Grand Jeu Concours !

mis en ligne le 22 novembre 2012
Cette semaine, j’offre un super cadeau surprise (à mes frais) aux trois premières personnes qui trouvent qui a écrit les lignes suivantes, dans les années 1930. Accessoirement, il serait intéressant de savoir si les lecteurs du Monde libertaire signeraient ces dites lignes. Envoyez vos réponses à :
rodkol (arobase) netcourrier.com
« Les luttes qui déchirent aujourd’hui le monde sont si meurtrières que les combattants s’imaginent sans doute avoir des raisons très profondes de se battre. Je crois qu’ils se trompent. Si des partis sont très âprement opposés les uns aux autres, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils poursuivent des fins radicalement différentes. La diversité de leurs opinions ne se mesure pas par l’intensité de leur antagonisme. Et l’on a vu des dissensions cruelles mettre aux prises des sectes composées d’adorateurs d’un même dieu.
« Les partisans qui luttent pour la maîtrise du monde moderne ont beau porter des chemises de couleur différente, leurs armes viennent du même arsenal, leurs doctrines sont des variations d’un même thème, et ils vont au combat en chantant, sur un même air, des paroles qui se ressemblent beaucoup. Leur arme, c’est la contrainte imposée à la vie et au travail humains. Leur doctrine, c’est que l’on ne peut vaincre le désordre et la misère qu’en organisant et qu’en ordonnant chaque jour davantage. Leur promesse, c’est que l’État donnera le bonheur aux hommes.
« Dans le monde entier, au nom du progrès, des hommes qui se font appeler communistes, socialistes, fascistes, nationalistes, progressistes, et même libéraux sont tous d’accord pour penser que le gouvernement, armé de la force publique, doit, en imposant aux hommes une manière de vivre, diriger le cours de la civilisation et déterminer l’aspect de l’avenir. […]
« Ce dogme est à la base de toutes les autres doctrines en vigueur. C’est dans ce moule que sont coulées les pensées et les actions de notre époque. Personne n’envisage sérieusement, personne ne croit même possible d’aborder sous un autre angle les grands problèmes de l’humanité. Les masses récemment affranchies et les penseurs qui leur fournissent leurs idées sont presque entièrement possédés par ce dogme. Ça et là, une poignée d’hommes, quelques groupes sans influence, des penseurs isolés et dédaignés, continuent seuls à le défier. Les principes du collectivisme autoritaire sont devenus des articles de foi, des affirmations évidentes, des axiomes incontestés non seulement pour tous les régimes révolutionnaires, mais encore pour presque tous les mouvements qui se prétendent partisans des Lumières, de l’humanité et du progrès.
« Il y a eu des despotismes plus cruels que ceux de Russie, de l’Italie et de l’Allemagne. Mais il n’y en a pas eu de plus complets. Dans ces grands centres de civilisation, des centaines de millions d’hommes sont obligés de considérer les agents de l’autorité comme leurs maîtres, et de penser qu’on ne peut vivre, travailler et trouver le salut par ordre supérieur.
« Ce qui caractérise presque partout l’homme de progrès, c’est qu’en dernière analyse il compte sur le renforcement de l’autorité gouvernementale pour améliorer la condition humaine. Les progressistes préfèrent évidemment procéder prudemment et par paliers, en obtenant par la persuasion le consentement des majorités ; mais le seul instrument de progrès dans lequel ils aient confiance, c’est l’autorité gouvernementale. On dirait qu’ils ne peuvent rien imaginer d’autre, et qu’ils ont oublié que tous les progrès qui leurs sont chers ont été obtenus en émancipant les hommes de la puissance politique, en limitant le pouvoir, en libérant les énergies individuelles de l’autorité et de la contrainte collective.
« C’est là le sens de la lutte millénaire menée pour soumettre le souverain à une constitution, pour donner aux individus et aux groupements librement constitués des droits opposables aux rois, aux féodaux, aux majorités et aux foules. C’est là le sens de la lutte menée pour la séparation de l’Église et de l’État, et pour libérer la conscience, la science, les arts, l’instruction et le commerce, de l’inquisiteur, du censeur, du monopolisateur, du policier et du bourreau. »