La librairie La Malatesta : connaître le passé, comprendre le présent, conquérir le futur…

mis en ligne le 24 mai 2012
1674LaMalatestaAu départ, en 2005, un collectif ayant pour objectif d’éditer des ouvrages libertaires en Espagne se créa à partir de militants du syndicat des Arts graphiques de la CNT, et d’autres personnes partageant des affinités et des centres d’intérêts communs autour de la culture, des ambitions pour l’édition. Le premier ouvrage publié fut À travers la mitraille de Armando Guerra, en 2006. Le dernier livre que nous avons sorti (en 2008, réédité en 2010) s’intitule Anarchisme et anthropologie, relations et influences mutuelles avec des contributions de David Graeber, J. Zerzan, B. Roca Martinez… En développant ce travail d’édition, nous nous sommes rendus compte de l’importance d’avoir un lieu physique d’activités, et de là est venue l’idée de créer une librairie. Pour développer nos projets, nous avions besoin d’un lieu spécifique, et c’est en 2007 que nous avons investi le local qui est celui de la librairie La Malatesta, situé au 24, rue Jesus-y-María (Métro Lavapiès ou Tirso de Molina).
À Madrid, s’il existait des maisons d’éditions libertaires ou anarcho-syndicalistes et des stands de vente de livres lors d’événements de rue, il n’y avait pas de librairie dédiée à cette activité. Il faut noter que depuis cinq ans, il y a un important développement de librairies libertaires en Espagne (Barcelone, Vitoria) et de l’édition d’ouvrages sur l’anarchisme en général, y compris chez des éditeurs commerciaux. Des éditeurs libertaires développent des solutions grâce à l’édition digitale qui permet d’éditer des ouvrages en petites séries et pour un prix peu élevé. Remarquons également les nombreuses foires du livre libertaire de Valencia, Madrid, Barcelone, Séville, Saragosse, etc.
Cette dynamique attire un nouveau public, et la librairie La Malatesta en bénéficie : enseignants universitaires, étudiants, écrivains qui cherchent des infos pour leur travail, documentalistes sont nombreux à venir nous voir. Nous pensons qu’il passe ici plus de gens non militants que de militants libertaires.
Le site internet de la librairie (www.lamalatesta.net) est très fréquenté également. Nous ne pensons pas qu’il y ait compétition entre la lecture en ligne (qui est un moyen coûteux, en plus) et l’usage d’un livre papier. En revanche, nous avons noté une baisse de lectorat pour notre presse papier, essentiellement mensuelle : peut-être le format de parution mensuel n’est-il pas adapté à l’ère de l’internet ?
Dans l’actuel contexte espagnol, le livre est un objet de luxe ; alors que l’édition libertaire se porte plutôt bien, la culture est aujourd’hui reléguée au second plan, mais la librairie résiste et, économiquement, elle se maintient. Nos projets sont de continuer à amplifier nos activités, utiliser l’espace que nous avons pour développer des débats, des réunions publiques, des réunions de collectifs des indignés (15-M) ou des athées, des cours d’esperanto. Et continuer à éditer des ouvrages en développant la lecture critique et libertaire.
Nous connaissons les librairies libertaires à l’étranger comme Publico, La Gryffe et Quilombo en France. Nous avons connaissance de projets en cours pour des librairies libertaires à Mexico, au Chili. Il y a des échanges d’informations entre librairies libertaires en Espagne, un réseau informel existe, mettre en place quelque chose de plus formel parait plus difficile pour des raisons de moyens techniques et humains, idéologiques, de fonctionnements…
En conclusion, nous adressons un chaleureux salut aux compagnons du Monde libertaire et de la Fédération anarchiste, dont nous savons qu’ils développent un travail culturel très important, et dont nous envions le renommé Salon du livre libertaire de Paris, lorsque nous en lisons les programmes, les chiffres de fréquentation, les photographies…

Propos recueillis par Daniel Vidal