Et maintenant ?

mis en ligne le 16 mai 2012
1673MaintenantHollande vient d’être élu président de la République. On peut trouver cela « bien », moins pire, mal… et en rester là ! À une posture morale pavée de litanies et de liturgies.
On peut également analyser l’événement et ses conséquences, histoire d’essayer d’anticiper les choses à venir, et, fort de cette analyse, développer une stratégie adéquate.
Dans un mois, les législatives.
En règle générale, ce type d’élection donne une majorité parlementaire au président élu. Ce devrait être le cas comme jamais encore. Pourquoi ?
Avec ses presque 18 % (mais 35 à 40 % dans beaucoup d’endroits), le Front national est en situation d’imposer des triangulaires dans 150 à 200 circonscriptions. Ici, là et ailleurs, le FN va se retrouver en tête devant un socialo. Que va faire la droite ? Se maintenir et faire gagner le socialo, ou, ici et là, commencer, en catimini, à prendre langue ? Même cas de figure pour la droite. Ici, là et ailleurs, le FN va se retrouver en deuxième position derrière la droite. En se maintenant, cela ferait passer le socialo. Certains, à droite, vont être tentés de commencer à prendre langue. Ici, là et ailleurs, le FN va se retrouver en troisième position. Là encore, en se maintenant, ça ouvre un boulevard aux socialos. Et, donc, certains à droite, vont être tentés de…
En clair, le FN va faire imploser l’UMP, car s’il est clair qu’une partie de la « droite populaire » (Sarko s’est aligné sur ses valeurs qui sont quasi celles du FN) va passer des débuts d’accords avec le FN, il est tout aussi clair que la fraction gaulliste et centriste de l’UMP va refuser cela. Le futur « camarade » Bayrou parie également sur ce scénario, car, ainsi, il pense récupérer les transfuges centristes de l’UMP. Ajoutons à cela la guerre des chefs (Copé, Fillon, Bertrand, Juppé, Raffarin) pour le contrôle de l’UMP, et il est aisé d’anticiper sur les faits à venir.
Après les législatives, qui vont se traduire par une gigantesque vague rose, l’UMP va se retrouver en lambeaux, et le FN comme le nouveau centre de gravité de la droite. Ce sera le début de la conquête du pouvoir car, c’est connu, dans ce pays, il y a une majorité de gens qui se retrouveront dans les valeurs d’une droite et d’une extrême droite unies.
Tout cela aura lieu dans cinq ans, dans dix ans ou dans quinze ans. Mais cela aura lieu.
En tout cas, ce ne seront pas les socialistes réformistes, ni les front de gauchistes, ni les écologistes qui enrayeront le processus. Tous ceux là ont fait le choix de gérer le capitalisme en le moralisant. Or, même moralisé, le capitalisme continuera à nous en envoyer plein la gueule : misère, exploitations, oppressions, pillages, spéculations…
Alors, que faire ? Nous qui ne sommes qu’une poignée de centaines.
Quelques idées, en vrac.
Réfléchir, formuler et populariser au plus vite un projet de société détaillé, crédible et désirable. J’ai bien dit un projet de société détaillé, crédible et désirable. Pas formuler uniquement des principes. La propriété collective des moyens de production, comment ? Quels services publics qui ne soient pas des valets de l’État ? On supprime les prisons, les HP… mais comment on gère la dangerosité sociale ? On supprime l’armée, mais comment on organise le peuple en armes ? On désarme unilatéralement, mais comment on fait si… ? Doit-on interdire le marché ou le confiner dans un espace réglementé par le politique ? Suppression de l’argent (pour le remplacer par quoi ?) ou une banque du peuple comme le proposait Proudhon ? Et qu’est-ce qu’on fait par rapport à l’Europe actuelle, à la mondialisation, au nucléaire, à la guerre civile en Syrie, à l’intolérable chinois, russe, américain… ? Et par rapport aux saloperies de lapins qui bouffent les carottes de ma vieille mère ?
Grandir très vite en nombre. En grand nombre. Bientôt 100 groupes. Demain, 1 000. Après-demain, 10 000…
Initier une unité du mouvement libertaire. Une union sur l’essentiel respectueuse des diversités des uns et des autres.
Initier des alliances sur l’essentiel avec nos voisins politiques les plus proches.
Appliquer cette stratégie dans les syndicats, les luttes, la vie sociale et culturelle.
Œuvrer pour la fédération d’un maximum d’alternatives en actes dans un sens libertaire, et, pour ce faire, s’y impliquer.
Refuser l’électoralisme sur les bases du système électoral actuel. Mais, proposer un système électoral libertaire et autogestionnaire. Dans la vie de tous les jours. À l’usine, au bureau, dans la cité… et au niveau politique. Mandat impératif comportant néanmoins une dose de confiance pour gérer l’imprévu. Contrôle des mandats non en permanence (c’est intenable au niveau d’un pays), mais fréquemment et régulièrement. Définition d’une démocratie libertaire, d’une représentativité libertaire… renvoyant aux calendes grecques et aux poubelles de l’Histoire l’arnaque de la démocratie bourgeoise et de sa conception de la représentation. Définition d’un État de droit libertaire…
Bref, ou bien nous avons vocation à changer la société et le monde, et il convient de s’en donner les moyens, ou bien nous restons bien au chaud dans des postures culturelles et religieuses sans perspective sociale.
C’est à nous de choisir !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


paul guitteaud

le 19 mai 2012
Certains se rejouissent de la victoire du PS. Or Hollande est un homme de compromis ce qui pour certains pourrait être une qualité pour moi m'inquiète. Il va essayer de concilier austérité et relance économique ce qui déjà est une abération. Ne croyez pas que je souhaitais la victoire de Sarkozy mais si Hollande échoue il faut avoir conscience que le boulevard est ouvert pour les fascistes de Marine Le Pen. Que faire ? Je partage eqntierement ton analyse Depuis des années je pense que notre stratégie doit être la suivante :
1- propagande par les faits , rassurez vous je ne plaide pas pour un retour aux attentats je suis non violent mais ce qu'on appelle les alternatives comme tu dis en s'impliquant ou en intiant des projets alternatifs comme ceux dont parle Bastamag
2- l'anarchosyndicalisme même chose par anarchosyndicalisme je ne limite à l'action syndicale mais plutôt à ce qu'alain Touraine appelait les nouveaux mouvements sociaux c'est à dire des mouvements qui visent à améliorer la vie des gens en popularisant les projets alternatifs
3- l'action directe non violente sur le modele de la commune d'oregon au Mexique bien sur celle de la commune de Paris mais aussi les mouvements sociaux du front populaire en 36 ou de mai 68 sans compter bien sur les expérience pendant l'Espagne de 36
Voilà pour moi dont nous devrions discuter pendant les rencontres internationales de Saint Imier
Par contre excuse moi je ne voit pas du tout ce que tu entends par des élections libertaire et autogestionnaire ?

douille

le 23 mai 2012
par élections libertaires, cela sous entend élections de portes paroles à mandat impératif, avec possibilité de révocation etc etc...

Serge

le 10 juin 2012
" État de droit libertaire… " ?!?

Pierre Puget

le 25 octobre 2013
Plutôt d'accord, et très intéressé par ce que cet article peut supposer comme travail constructif à mettre en oeuvre. Voici ce que j'en pense.
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UNITE DANS LA DIVERSITE

Un survol du problème « organisation », à travers le débat pour « l’unité libertaire ».

D’abord, excepté quelques passages dans les réflexions, généralement on évacue la question principale :
Quel est notre rôle ? le rôle de notre (nos) organisation (s) ?
Qui pense à se référer à Bakounine, Pellouttier,… ? à la « minorité agissante » tel un catalyseur ? aux résistances POUR la République espagnole ? aux expériences de Confrontation puis Coordinations anarchistes plurielles ?

Parfois certains évoquent le contenu plus que l’étiquette, les phénomènes de l’Ideal dans notre société, le fait avant l’initiative, le danger de « droitisation »… puis on cherche à réunir des partis à l’instar de certains qui confondent laïcité avec réunion des religions entre elles.

Unifier des chapelles, des petits partis jaloux ; comptabiliser les libertaires et les anars = erreur d’origine (en tombant parfois dans Nietchaev, la Terreur, « Nada », ultra-minoritaire, solution par la prise du pouvoir violente et désespérée, « avant-garde » auto-proclamée, STARS de la politique et des arts s’autorisant à labelliser, juger, mépriser puis condamner les « infidèles » qui ne les suivent pas… jusqu’au bout).

Entreprenons plutôt de relier les énergies, les intelligences, les convergences et cohérences naturelles, dans le temps et dans les relations présentes, pour « répondre » aux « vagues montantes », patiemment et malgré l’époque en creux de vague…. Envisager la clandestinité ou « société secrète » par nécessité (comme en 1851) ; Comprendre en transversal ce qui dans chaque manifestation et construction sociales coïncide avec l’objectif jamais fini de la « Cité réconciliée », en faire un outillage disponible pour la Révolution Sociale.

Pierre Puget

le 25 octobre 2013
(suite)
Les « groupuscules » anarchistes ne peuvent pas s’unir !
1) séparés par les conflits individuels et collectifs de la Société Malade dont nous sommes tous membres, « protégés » par elle…également par la disparité des niveaux d’engagement personnel.
2) plus ou moins inconsciemment « inspirés » ou tentés par des dogmes et « scientismes » (Marxisme et la fatale « dictature du prolétariat »), jouant trop facilement le jeu d’impératifs catégoriques négatifs : anti ceci ou cela, sans dépasser, bousculer, déborder les dialectiques entre le bien et le mal, la « gauche » et la « droite » (parlementaires), et autres modes par définition éphémères.

La maladie génétique du Libertaire, Anarchiste, Communiste Libertaire,… correspond à un mal d’étiquette, prétendant définir et résumer le fond, le chant profond, tout en le faussant, le galvaudant, s’intéressant à un manichéisme mettant de côté l’ensemble complexe du Réel.
L’ensemble Révolution Sociale comprend les anarchistes, qui y contribuent sans en être les seuls détenteurs.

Catalìsi

Définition de « CATALYSE » - ENCYCLO.
« Action d’un corps, dont la présence provoque ou accélère une combinaison chimique sans paraître y prendre part. »
Catalyseur : « Un événement ou une personne qui par sa seule présence ou son intervention, provoque une réaction. »
Il est envisageable qu’après sa fonction accomplie le catalyseur se mette en retrait, s’efface puis procède à son auto-dissolution.