Les Buffalos en lutte

mis en ligne le 12 juin 2014
1744BuffaloLe Monde libertaire : Pour commencer, peux-tu nous présenter le groupe Buffalo Grill ?

Didier del Rey : Le groupe Buffalo Grill, au niveau national, c’est 4 500 salariés. C’est un groupe constitué en partie de franchises et de 270 établissements en direct. Le groupe dépend aujourd’hui d’un fonds de pension. Il était anciennement propriété de Christian Picard, connu dans les années 1990, qui, depuis, a revendu son groupe.

Le Monde libertaire : Peux-tu nous faire un bref historique pour situer le conflit qui a eu lieu récemment ?

Didier del Rey : Ce qu’il s’est passé, c’est que jusqu’en 2012 la société était sur deux entités juridiques distinctes : Buffalo Grill SA et Buffalo Grill BGE, qui détenait notamment les établissements parisiens. En 2012, les deux sociétés ont fusionné suite au rachat de BGE par Buffalo Grill SA. Résultat, actuellement, la direction est assez rude avec les salariés. Il y a donc eu un premier conflit au début du mois d’avril sur l’établissement de Paris-République relatif aux conditions de travail, plus particulièrement le management local. Le mouvement a duré deux jours et demi avec, pour mot d’ordre, des embauches, des requalifications et un meilleur management. Par la suite, la direction a annoncé vouloir mettre en place une modulation du temps de travail. Les trois syndicats – CGT, FO et CGC – ont refusé l’accord proposé 1. Malheureusement, l’avenant n° 2 de la convention collective des hotels-cafés-restaurants (HCR) signée en 2004 par trois syndicats devait permettre de mettre en place cette modulation. La direction a donc menacé de mettre en application l’avenant. Les salariés se sont donc mis en grève le 25 mai. À la surprise générale, ce sont 50 établissements, dont 16 en Ile-de-France, qui ont suivi l’appel.

Le Monde libertaire : Quelles formes prend le mouvement ?

Didier del Rey : Les salariés se sont mis en grève en intersyndicale. Il y avait la CGT et FO commerce. Il fut décidé d’agir sous forme de débrayages discontinus, de sorte à pénaliser l’employeur au maximum au niveau financier. La direction campant sur ses positions, il fut décidé de refaire un mouvement le samedi 31 mai pour le service du soir. À notre grand étonnement, 62 restaurants débrayèrent au niveau national. C’est un très beau mouvement. La perte du 25 et du 31 mai se chiffre à 800 000 euros pour Buffalo Grill.

Le Monde libertaire : Quels rôles ont joué la fédération du commerce CGT et l’union départementale CGT 75 dans le conflit ?

Didier del Rey : La direction fédérale au niveau des HCR a joué son rôle, tout comme l’union syndicale commerce de Paris. Le dialogue s’est bien passé, nous sommes tous ensemble pour combattre la modulation. Il n’y a pas eu de divergences. L’UD a rédigé un communiqué et des militants sont venus soutenir le piquet de grève du 31 mai. Mais la lutte continue. Rien est joué pour le moment. L’ensemble des organisations syndicales doit être reçu le 10 juin pour entendre la direction. Nous verrons en conséquence les suites à donner.

Le Monde libertaire : As-tu un petit mot pour les lecteurs du Monde libertaire qui voudraient soutenir le mouvement ?

Didier del Rey : Eh bien, nous appelons les militants qui sont aux alentours des Buffalo, en contact avec les unions locales et départementales de la CGT, à venir aider les grévistes, ou qu’ils se renseignent sur le site de la fédération du commerce CGT ou de l’US commerce CGT de Paris s’il y a des appels.

Propos recueillis par Jonathan Ben-Moyal
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste





1. Ce projet de modulation aurait pour principal effet une perte substantielle de pouvoir d’achat pour les salariés de l’entreprise, qui se verraient privés du paiement des heures supplémentaires ou complémentaires.