Météo syndicale

mis en ligne le 22 mars 2012
Dans le fracas médiatique actuel, il n’y a pas beaucoup de place pour le syndicalisme. Dans la métallurgie comme ailleurs, il y a eu beaucoup de promesses et pas des moindres. Ajoutez à cela les réunions de couloirs entre dirigeants politiques et des « partenaires sociaux », et vous aurez la toile de fond. Jeudi dernier, des syndicalistes sidérurgistes d’ArcelorMittal avaient l’intention de se montrer dans la capitale… La suite leur prouva que les promesses électorales ne valent pas mieux que les effets d’annonce. Pour faire court, on reprendra ce que disait le responsable CFDT de Florange en Moselle : « Le candidat du peuple accueille le peuple avec des CRS. » CFDT, CGT et FO devaient aller voir Nicolas Sarkozy à l’Élysée lundi dernier, mais la mise en bouche de jeudi leur a suffi. « Les syndicalistes devraient défendre les salariés, pas faire de la politique », a déclaré le locataire actuel de l’Élysée…
Loin des « turbulences » de l’après-68, nous assistons, en Moselle, à un exemple atypique du syndicalisme CFDT du XXIe siècle. En effet, Édouard Martin, d’origine andalouse, « incarne le combat des sidérurgistes de Florange contre la liquidation programmée par Mittal ». On cherche en vain des critiques qui viendraient du siège de la confédération à Belleville. La bride sur le cou ? « Florange va devenir le cauchemar du gouvernement » ; cette expression serait de lui. « Bête de scène », « Dort souvent sur les piquets de grève », « A toutes les qualités pour faire un excellent homme politique », voilà un florilège de ce qu’on peut entendre de ses camarades de l’Intersyndicale. On espère qu’il ne se limitera pas, dans le futur, à redorer le blason du Parti socialiste.
« J’ai demandé au gouvernement de faire preuve d’une mobilisation exemplaire pour assurer l’avenir industriel de la Fonderie du Poitou Aluminium », avait déclaré le président de la République. En lutte depuis l’été 2011, 350 salariés de la fonderie d’Ingrandes dans la Vienne étaient, la semaine dernière, devant le tribunal de commerce de Nanterre. Pour l’intersyndicale (CGT, CFE-CGC et FO), la solution serait la réintégration au sein du groupe Renault. Le tribunal de commerce a prolongé la « période d’observation » jusqu’au 11 avril. À cette date, les offres des candidats à la reprise seront examinées. Qui pourrait faire pression sur Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan ? Comme dirait l’autre, poser la question c’est y répondre ! Mais avec les mots d’ordre de « ré-industrialisation » de la France on s’enlise encore plus dans le syndicalisme d’accompagnement. Faudrait inverser la tendance. Après la fièvre électorale ?

Ornithorynque en chaleur