L’État nous surveille, crevons-lui les yeux

mis en ligne le 17 mai 2012
L’ineffable Guéant, dernier ministre de l’Intérieur de Sarkozy, est un homme orgueilleux, désireux de faire date dans l’Histoire (des ordures ?) en y laissant une empreinte indélébile. Après un « règne » calamiteux, où il n’a rien enchaîné d’autres que les tollés xénophobes, il ne pouvait quitter le pouvoir – retourner dans un quasi-anonymat pour lui insupportable – sans lâcher une nouvelle bombe sécuritaire. Avec deux nouveaux décrets de loi, le nostalgique du totalitarisme vichyste témoigne une fois de plus de son désir d’une société hyperfliquée où les libertés individuelles et collectives sont sacrifiées sur l’autel d’une sécurité illusoire, cache-sexe du contrôle social.
Le premier, publié le 8 mai dernier au Journal officiel, entérine la création d’un nouveau fichier baptisé « fichier d’analyse sérielle ». Il s’agit de la base de données la plus importante jamais créée par l’État. Une fois de plus présentée et vantée comme étant une « nouvelle arme contre le terrorisme », ce fichier vient s’ajouter aux innombrables autres existants. De quoi s’agit-il exactement ? Ni plus ni moins que de réunir, en un seul gros fichier, toutes les données possédées par l’État sur des individus. Dans cette logique, il peut obtenir et regrouper les informations détenues par des entreprises sur leur personnel, le contenu des mails et des comptes Facebook (et autres réseaux sociaux), l’historique des sites internet visités sur une année, etc. Y sont également rassemblées des photos, de sorte que les autorités puissent établir un système de reconnaissance facial en vue de faciliter l’exploitation des données fournies par les caméras de vidéosurveillance.
Le deuxième rejeton de l’ignoble Guéant se nomme Traitement de procédures judiciaires (TPJ, pour les intimes) et n’est rien d’autre que la fusion, en un autre gros fichier, du système de traitement des infractions constatées (Stic) et du système judiciaire de documentation et d’exploitation (Judex) de la gendarmerie nationale. S’y trouveront donc les désormais classiques données perso (photo, nom, prénoms, surnoms, adresses, sexe, date et lieu de naissance, etc.) mais aussi, d’après un avertissement de la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés), « celles laissant apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci ». Quant à la durée de conservation des données, elle sera de cinq ans pour les mineurs et de vingt ans pour les majeurs. Avec, bien sûr (sinon ce ne serait pas drôle), des dérogations possibles, pouvant prolongée cette durée de trente à quarante ans…
Certains espéreront sans doute que, le gouvernement passé à gauche (soit le 15 mai), les deux décrets iront retrouver leur papa dans les poubelles de l’Histoire. Mais ce serait bien mal connaître les politiques de la gauche qui, en matière de sécurité, a toujours eu un penchant pour le flicage. Bref, toujours est-il que l’État n’a de cesse d’enrichir son appareil répressif pour traquer, surveiller, espionner, épier et, au final, terroriser les réfractaires à l’ordre social établi. Et, face à ça, que faisons-nous ? On laisse passer sans broncher ? On fait des sourires aux caméras et on se refait un beauté pour faire « beau gosse » sur les photos ? Ou bien on prend notre destin en mains et on organise notre refus de voir nos libertés ainsi piétinées ? L’État veut nous épier jusque dans nos chiottes ? Prenons le balais et foutons-lui dans les yeux !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Anarkokorsicus

le 23 février 2013
Et oui. Agir, c'est commencer par rendre les choses visibles. Montrer les caméras de surveillance, le déploiement de ces boules noires à vision circulaire, au prétexte de gérer la circulation, assurer la sécurité, etc.

Rendez-vous compte de ce que peuvent coûter ces équipes entières d'agents de sécurité, night and day, dans les tribunaux, préfectures, aéroports ! On dirait qu'on remplace nos ouvriers par des types en chemises à manches courtes grises et, pour certains, vous regardent de traviole,, qui vous passent au peigne fin, au prétexte que vous retirez un dossier d'aide juridiciaire, renouvelez votre permis de conduire, ou que vous prenez l'avion.

Il est temps que la population dise non, stop, c'est terminé. Vous démontez toutes vos merdes et on veut plus en entendre parler.