Météo syndicale

mis en ligne le 7 octobre 2012
François Chérèque démissionne, la CFDT sans pilote dans l’avion, la nouvelle a surpris les gazettes. Un petit effort pour celles et ceux qui militaient dans les années 1980… Souvenez-vous quand la gauche, c’est-à-dire les partisans du socialisme par la voie parlementaire, avait été élue à la tête de l’État en la personne de François Mitterrand. Le staff dirigeant de la CFDT, qui auparavant était passé de la référence à l’anarcho-syndicalisme à l’« autonomie engagée », sabrait le champagne. Le grand jour était arrivé, la social-démocratie à la française (affublée des habits quasiment neufs du Parti socialiste) avait son organisation de masse ! Entendez par là presque l’inverse ! C’est-à-dire que la confédération (ayant jeté sa soutane aux orties en 1962) offrait objectivement au PS la direction occulte de l’organisation syndicale.
Revenons en arrière… Après mai 1968, la CFDT avait laissé ce que l’on appelle, dans le jargon, la bride sur le cou aux grèves dures. FO avait été dépassée « sur sa gauche », quant à la CGT, elle se préoccupait surtout de contrôler ses troupes pour que ça ne dérape pas trop 1. Donc la centrale du square Montholon se sentait pousser des ailes, mais il fallait atterrir question perspectives électorales. Alors l’appareil confédéral reprit le contrôle de ses troupes, se débarrassa de ses « moutons noirs » et exclut nombre de structures : l’UL 8/9 de Paris, la section Usinor Dunkerque, Lyon Gare, les métaux de Bordeaux 2.
Le temps a passé, la CFDT a conjugué à l’excès le syndicalisme qui n’a plus besoin de militants et qui se contente de gens qui cotisent en restant sagement dans les clous. Les directions syndicales ont flirté avec le pouvoir, voire plus à l’instar de Nicole Notat, qui s’est reclassée dans le management juteux. C’est d’ailleurs à elle qu’on pense en apprenant la démission de François Chérèque de ses fonctions de Líder maximo…
Pourtant, quel parcours pour la CFDT ! D’organisation presque soixante-huitarde, elle est devenue un truc d’accompagnement, ne cherchant qu’à négocier coûte que coûte. Son seul souci était que la CGT, ayant plusieurs fers au feu, voulait lui piquer la place. Alors pourquoi quitter maintenant les leviers de commande ? La version officielle est qu’il ne voulait pas risquer de ne plus être « dans la réalité des choses ». Ah, on peut le rassurer, il y avait belle lurette qu’il était de l’autre côté 3 !
La nouvelle direction de la CFDT va-t-elle prendre le mors aux dents ? On verra bien, mais ce ne sera sûrement pas pour un syndicalisme de lutte de classe. Pour ça, il faudra attendre d’autres jours, meilleurs.








1. En 2012, ça n’a pas tellement changé ! Bien que, officiellement, la CGT n’a plus aucun lien avec le grand frère de la place du Colonel-Fabien dans l’Est parisien.
2. La liste n’est pas exhaustive, il y eu aussi des « suspensions » comme l’Union départementale de Bordeaux. Sans oublier les cotisations syndicales qui remontaient directement à la direction syndicale. Les finances, meilleur moyen pour contrôler les structures qui ne sont pas aux ordres !
3. On disait même, du côté patronal, qu’il était plus utile à sa place qu’au gouvernement, quoique…