Les cathos de gauche à la manœuvre

mis en ligne le 12 décembre 2012
Ce qu’il y a de bon dans les grenouilles, c’est les cuisses. Pas sûr que celles de Christine Boutin – qui dans le genre batracien de bénitier sait de quoi elle parle – soient bien comestibles en ce moment ; surtout depuis la « menace » de réquisition des biens immobiliers appartenant à l’Église. Notre sautillante ministre du Logement a en effet créé la surprise (l’hiver pointant le bout de son nez, ça tombe bien) en émettant l’hypothèse de pouvoir mettre à la disposition des mal-logés ou des SDF les biens immobiliers appartenant aux diocèses. L’idée en elle-même n’est pas si bête. Chacun sait que l’Église est une machine à cash très bien rodée et que l’ensemble de la hiérarchie n’est pas composée que de purs esprits. Il faut savoir vendre le salut éternel au prix fort et surtout ne pas trop s’embarrasser avec la charité chrétienne. Les miséreux sont priés d’attendre et de parler devant l’hygiaphone. L’initiative de notre pétillante ministre est pleine de bons sentiments. Rien d’étonnant cela dit de la part d’une ancienne militante des Jeunesses ouvrières chrétiennes. Rien de pire parfois que les cathos de gauche. Filandreux comme des vieux navets, ils essaient de vendre leur brouet sous des aspects progressistes gnangnan et sirupeux. Un peu d’eau bénite dans le pastis, un atelier fruits rouges à la kermesse de fin d’année et l’affaire est rondement menée. Quoi de plus sympathique si on les compare à ces bons gros fachos de Civitas par exemple dont je parlais récemment. Au moins, avec eux, on sait à qui parler quand il nous reste des dents.
Pour en revenir aux réquisitions, mot que ne cite d’ailleurs pas notre sémillante ministre, il serait grand temps que celles-ci soient misent en place, dans les actes et dans les faits. Les diverses tentatives de Jeudi noir ou bien du DAL méritent grandement d’être saluées. Elles sont le fait de militants organisés et responsables qui, indifférents au statut social des propriétaires, se servent directement dans l’inépuisable réserve de bâtiments inoccupés, au cœur des villes. Jusqu’à présent, aucune réquisition « officielle », c’est-à-dire décidée par les autorités de l’État, n’a vu le jour. Manque sans aucun doute de volonté politique, surtout ne pas faire de vague, restons bien à l’abri à faire le canard et les successeurs se débrouilleront avec la patate chaude. Et les congrégations, pour en revenir à elles, dans leur insolence toute faite de morgue et de charité gluante et écœurante, sont pourtant à la tête d’un patrimoine impressionnant. La revue Golias nous apprend que les congrégations possèdent trois millions de mètres carrés. Quant au Canard enchaîné, que Cécile Duflot a sans doute lu, il nous dresse, dans sa livraison du 14 novembre dernier, une liste impressionnante et vraisemblablement incomplète, d’immeubles parisiens appartenant au clergé, bâtiments vides ou réservés au seul usage de ces faiseurs de morale professionnels.
Alors ben oui, l’idée n’est pas si mauvaise, manque peut-être d’un peu de courage politique, mais de la part d’une catho de gauche, c’est pas gagné, ou bien alors retroussons nos manches.