Nouvelles du front social

mis en ligne le 23 février 2012
Dégage ! Enfin Thibault va passer la main après avoir largement contribué à recentrer la CGT. Finira-t-il comme l’ex-tsarine Notat de la CFDT à la tête d’une agence de notation sociale financée par les grands groupes industriels ? Probablement pas, ou pour le moins souhaitons-le-lui, il y va de l’honneur, ou ce qu’il en reste, du syndicalisme. On regrettera toutefois qu’il dégage de son plein gré, et non du fait de la colère des syndiqués outragés par son réformisme plat et son refus d’engager la CGT frontalement dans la lutte sociale, en particulier lors de la dernière réforme des retraites imposée par Fillon. Quant à François Hollande, il promet de beaux jours à la génération précaire en lui proposant, sans rire, non pas de « changer la vie », mais de signer un contrat de génération, en bref le retour des TUC (travaux d’utilité collective) et autres emplois jeunes… Une vieille recette « antichômage » avec une nouvelle sauce. En attendant TVA antisociale et obligation de formation et de travail, en d’autres termes, la misère et le « STO » pour ces profiteurs de chômeurs.
Sur le front, grévette revendicative à l’éducation nationale contre la suppression des Rased et contre la nouvelle notation des profs qui ne se gênent pas pour le faire brutalement dans leurs propres classes où cela leur paraît une pratique légitime. Une belle occasion de soulever la fonction sociale de l’évaluation mais, semble-t-il, une occasion manquée. Grève plutôt dure à la Comédie-Française contre l’inégalité de traitement entre techniciens et comédiens. Une inégalité qui date du temps de Molière, la belle affaire pour en légitimer le maintien. Grève des contrôleurs aériens à Lille, des marins de la SNCM et la CMN à Marseille pour défendre l’emploi, grève des inspecteurs du travail, victimes, eux aussi, de souffrances ayant entraîné deux suicides. Harcèlement et conditions d’emploi déplorables aussi au CHR de Lille ayant poussé quatre personnes au suicide. Grève dans les transports aériens renouvelable face aux menaces qui pèsent sur le droit de grève et la remise en cause de la convention collective à Air France. Encore et toujours le coup du service minimum, celui qui vise à rendre les grèves gérables par les employeurs, jusqu’au jour où la grève devient sauvage !
Lejaby : 93 emplois sauvés en Auvergne par un riche ami du président, 135 sacrifiés à Rillieux-la-Pape, dans le Rhône, deux poids et deux mesures et un siège de député à préparer pour un ministre en fin de règne. À Photowatt (panneaux solaires) en Isère, Proglio – encore un généreux acheteur et grand ami du président – rachète la taule avec le pognon d’EDF : 430 têtes de bétail épargnées. Qu’en sera-t-il des 600 prolos de Rio Tinto de Saint-Jean-de-Maurienne (74) ? Pétroplus : raffineries cherchent aussi un repreneur, la magie présidentielle fonctionnera-t-elle cette fois encore pour 600 emplois ? Pour les autres, que fait Sarko, 400 postes menacés à la Fnac, 250 à la Redoute après les 700 de 2008. Et que proposera-t-il aux 430 salariés virés de Cofinoga qui ne fait plus crédit, aux 1 600 de la Sernam, aux 484 de TUI (Nouvelles Frontières), aux employés des 3 Suisses menacés, aux 20 000 ouvriers de PSA au chômage technique en mars et aux quelques centaines d’autres de Renault Sandouville ? Que font ses riches amis, ils banquettent au Fouquet’s ? Mauvaise nouvelle aussi à RFI, le projet de fusion a été entériné, 120 départs involontaires programmés, et le président est sans voix. Quant aux métallos de Florange (Moselle), ils promettent d’être le cauchemar de la campagne et de licencier les patrons : pas chiche !
Pour Sarko et ses protecteurs, du taf aussi hors des frontières : 7 300 postes supprimés chez Astrazeneca (laboratoire), 3 500 à la Bank of Scotland, 10 000 sacrifiés chez NEC dont 7 000 au Japon, 600 chez Foxconn (télé) en Slovaquie. Quant à ceux de chez Kodak qui vient de déposer le bilan, on verra plus tard pour le nombre, forcément en négatif. Royaume-Uni, bonne gestion patronale, deux milliards d’heures supplémentaires non payées, soit un million d’emplois à plein temps économisés : chapeau bas. Pakistan, un bagne industriel s’écroule sur les travailleurs, 20 morts ; Méditerranée, traversée de la misère, 1 500 morts en 2011.
Quant à l’Europe, tout fout le camp, 5 millions de chômeurs en Espagne où la misère reprend du poil de la bête, 1 million de sans-emploi en Grèce où alternent grève générale et plan d’austérité (20 à 30 % de baisse des salaires et des pensions de retraite, 15 000 fonctionnaires en moins et 40 immeubles brûlés). Grève générale et manifestation en Roumanie pour des raisons du même tonneau, grève générale en Belgique contre l’austérité. En France, 30 000 chômeurs de plus en décembre, 4,5 millions au total, et une petite journée sans action pour la justice sociale (sic) appelée par cinq confédérations le 29 février. Journées éclatées, grève générale ici et là… À quand une grève générale reconductible en Europe ? Tous ensemble, tous ensemble !