Un sage taoïste dans une forêt de bambous

mis en ligne le 21 mars 2013
Et dire que j’ai failli manquer ce livre ! Quel livre ? Le Hi K’ang de Daniel Giraud ! Il était resté sous une pile, le marque-page inséré à la fin du premier chapitre. Pas la peine de présenter Giraud, tous les anarchistes le connaissent ou l’ont en partie lu (quelques-uns, je le sais, entièrement). Ils savent par conséquent que Giraud n’est pas un homme de parti pris (sauf pour ce qui concerne sa propre liberté et celle de ceux qui la méritent), mais une intelligence en perpétuel mouvement, et l’une des plus vives de ce siècle.
Personnellement, j’ai toujours hautement estimé sa capacité à vivre entièrement ce qu’il pense, à explorer sans aucun préjugé les pistes qui s’offrent dès lors que celles-ci indiquent une éventuelle ouverture dans le champ désormais si réduit des possibles. Je ne vais pas entrer dans le détail. Le Hi K’ang est la biographie d’un sage taoïste et vous vous demandez sans doute déjà ce que le taoïsme et l’anarchie ont à voir. Vous aurez raison de vous en informer, car l’anarchie fort heureusement est multiforme. Bien des révoltes de fond qui ont eu lieu en Chine furent jadis conduites par des groupes d’anarchistes chinois qui étaient également de grands lettrés. Les actifs allaient chercher auprès des maîtres un savoir libertaire qui était censé échapper à tout contrôle humain.
Il n’y a pas de révolution sans pensée. Il y a donc bien longtemps que l’on a réfléchi en Chine à ce qui oppose, de façon semble-t-il irrévocable, le réformisme à l’anarchie, autrement dit, la responsabilité sociale à la responsabilité individuelle comme premier choix de direction existentielle. Giraud travaille depuis longtemps et avec excellence à jeter des passerelles entre des territoires de réflexions qui, sans lui, resteraient à jamais cloisonnés dans leur sphère propre. Il est vrai que la pensée possède un point commun avec la vie, ni l’une ni l’autre ne peuvent exister sans relation et sans écho. Il y a eu des hommes de grande valeur dans le passé.
Ce qu’ils ont pensé peut nous aider à nous orienter dans le vaste merdier dont nous héritons. Giraud remet le passé au présent et d’une façon qui, par la grâce du poète qu’il est aussi, nous parle de notre désir le plus intime : être vraiment d’ici.

Claude Margat



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Dominique Giraudet

le 5 mai 2013
Merci beaucoup pour ce bel article ! Il donne réellement envie de mieux connaitre la pensée taoïste .

Avec toute mon amitié,
Dominique Giraudet

Une pensée de Lao Tseu :lien :http://www.antiochus.org/article-lao-tseu-58555101.html