Nouvelles des fronts

mis en ligne le 5 avril 2012
Mois de la voyoucratie patronale : Ikea flique son personnel et ses clients, Michelin fraude la sécu en camouflant les accidents du travail, Air Méditerranée délocalise et propose à ses salariés d’aller travailler en Grèce pour 900 euros par mois. Le patron de l’hôtel Mariotte, qui va fermer deux ans pour travaux, promet un accompagnement aux 365 membres du personnel, probablement vers la porte. Que fait Sarko dont le bistrot préféré a été occupé par une bande de désœuvrés et de lève-tard ? La Poste, malgré trois suicides en trois mois, refuse de renégocier son plan de réorganisation du travail qui, au-delà de la mort de quelques-uns, a permis de supprimer plus de 10 000 emplois sur deux ans. Idem pour le patron-état qui maltraite ses inspecteurs du travail à coup d’objectifs chiffrés et en a poussé deux outre-tombe. Deux morts dans le sucre en poudre lors d’opération de maintenance dans un silo chez Cristal Union à Bazancourt dans la Marne : maintenance au moindre coût, maintenance de mort.
Quant au dégraissage, il continue sévère. Adecco confirme 500 licenciements de CDI : la vente de bétail humain, ça eut payé. Chez Caddie, en Alsace, 500 emplois dans la mauvaise charrette ; Sernam ex-SCNF, 1 600 emplois menacés, rachat possible par une filiale de la SNCF, Géodis qui en reprendrait 826, allez y comprendre quelque chose. Chez PSA Aulnay, en région parisienne, on va baisser le rideau : 3 300 emplois en carafe ; Albany (textile) en Haute-Vienne, 130 emplois, le patron séquestre les machines, on aura tout vu. Un voyou qui aurait peur de l’autogestion ou du luddisme ? À Cannes, 115 salariés de chez AnsaldoBreda, sous-traitant de la RATP, liquidés et fermeture de l’usine à la clé. Après la Fnac, c’est Virgin le mégastore de la distribution culturelle qui annonce la fermeture de plusieurs magasins. Quant à Alcatel, après plusieurs milliers de suppressions de postes, il gèle les salaires pour 2012.
Sur le front des luttes, le calme de la campagne électorale et la censure des nouveaux chiens de garde apaisent le paysage revendicatif. Grève et réquisitions des personnels aux urgences des hôpitaux de Paris (APHP). Grève pour la dignité des patients entassés dans les couloirs, sans draps, victimes de longues attentes, faute de personnels et de moyens mais aussi par la surcharge des services par tous ceux qui n’ont plus les moyens de recourir à la médecine de ville. Chez Renault, à Cléon, mouvement pour les salaires, grève à répétition des inspecteurs du permis de conduire éconduits, mais surtout belle et grande grève des éboueurs lyonnais contre la privatisation orchestrée par la mairie PS de la ville (soutien à Hollande comme il se doit). Répression pour insoumission : le syndicat CFDT Maritime Nord, où adhéraient les salariés de SeaFrance, est exclu de la CFDT. Chérèque entretient la tradition de sa « maison Maire ».
Dans le voisinage, l’Espagne s’enfonce dans la misère avec 25 % de chômistes. Grande manifestation aussi là-bas, sans beaucoup d’effets comme en France pour les retraites ou en Grèce pour la « dette ». Manif’ contre la réforme du travail qui vise à flexibiliser encore plus le marché du travail espagnol. Ou comment rendre élastique un élastique. Manifestation sans prise verbale mélanchonienne de la Bastille qui, de fait, ne sert pas à grand-chose hormis à dédouaner les organisations syndicales socialement partenaires et les bateleurs populistes. En Italie, Fiat, qui annonce être en surproduction de 20 % avec les conséquences que l’on peut imaginer, a dû fermer trois usines à cause de la grève des camionneurs. Du stock en moins. En Allemagne, nouvelle grève des aiguilleurs du ciel à Francfort au moment où Lufthansa prévoit de réduire les effectifs dans ses services administratifs et dans son encadrement. Schlecker, chaîne de droguerie, fermera 2 400 magasins sur un total de 5 400, 12 000 emplois seront récurés jusqu’au sang. Au Portugal, nouvelle grève générale ponctuelle contre la misère, toujours sans débouchés, il va bien falloir trouver d’autres moyens d’action, là-bas, ici, ailleurs.
Comme à l’accoutumée, les élections vont passer, les maroquins se distribuer. Les illusions se perdent et les problèmes rester sans solution. Sans solution tant que nous n’aurons pas relevé nos manches.