Sidérurgistes, postiers, la lutte des classes continue

mis en ligne le 22 mars 2012
Ça y est, le social ne fait plus la une des médias. Oublié Arcelor-Mittal, oublié Pétroplus. Désormais, il n’est plus question que des élections, des sondages, des petites phrases et des coups d’éclat des candidats aux élections. Le social aura intéressé trois semaines, voire un mois, et il faut passer à autre chose. Le spectacle continue.
Pourtant, outre les destructions d’emplois, les luttes se poursuivent, comme à la Fonderie du Poitou.
Actuellement, les salariés de Pétroplus attendent toujours les financements promis pour les travaux de remise en route des installations (et ce, seulement pour six mois). En ce qui concerne les salariés d’Arcelor-Mittal, les promesses tenues par Sarkozy ne font pas leurs affaires, d’autant qu’en matière de promesses non tenues les sidérurgistes ont déjà donné. Le chef de l’État a assuré que le deuxième haut-fourneau du site repartirait au deuxième semestre 2012…
Mais personne n’y croit. Les 17 millions promis seront investis dans des travaux déjà prévus. Si on en voit la couleur ! Comme disait un salarié : « C’est du pipi de chat. » La direction d’Arcelor-Mittal a d’ailleurs tout de suite tempéré ces propos, conditionnant l’éventuel redémarrage des hauts-fourneaux à la reprise économique. « C’est ce qu’ils nous disent depuis six mois. Si Mittal veut fermer définitivement les hauts-fourneaux, comme à Liège et à Madrid, qu’il nous le dise au lieu de nous faire tourner en bourrique ! Tout ça, c’est de la gesticulation politique pour tenir jusqu’à l’élection présidentielle. »
Du coup, les sidérurgistes se sont invités à Paris le 15 mars dernier avec pour objectif de se rendre au QG de campagne de Nicolas Sarkozy et d’installer une banderole sur la Tour Eiffel. En réaction, Sarkozy a promis de recevoir les syndicats d’Arcelor-Mittal de Florange (pas demandeurs), mais seulement lundi 19 mars à l’Élysée. Si le président-candidat espérait désamorcer l’opération parisienne des syndicalistes florangeois, c’est raté. Les salariés se souviennent que les syndicalistes de Gandrange avaient, eux aussi, en 2008, été reçus à l’Élysée, pour des promesses non tenues. Ayant été accueillis par les flics et après s’être fait gazer, ce 15 mars, les sidérurgistes ont décidé de ne pas rencontrer Sarkozy.

Autre front de combat, celui des postiers
Depuis quelques années, l’obsession des directions de La Poste est de réorganiser les services. Comme le dit Sud-PTT : « Les conséquences sont désastreuses pour le service public avec la réduction des horaires d’ouverture ou les transformations en agences postales communales et relais poste commerçants. Pour La Poste, même l’accès des usagers à du personnel postier devient difficile. Il faut envoyer les usagers vers les automates, de la sorte, on fait pression sur les postiers pour qu’ils suppriment leur propre emploi. Pour nos dirigeants, les automates sont simplement des gisements de productivité. »
Cette restructuration, dégradant jour après jour les conditions de travail, instaure un mal-être au travail. Modifications d’horaires imposées, réorganisation tous les six mois, journées ou demi-journées de repos déplacées au gré des besoins, déplacements plus fréquents et plus longs, charge de travail identique mais traitée avec moins d’agents… la liste est longue pour transformer La Poste en diverses structures en voie de privatisation.
Il y a deux ans déjà, le syndicat des médecins de prévention de La Poste avait tiré le signal d’alarme à propos de ce mal-être qui touche toutes les catégories de personnel, du facteur au cadre. Le nombre d’arrêts maladie est en augmentation (22 jours par an et par agent) et surtout les suicides se sont multipliés ces derniers mois : au centre financier de Paris, à Bar-le-Duc, Mâcon, Saint-Étienne-du-Rouvray, dans les Alpes de Haute-Provence, jusqu’à ces dernières semaines, à Rennes, où un jeune cadre de 28 ans s’est défenestré, laissant une lettre mettant en cause l’organisation du travail, et dans le Finistère où un cadre en arrêt pour dépression s’est pendu le week-end à l’intérieur de la plateforme de tri.
D’autres réagissent autrement, comme ce facteur qui s’est pointé armé dans les bureaux de sa direction.
En tout état de cause, la situation est grave et ressemble à celle qu’a connue France Télécom.
C’est pour ces raisons qu’une première journée de grève était appelée ce même 15 mars…
D’autres initiatives sont en route pour que les salariés puissent se faire entendre pendant cette période électorale et sans illusions quant à l’issue du scrutin, comme cette action dans le secteur industriel ce 22 mars. Comme quoi rien n’est perdu. Reste à faire converger tous ces mouvements. À suivre, évidemment.