Que vive la lutte !

mis en ligne le 28 juin 2012
1679LutteLes diversions électorales sont terminées. Le Parti socialiste a la majorité au Parlement et, désormais, rien ne peut plus arrêter le changement… Changement de mots : l’austérité devient le pragmatisme économique. Changement de style : la ministre Vert porte des jeans et circule en métro. Changement médiatique : le nouveau président se déplace sur le plateau d’une chaîne publique de télévision au lieu de tenir sa conférence à l’Élysée. Changement d’heure, on est passés à celle d’été… désolé, je m’égare.
Le seul petit problème c’est que le système, lui, reste identique. Les marchés, les banques, les patrons, les « décideurs », comme on dit, sont bien en place et ont simplement organisé le changement de personnel politique comme ils l’ont fait en Espagne, en Italie, en Grèce… ces derniers mois. Car l’on peut reprocher bien des choses au capitalisme, mais certainement pas son incapacité à s’adapter au contexte économique et social. Parfois un gouvernement bien à droite lui est utile, parfois il est nécessaire de faire jouer l’alternance politique pour faire diversion, parfois, si la situation se tend, la mise en place d’un pouvoir autoritaire s’impose. L’objectif étant de maintenir voire d’augmenter les profits sans engendrer de révolution sociale.
Nous entrons donc dans cette période de changement d’opérette, mais il n’est pas certain que l’illusion dure autant qu’en 1981 avec Mitterrand. Que de balivernes n’avait-on entendu à cette période. J’avais même aperçu à Rennes, le jour de son élection, sur la grande place de la mairie, deux ou trois gus agitant des drapeaux noirs. Je n’ai pas vocation à donner des leçons, mais le noir de leurs drapeaux marquait pour le coup à la fois l’enterrement des illusions des travailleurs et une grande confusion politique. Dès 1983, la mise en place des camps de rétention et le tournant de la rigueur économique mettaient les pendules à l’heure. Tournant toujours pas terminé trente ans plus tard. De quoi donner un gros mal de crâne, un peu comme les lendemains de beuverie où la cruelle réalité se rappelle à votre bon souvenir.
Nombreux sont ceux qui ne croient plus à cette pantalonnade, sans pour autant entrevoir une alternative. L’abstention n’a rien en soi de révolutionnaire si elle n’est pas accompagnée d’une forte conscience sociale. Tout est fait pour que cette conscience disparaisse au fil des compromissions, des duperies, des renoncements petits ou grands des organisations de classe que devraient être les syndicats. Car on en revient toujours là. La lutte de classe, quasiment un gros mot aujourd’hui mais tellement présente partout, même si elle ne dit pas son nom, dans quasi tous les aspects de notre vie. La lutte de classe qui cherche sa voie contre vents et marées, contre Chérèque et Thibault.
Il y a pour les militants anarchistes une opportunité considérable pour peu qu’on s’en donne les moyens. Une réflexion basée certes sur notre histoire et nos pratiques (fédéralisme, gestion directe, anti-autoritarisme) mais ouverte, un fonctionnement efficace qui vise à rassembler et non à isoler, la volonté de ne jamais se laisser « impuissanter » par ceux qui discourent mais n’agissent pas, bref se montrer à la hauteur des enjeux.
En Espagne, dans les Asturies, les « gueules noires » des dernières mines de charbon sont en grève depuis la fin mai et se battent avec acharnement contre l’État espagnol qui entend liquider leur outil de travail et les envoyer rejoindre les millions de chômeurs sous l’injonction de la Commission européenne.
En France, aujourd’hui et plus encore demain, avec le déluge de plans sociaux qui s’annonce, des travailleurs, des populations entières parfois peuvent entrer en résistance. Les militants anarchistes dans les syndicats et ailleurs seront-ils des points d’appui efficaces ou non ? Telle est la question. Le reste n’est que péroraison tant il est vrai que la révolution sociale ne se construira que sur la base de millions de travailleurs, de jeunes, de chômeurs, aujourd’hui « réformistes », mais demain dans la lutte collective, possibles acteurs d’un changement profond pour peu que l’idéal libertaire prenne corps et sens à leurs yeux.
Que vive la lutte !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


julien bézy

le 2 juillet 2012
Il est certain pour que le changement arrive, il faut des luttes sociales.