Un regard noir sur la révolution syrienne

mis en ligne le 3 avril 2014
Shadi Abu Fakher, Rudi Othman et Assem Hamsho. Trois noms. Derrière ces noms, trois réfugiés politiques syriens. Et, avant tout, trois militants qui nous livrent un témoignage poignant sur la guerre en Syrie. Présents dès les premiers jours des émeutes à Damas, certains en étant même les instigateurs, leur récit permet de comprendre le basculement menant à la révolution. Dans le film documentaire Le Chemin de la liberté : paroles de révolutionnaires syriens, la réalisatrice Naïssam Jalal et le réalisateur Samuel Lehoux recueillent les histoires politiques et personnelles de camarades qui luttent pour leur émancipation et pour la liberté.
Peu d’informations fiables sur la guerre civile syrienne circulent dans les médias. Les informations ont créé l’image de deux camps s’affrontant, l’un fidèle au dictateur Bachar el-Assad et l’autre composé d’extrémistes religieux. Or, grâce à ces témoignages, on découvre une réalité prenant à contre-pied les analyses courantes sur la révolution syrienne. La révolution syrienne est une révolution non pas menée par les élites, mais par le peuple. Une révolution ayant des bases politiques laïques et non pas religieuses. Une révolution portée par une jeunesse œuvrant pour son émancipation. Et, au fur et à mesure de l’avancée de la narration, la répression par le régime, puis la récupération par les extrémistes religieux se dévoilent.
Le style du film est certes en lui-même un peu faible. Un montage découpe les témoignages pour nous les donner à voir dans une chronologie linéaire, ce qui reste assez classique. L’étalonnage 1 n’est pas toujours au rendez-vous. Il ne s’agit clairement pas d’un film de réalisateurs « professionnels ». Ne regardez pas Le Chemin de la liberté en vous attendant à une œuvre esthétique. Mais, dans le cas de ce documentaire, ce n’est pas, à mon sens, le plus important.
Ici, il n’y a ni acteurs, ni scénario, ni faux-semblant. Et c’est cela qui touche le spectateur, c’est cela qui m’a touchée. Shadi, Rudi et Assem se livrent entièrement à la caméra. Ils revivent face à l’objectif les différents moments de leur lutte, allant jusqu’à décrire les tortures subies lors de leurs différents emprisonnements par le régime. Attention, âmes sensibles s’abstenir.
Si Le Chemin de la liberté : paroles de révolutionnaires syriens n’est pas une œuvre d’art, l’émotion transmise par ces « paroles » se suffit à elle-même. Et, si l’on veut comprendre les enjeux de cette révolution syrienne, ce film constitue une excellente source d’information.

Violette
Groupe Isaac-Asimov




1. Étalonnage : opération qui consiste à harmoniser les différents plans une fois le film monté, afin de raccorder des plans qui, souvent, ne sont pas tournés au même moment. Il est courant de devoir légèrement modifier la couleur, la densité d’un plan par rapport à un autre pour aider au raccord.