Maurice Taylor, champion de la lutte des classes

mis en ligne le 7 novembre 2013
1720GoodyearIl y a sept mois, Maurice Taylor, le PDG américain de l’entreprise Titan, justifiait qu’il ne mettrait pas un fifrelin pour reprendre l’entreprise Goodyear d’Amiens-Nord. Pourquoi ? « Le coût du travail est trop élevé en France. » Ce chevalier d’industrie continuait sa diatribe en insultant les travailleurs, « leur reprochant de ne travailler que deux à trois heures par jour ». Non content de dire des mensonges, le mufle en rajoutait en traitant les ouvriers de « fainéants ».
Quel ne fut pas mon étonnement d’entendre le ministre de la Casse industrielle annoncer, lundi 21 octobre, le retour de Maurice Taylor. Vous comprendrez que le retour de cet écumeur de profits, ce chasseur de richesses ne peut que paraître suspect et n’est pas sans poser de questions. Il devrait, à juste titre, inquiéter les syndicalistes, et notamment le responsable CGT Mickaël Wamen, lequel a déclaré « vouloir s’engager à fond et tout faire pour que, cette fois-ci, il y ait une issue favorable pour l’ensemble du personnel sur le site d’Amiens ». Les travailleurs ne devraient pas se précipiter dans la gueule du porc. Ils ont été plusieurs fois échaudés et ce patron-là est particulièrement un patron de combat. Sa haine des travailleurs et des syndicats lui sort par tous les pores de la peau. Sa dernière saillie en est la preuve et ne laisse aucun doute sur ses intentions. Car, si le pilleur de savoir-faire a fait volte-face, c’est à la demande expresse de bourre-mou le ministre de la Casse industrielle. C’est d’ailleurs ce que l’infecte personnage a avoué le vendredi 25 octobre dernier… Je le cite : « Votre ministre m’a demandé : “Est-ce que que vous voulez investir et embaucher ?” Nous sommes tombés d’accord. Ce ministre est un si gentil garçon ! » Seulement, le hic, c’est que les syndicats ne sont pas au courant du contenu de cet accord. Les travailleurs de Goodyear ont de quoi être méfiants et inquiets quant à l’avenir de leur entreprise quand deux scélérats de cette espèce s’associent. Car, les déclarations du titan américain suite à l’accord avec la complicité de son sherpa français ne sont pas très rassurantes quant à l’avenir de l’entreprise. Jugez plutôt, Maurice vient de traiter ce même 25 octobre les syndicalistes de la CGT de « timbrés » et de préciser : « Attention, je ne dis pas que ce sont les employés qui sont stupides, mais ceux qui les représentent, les syndicats et leurs avocats, ils n’ont aucun sens… » Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que, avec l’accord signé entre ce patron qui pratique la lutte de classe et le ministre socialiste adepte de la collaboration de classe avec le patronat, ce sont les travailleurs qui seront les dindons de la farce. Il s’agit pour le patron de Titan de faire main basse sur une entreprise rentable et de s’approprier le savoir-faire des travailleurs ; pour le sherpa de ministre de la Casse industrielle de justifier son utilité parce qu’il s’est décarcassé et que, par sa pugnacité, il a réussi à éviter la fermeture de l’entreprise et à conserver quelque 300 emplois sur les 537 !
Je ne peux imaginer que ce patron de choc investisse chez Goodyear sans arrière-pensée. Mais pour réaliser son plan, il lui faut l’entremise du ministre. Le ministre facilite la transaction pour redorer son blason et celui du gouvernement.
Les travailleurs ont intérêt à être vigilants car tout laisse présager qu’une fois l’entreprise aux mains de Maurice le prédateur les coups bas vont pleuvoir et l’avenir ne sera pas « rose ». Car, si les travailleurs négligent la lutte de classe, Maurice, lui, la mène tambour battant.