Météo syndicale

mis en ligne le 20 décembre 2012
Les temps changent-ils vraiment ? Pour celles et ceux (air tristement connu) qui militaient dans les années 1970, on sentirait presque que le temps des « moutons noirs » va revenir… Pourquoi ? demanderont les âmes sensibles et les sycophantes divers des directions syndicales des boutiques actuelles censées représenter le syndicalisme. Il suffit de se remémorer la dernière une du Monde libertaire. Il y avait belle lurette que la CFDT n’était plus citée en positif dans nos pages… Mais la pugnacité du délégué de Florange ne va-t-elle pas être mise à mal (pour rester poli) par les dernières déclarations du successeur de François Chérèque. Jugeons sur pièce : « La solution retenue (à Florange…) est acceptable pour la CFDT. Ce n’est […] pas tous les jours que l’État français arrive à contraindre une multinationale à s’engager pour préserver les emplois. » Le camarade délégué susnommé va-t-il manger son chapeau, déchirer sa carte ou son avenir syndical sera-t-il placé sous le sceau des activités criminelles ? On pourrait aussi comme dans un mauvais rêve contempler la CFDT sortir de son arsenal une nouvelle version des « coucous » de l’organisation syndicale. Bref, les moutons noirs à exclure sont de retour. Continental à la CGT, Florange à la CFDT ?
Le successeur de François Chérèque taille dans le vif, sûrement histoire de redorer le blason de la Jeunesse ouvrière catholique. Et dire que d’aucuns prédisaient que la CGT se précipiterait dans les bras du PS. On avait oublié que la CFDT était dans les rangs et bien avant tout le monde !
Louis Mercier écrivait au début des années 1960 1 : « L’anarcho-syndicalisme est un courant ouvrier dont la disparition est enregistrée aussi fréquemment que sont signalées ses survivances et ses manifestations. En janvier 1931, Léon Trotsky déclarait : “Nous ne pouvons nous faire aucune illusion sur les destinées de l’anarchosyndicalisme en tant que doctrine et méthode révolutionnaire”. » L’Espagne de 1936 apportera un cinglant démenti au liquidateur de Kronstadt ! Plus prêt de nous (dans les années 1970) un responsable de la CFDT parlera de « fantôme de l’anarchosyndicalisme ».
Florange/ArcelorMittal a fait fleurir nombre de unes « à tiroirs » : de « emploi préservé, Mittal gagnant » aux « 4 nuances de rose » sur fond des « cris d’orfraie ridicules » de Laurence Parisot, on a eu droit à presque tout. En ce solstice d’hiver 2012, on peut rêver et espérer, comme l’écrivait Roger Hagnauer, dans sa préface à la brochure de Louis Mercier : « Le caractère révolutionnaire du syndicalisme n’apparaît donc pas à travers des proclamations explosives, des anticipations naïves et hasardeuses. Il est essentiellement dans son indépendance dynamique, organique et morale. » Pas d’incantations quasi religieuses, mais un militantisme quotidien et déterminé, vers l’avenir.









1. Présence du syndicalisme libertaire, Édition de l’Union des syndicalistes et de la Commission internationale de liaison ouvrière, collection « La Révolution prolétarienne », 1962.