme, qui ne correspond à rien qui serait connaissable, expérimentable, démontrable. Alors dire de quelque chose qu’on ne peut pas objectiver que cette chose, de surcroît, est immortelle, voilà qui excède de très loin le sacrifice de la raison que voudrait consentir un humain débarrassé des chaînes mentales avec lesquelles la religion veut le retenir. De même, il est inhérent à la croyance en Dieu qu’il existe pour nous, ses créatures, un paradis et un enfer. Outre la sottise de cette croyance, il y a là une idée extrêmement dangereuse en ce qu’elle instaure la torture – infinie – comme moyen de punir. Le Dieu des croyants de toutes chapelles – qu’il ne faut surtout pas choquer par nos propos blasphématoires, d’après une pesante doxa bienpensante – est en dernière analyse un psychopathe, un Gilles de Rais à l’échelle de l’univers. Les adeptes de l’Insanatorium des Cieux nous admonestent et réclament respect et discrétion : soyez athées, mais fermez-là !
À l’issue d’un débat faisant suite à une conférence que j’ai donnée en septembre 2011 à Lons-le-Saunier à l’invitation de l’Association des libres penseurs de France (section jurassienne), un pasteur protestant, fort sympathique au demeurant, est venu me parler de l’Évangile, de la grandeur de ce texte sublime qu’il ne faut pas confondre avec les affres de la religion en tant qu’institution humaine, nécessairement défaillante, voire cruelle, puisque humaine 7. Il m’assura – faut-il être sacrément cauteleux – qu’il était d’accord avec presque tout mon exposé. Or j’avais été, bien entendu, d’une extrême sévérité à l’encontre des religions, de leurs servants et des croyants, et contre l’idée abjecte de la justification théologique de la présence du mal dans un monde censément gouverné par un Dieu infiniment bon et puissant. Tendant la joue gauche, il évoqua l’argument classique des théologiens pour « expliquer » la présence du mal, à savoir le libre arbitre donné aux Hommes par Dieu 8. En soi l’argument s’avère éminemment critiquable, de plus il est totalement vain et scandaleux quand on précise que la liberté humaine n’est aucunement en cause lors de catastrophes naturelles qui déciment les populations, sans, bien entendu, qu’il s’agisse là d’un choix de leur part (voir ci-dessus le scandale de la déclaration de B16, dans laquelle il appelle les humains à régler les dégâts des désastres en grande partie naturels, alors que la vraie et seule question est celle de la raison de ces catastrophes naturelles en termes de dessein divin…). De même, l’assassinat d’un bébé, par nature innocent et incapable de libre décision, est inexplicable par les théologiens, car cela veut dire que Dieu ne prend jamais le pouvoir sur la liberté de l’assassin pour arrêter son geste fatal. De cela, le pasteur au sourire figé ne voulut pas parler. Et je le comprends car c’était tout simplement impossible pour lui : tout religieux qui refuserait le libre arbitre (au sens théologique) serait obligé, sauf fanatisme absolu, de convertir sa foi en un scepticisme délétère pour les dogmes de son Église 9. Alors, tant que les religieux ne se tairont pas et prétendront être les détenteurs des instruments de la morale et du vivre-ensemble, ainsi que les interprètes des finalités divines, alors même que leur idéologie fait, par exemple – mais quel exemple –, du génocide des Juifs l’indice d’un Dieu incompétent incapable de contrer la fureur nazie, ou la marque d’un Dieu vengeur (outragé par ses créatures, il les fait exterminer), il faudra que les athées se lèvent et réclament que des tribunaux de la raison les contraignent à cesser leur prosélytisme odieux, et peut-être, pourquoi pas, que des bras armés les incitent à ce silence salutaire.

Athées de tous les pays…
Croire en Dieu, c’est un blanc-seing apposé au bas d’une page vierge confiée aux aléas du destin. C’est un peu croire que l’on peut sauter du haut d’une falaise et qu’un miracle empêchera la chute funeste. Personne ne fait jamais cela, pourtant l’humanité presque entière tend vers le ciel une page blanche déjà signée de la main de Dieu. L’on me rétorquera que les desseins de Dieu étant impénétrables, il serait dangereux, pour celui qui voudrait tenter l’expérience de la chute, de penser que la miséricorde divine viendrait à bout de la gravitation. Reste que l’argument sceptique de l’athée est imparable : comment un Dieu si bon et si puissant a-t-il créé un monde dans lequel tout ou presque est source de danger ? Comment rendre compatible ces constats avec la description d’un Dieu législateur suprême du cosmos ? Comment croire à une telle débauche de moyens (la création de l’univers, avec ses milliards de milliards d’étoiles, voire, si l’on accorde créance aux plus spéculatives des théories cosmologiques, avec une infinité d’univers) pour aboutir à une planète somme toute dérisoire, en proie aux séismes, au raz-de-marée, aux chutes d’astéroïdes, aux épidémies les plus horribles, j’en passe et des pires, phénomènes en rien redevables du fameux libre arbitre dont serait doté l’Homme par la sublime volonté de ce créateur ? Quel est donc ce Dieu impitoyable ou dérisoire qu’il faudrait vénérer ? En 1935, le logicien et philosophe Bertrand Russell (1872-1970), dans son fulgurant livre Science et religion, résume ainsi cette idée : « N’y a-t-il pas quelque chose d’un peu absurde dans le spectacle d’êtres humains qui tiennent devant eux un miroir et qui pensent que ce qu’ils y voient est tellement excellent que cela prouve qu’il doit y avoir une Intention Cosmique qui, depuis toujours, visait ce but… Si j’étais tout-puissant et si je disposais de millions d’années pour me livrer à des expériences, dont le résultat final serait l’Homme, je ne considérerais pas que j’aurais beaucoup de raisons de me vanter. »
Au-delà de la critique de ces aberrations, ce que conteste en premier lieu l’athéisme, c’est la structure de pouvoir intrinsèque à la croyance en un Dieu créateur : il est le maître du monde et des créatures, et celles-ci lui doivent obéissance. L’athéisme est avant tout un refus de ce putsch permanent de Dieu et de ses troupes – le clergé – lorsqu’ils font des humains des sujets, des dévots, des serviteurs, des pions voués à l’adulation, espérant miracles et miséricorde. La liberté – nonobstant mon adhésion à la thèse spinoziste à son sujet (voir note 9) – n’est pas un don du ciel, c’est une convention, un contrat et la construction perpétuelle de nos rapports les uns avec les autres. C’est en vertu de cette idée d’une liberté à concevoir et à consolider au sein de la communauté des Hommes, et non dans un rapport de soumission à un maître à l’humeur chaotique, que cette devise se doit d’être clamée en tous lieux et sans autre répit que son avènement : « Ni dieu ni maître ».
Tout cela me fait penser que la conception de la religion comme opium du peuple est peut-être à prendre en un sens premier. Pour qu’une telle souffrance – celle ne n’être jamais entendu de celui qu’on implore – et une telle addiction soient ainsi acceptées et conçues comme les valeurs les plus estimables qui soient, il faut qu’elles procurent un avantage psychique majeur, quoique irrationnel. Notre capacité à accepter les idées irrationnelles en dépit du poids de la preuve empirique de leur inefficacité, voire de leur dangerosité, est un trait de la nature humaine. C’est pourquoi le combat des athées et des libres penseurs est si difficile… et qu’il doit être poursuivi sans relâche.






1. Titre abrégé. Le titre complet, et éloquent, est : Mémoire des pensées et sentiments de Jean Meslier, prêtre-curé d’Etrépigny et de Balaives, sur une partie des erreurs et des abus de la conduite et du gouvernement des hommes, où l’on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les religions du monde, pour être adressé à ses paroissiens après sa mort et pour leur servir de témoignage de vérité à eux et à tous leurs semblables. (Mémoire est indûment connu sous le titre de Testament.)
2. Doctrine qu’il résume remarquablement : « L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger. »
3. Comme le dit Jean-Pierre Deschepper dans une recension des œuvres complètes de Meslier (Revue philosophique de Louvain, 69 (2), 1971), pour faire comprendre la situation de Meslier, « sans lien avec aucun des foyers de pensée de son époque, ne comptant que sur son raisonnement, ses souvenirs d’étude et quelques livres », et dans l’impossibilité de rendre publiques ses opinions impies.
4. Amour divin : « C’est l’attachement sincère que tout bon chrétien, sous peine d’être damné, doit avoir pour un être inconnu, que les théologiens ont rendu le plus méchant qu’ils ont pu, pour exercer sa foi. L’amour de Dieu est une dette, nous lui devons surtout beaucoup pour nous avoir donné de la théologie » (d’Holbach, Théologie portative, ou Dictionnaire abrégé de la religion chrétienne, 1768).
5. En 2008, l’estimation était de 3 000 milliards. À l’époque, dans un livre intitulé The Three Trillion Dollar War : The True Cost of the Iraq Conflict, les économistes Joseph Stiglitz et Linda Bilmes estiment que cette somme aurait pu financer la construction de 8 millions de logements, le recrutement de 15 millions de professeurs, les soins de 530 millions d’enfants, des bourses d’études pour 43 millions d’étudiants, offrir une couverture sociale aux Américains pendant cinquante ans.
6. Je ne parle évidemment pas ici des attaques à caractère politique et idéologique que subit l’islam de la part de l’UMP et du FN ; ce sont des partis d’essence chrétienne, soucieux de défendre une religion contre une autre.
7. Évangile : « Signifie bonne nouvelle. La bonne nouvelle que l’évangile des chrétiens est venu leur annoncer, c’est que leur dieu est très colère, qu’il destine le plus grand nombre d’entre eux à des flammes éternelles, que leur bonheur dépend de leur sainte bêtise, de leur sainte crédulité, de leur sainte déraison, du mal qu’ils se feront, de leur haine pour eux-mêmes, de leurs opinions inintelligibles, de leur zèle, de leur antipathie pour tous ceux qui ne penseront ou qui ne feront pas comme eux. Telles sont les nouvelles intéressantes que la divinité, par une tendresse spéciale, est venue annoncer à la terre ; elles ont tellement égayé le genre humain que depuis l’arrivée du courrier qui est venu les apporter de là-haut, il n’a fait que trembler, que pleurer, que se quereller et se battre » (d’Holbach, Théologie portative).
8. Libre arbitre : « L’homme est libre, sans cela ses prêtres ne pourraient point le damner. Le libre arbitre est un petit présent dont par une faveur distinguée Dieu gratifie l’espèce humaine ; à l’aide de ce libre arbitre nous jouissons par dessus les autres animaux et les plantes de la faculté de pouvoir nous perdre pour toujours, quand notre libre arbitre n’est point d’accord avec les volontés du tout-puissant ; celui-ci a pour lors le plaisir de punir ceux qu’il a laissés libres de le faire enrager » (d’Holbach, Théologie portative).
9. La récusation du libre arbitre ne règle par pour autant la question de l’existence de cette notion vague, cependant indispensable, que l’on appelle liberté. Certes il s’agit-là d’un débat qu’il faudrait développer davantage, mais rien n’empêche de penser à l’instar de Spinoza que « les hommes se trompent quand ils se croient libres ; cette opinion consiste en cela seul qu’ils sont conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés » (Éthique, 1661-1675).



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


marie-claude leloire

le 1 mai 2012
Toutes les difficultés à nous faire entendre ne nous feront pas taire !
ni dieux, ni maîtres seule notre "grandeur" d'homme à se faire ...

Reivax

le 10 mai 2012
Bien que non-croyant, je crois que vous avez tort de jeter Dieu et les fous qui s'en réclament dans les mêmes orties ... Lisez donc les évangiles, vous verrez que l'idéologie de Jésus est une sorte de proto-anarchisme ... En particulier les chapitres 2 et 4 des actes des apôtres ...

Et je le répète je ne suis pas croyant, je ne cherche pas à faire de prosélytisme, simplement à montrer que de même que le communisme s'est fourvoyé avec le Stalinisme, le christianisme primitif, très égalitaire, pacifiste et critique à l'égard du pouvoir impérial, s'est corrompu en s'institutionnalisant lorsqu'il est devenu religion officielle de l'empire romain.

Je crois sincèrement que vous cultivez à l'égard de la religion chrétienne une haine mêlée d'ignorance qui n'a rien a envié à l'islamophobie du FN.

Marc S

le 12 mai 2012
Réponse à Reivax :
Le tour de passe-passe rhétorique consistant à se ranger du côté de celui qu’on attaque pour mieux l’attaquer – ici, se présenter comme non-croyant, tout comme l’auteur de l’article qu’on vilipende, mais en le traitant d'ignorant (sans doute pour mieux masquer sa propre nullité argumentative) – est un procédé courant, à la malhonnêteté patente, qui ne trompe que les idiots ; procédé somme toute tellement grotesque qu’il n’y aurait pas de quoi répondre à ce billet dénonciateur (lequel d’ailleurs ne comporte aucun argument décisif…). Quant à faire du christianisme primitif un proto-anarchisme, on atteint là des sommets de niaiserie (encore un tour de passe-passe, tout comme celui consistant à dire que je pourfends le christianisme alors que je parle des trois monothéismes...). En revanche, ce qui est abject dans ces lignes pathétiques, c’est l’assimilation de mes propos à la xénophobie et au racisme du FN, tels qu’ils se cristallisent dans leur dénonciation de l’islam, non en tant que religion, mais en tant que "force d’invasion" (dixit les idéologues du FN). Ne pas comprendre cela, ou faire semblant, c’est l’indice d’une grande sottise, ou d'une malhonnêteté intellectuelle encore plus grande ; en faire la ligne d’une attaque contre toute ma démonstration visant toutes les religions, c’est une crapulerie sans nom, digne des officines cathos comme Civitas… Et pourquoi pas me traiter d’antisémite pendant que tu y es ? ! Bref, ma conclusion est que seul le mépris le plus total peut adéquatement répondre à de telles dégueulasseries.