Salut, Marc !

mis en ligne le 17 avril 2014
1739BlondelMarc Blondel est décédé le 16 mars. Il est possible que certains lecteurs du Monde libertaire qui ne le connaissaient pas n'en retiennent que quelques images médiatiques : les bretelles, les cigares ou quelques provocations verbales. Cela serait réduire un homme libre (et libre penseur) mais complexe à une vision simpliste, mais cela serait surtout ignorer le rôle qu'il a pu jouer dans l'histoire du mouvement syndical. Marc n'était pas anarchiste, bien qu'on lui prête d'avoir bien connu, dans sa jeunesse, le groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste. Il se définissait lui-même comme le dernier socialiste, et nous avons pu avoir avec lui des discussions serrées, mais il connaissait et appréciait l'esprit des bourses du travail de Fernand Pelloutier et le fédéralisme n'était pas pour lui une simple référence mais un idéal et une pratique à défendre au quotidien. Il appartenait à cette génération de militants qui en leur temps avait soutenu l'indépendance de l'Algérie en soutenant le MNA. Nous le voyons encore, le jour où Maurice Joyeux, un des fondateurs de la Fédération anarchiste, a été incinéré au Père- Lachaise, lui rendre hommage. Son émotion n'était pas feinte et à notre connaissance il n'y a pas eu beaucoup de secrétaires généraux de confédération à rendre hommage à des militants anarchistes.
Blondel, comme on disait souvent, était devenu secrétaire général de Force ouvrière en 1989 et il l'est resté quinze ans. Ce n'est pas insulter son prédécesseur (André Bergeron) dans une période certes différente, que de dire que, pendant ces quinze ans, FO a gagné en combativité et a parfois même été l'élément central de la résistance ouvrière. Ainsi en 1995 contre le plan Juppé-Notat qui s'attaquait à la Sécurité sociale (déjà), c'est la manifestation du 28 novembre et la poignée de main (volontairement mise en scène) entre Blondel et Viannet (SG de la CGT) qui a lancé le mouvement de grève et a abouti au recul du pouvoir.
Après son mandat syndical, il s'engagea dans la Libre-Pensée et en devint son président. À ce titre, il relança sa dimension pacifiste avec la campagne pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple.
Bref, Marc Blondel a été un point d'appui dans la lutte des classes et, ne serait, ce que de ce point de vue, nous ne l'oublierons pas et nous n'oublierons pas que c'est au son du Temps des cerises et du Déserteur que nous l'avons salué lors de son incinération.
Ni dieu, ni maître,
À bas la calotte !
Vive la sociale !

Jean Hédou et Fabrice Lerestif