Des mutilations religieuses

mis en ligne le 20 mars 2013
1700SloEn juin dernier, un tribunal allemand (Cologne) a condamné la circoncision en faisant de celle-ci un délit pénal car « elle modifie durablement et de manière irréparable le corps d’un enfant ». Cette affaire faisait suite au cas d’un médecin généraliste ayant circoncis un garçon de 4 ans, fils de parents musulmans, admis quelques jours après aux urgences pour des saignements…
Au-delà de l’aspect légal consistant à pratiquer ou non ce type d’intervention, le tribunal est allé plus loin en s’appuyant sur le droit des enfants (cf. convention de l’ONU), et a estimé que « le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents ». Le tribunal précisait également que ce jugement n’altérait en rien la liberté de religion des parents et que ceux-ci pouvaient attendre que l’enfant soit majeur pour qu’il décide lui-même d’être circoncis ou non, autrement dit de choisir ou non son appartenance religieuse.
Quoi de plus normal, et face à ce jugement somme toute rempli de bon sens, qui devrait faire jurisprudence, les Églises se sont levées comme un seul homme considérant ce jugement comme une atteinte insupportable à la liberté religieuse ! Pour elles, une mutilation génitale n’est plus mutilation à partir du moment où elle est dictée par Dieu… Allons donc !
Et voici à nouveau l’union sacrée entre juifs, musulmans, catholiques et même protestants (habituellement plus discrets). Dieter Graumann, président du Conseil central des juifs en Allemagne, estime que ce jugement est « d’une gravité sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses » et précise que la circoncision « est un élément essentiel de la religion juive, pratiquée depuis des milliers d’années partout dans le monde ».
De la même manière, le Conseil des musulmans en Allemagne parle « d’atteinte éclatante et inadmissible au droit à l’autodétermination des parents ».
Quant à la conférence des évêques, elle juge, pour sa part, « extrêmement étonnante » la décision du tribunal. Enfin, la Société pour la coopération entre juifs et chrétiens estime, quant à elle, que « criminaliser la circoncision revient à ne pas souhaiter qu’il y est une vie juive en Allemagne ». Enfin, l’Église protestante déplore une « atteinte à la liberté religieuse » (Le Monde du 29 juin 2012).
Encore plus fort, le rabbin Pinchas Goldschmidt de Moscou n’a pas hésité à caractériser cette condamnation des mutilations génitales sur des enfants comme « l’attaque la plus grave contre la vie juive en Europe depuis l’Holocauste ». Comparer une mesure visant à protéger l’intégrité physique des enfants et les crimes du nazisme relève du délire !
Seuls les médecins ont apprécié un jugement instituant une base légale sur laquelle s’appuyer par rapport à la situation vécue jusqu’alors. Et les 30 % de petits garçons circoncis à travers le monde (chiffre de l’OMS), c'est quand qu’on leur a demandé leur avis ?
Toutes ces religions se sont levées face à ce « petit juge » ayant l’outrecuidance de remettre en cause la « tradition religieuse », de prétendre qu’un enfant a droit à son intégrité physique… Qui plus est, sous la pression de ces lobbies religieux, voilà que nombre d’hommes politiques allemands se sont désolidarisés du juge.
M. Seibert, porte-parole d’Angela Merkel, prétend que « les circoncisions des garçons ne doivent pas être l’objet de poursuites pénales ». Les sociaux-démocrates réclament une loi « visant à protéger les rituels religieux traditionnels ». Renate Kunast, dirigeante du groupe parlementaire écologiste, y va de sa proposition (verte et durable ?) de « garantir des exemptions pour les juifs et musulmans » (Le Figaro du 13 juillet 2012).
En définitive, voici réclamée par les Églises, et soutenue par les partis politiques, la continuité des pratiques barbares au nom de la soumission à Dieu et aux traditions obscurantistes qui en résultent.
Qu’attendent-ils donc tous ces politiques, en Allemagne, en Europe et dans le monde pour légiférer et ainsi légitimer au nom d’une saine tradition religieuse l’excision des petites filles, le sacrifice rituel d’animaux… Et, tant qu’on y est, les sacrifices humains, puisque les dieux les ont exigés pendant des siècles !
N’en déplaise aux religieux de tous poils, la circoncision est bien une violence faite à l’enfant, pratiquée aussi bien par les juifs que les musulmans, ainsi que les catholiques durant des siècles. À ce propos, dans le Nouveau Testament, Luc évoque la circoncision de Jésus (II, 21) et le « Saint Prépuce » fut vénéré en tant que relique durant tout le Moyen Âge, diverses Églises revendiquant sa possession.
La circoncision continue d’ailleurs d’être pratiquée par les Églises coptes d’Égypte ou d’Éthiopie, ainsi qu’en Polynésie française ou même aux Philippines, pays asiatique à majorité catholique !
En conclusion, les religions ne sont que violences faites aux femmes et aux hommes, au nom de dogmes absurdes et criminels relevant de la psychopathologie.
Pour une fois qu’un tribunal va dans le sens du respect de l’humain, soyons satisfaits…
Il est temps que juifs, musulmans et chrétiens nous lâchent le prépuce ! Qu’ils lâchent également les clitoris et vagins des dizaines de milliers de femmes victimes d’excisions, d’infibulations, d’introcisions, d’incisions et autres types de mutilations sexuelles visant à maintenir la domination patriarcale par le contrôle de la sexualité féminine !

Michel
Groupe Marguerite-Agutte de la Fédération anarchiste