Une webtélé libertaire : une initiative à développer

mis en ligne le 30 octobre 2014
Thierry le Roy : En juillet 2014, nous sommes deux à partager l’idée d’un nouveau projet, forts d’une expérience que nous menons depuis quatre ans sur une webtélé qui rencontre un succès assez important : Telesudest.com. On a créé TV sud-est dans l’esprit de créer une webtélé disons de gauche, du Front de gauche jusqu’aux anarchistes. On est porté par un certain succès dû aussi à des entretiens avec Besancenot, Mélenchon, qui nous amènent aussi leurs publics. Puis on fait quatre études, une par an. Nous demandons qui sont nos internautes, qu’est-ce qu’ils viennent chercher, leurs centres d’intérêt sur le Net… Et là on s’aperçoit qu’il y a tout un public qui recherche aujourd’hui clairement de l’image de type télévision, mais sans être tributaire des horaires, et qui recherche des contenus assez spécifiques et marqués. Par exemple, on a filmé régulièrement des images aux contenus libertaires durant ces quatre années, et clairement les gens nous ont dit que c’est ça qu’ils venaient chercher chez nous. Notre record de vues en une journée, c’est 101 500 vues, 20 000 à 30 000 par jour. »

Le Monde libertaire : Mais pourquoi inventer un autre outil alors que TV sud-est marche déjà si bien ?

Thierry le Roy : Finalement, il existe dans le monde libertaire deux choses que les libertaires savent assez bien faire, c’est l’écrit prioritairement (livres, journaux, blogs…), puis la radio. Pour ce qui est de la vidéo, c’est un peu éparpillé, il y a des choses faites ici ou là, avec la CNT, la webtélé de Dax, ou d’autres à Toulouse, Nantes… et d’autres encore qui mettent du contenu vidéo dans et autour du spectre libertaire. Ce qui est décevant, c’est le peu de réactivité des télévisions libertaires en France à qui nous avons proposé de se regrouper, de mutualiser les produits vidéo que nous faisions.

Le Monde libertaire : Donc, l’objectif, c’est la création d’une webtélé autogérée, « libertaire », parce que c’est notre environnement. Ce serait un média alternatif qui se ferait avec des libertaires « organisés » ou non. Globalement la démarche s’inscrit dans ce que l’on appelle les médias citoyens en France, qui se nourrissent de suivi de situations locales, de conférences, de comptes rendus de manifestations…

Thierry le Roy : Et nous sommes très regardés à l’étranger : États-Unis, Angleterre, Allemagne, pays francophones, Afrique du Nord, Asie. Du coup, cela va nous contraindre à trouver des correspondants ailleurs qu’en France. C’est aussi l’idée à terme. Donc, nous considérons qu’il faut répondre à ces demandes. Donc oui, nous resserrons notre public en privilégiant les contenus de type libertaire, on nous le reproche aussi, mais est-ce que l’idée du toujours plus d’audience au détriment du fond est la bonne idée ?

Le Monde libertaire : Où en êtes-vous du développement du projet ?

Thierry le Roy : Libertaire.tv devra aller sur une structure juridique après la convocation d’une AG, dans laquelle des individus – que je souhaite représentant le mieux possible les grandes tendances du mouvement libertaire – et les organisations du mouvement libertaire puissent se sentir partenaires ou au moins dans une dynamique de soutien. Nous souhaitons de leur part un regard de bienveillance, voire même que ces groupements nous donnent du contenu en permettant de filmer ici ou là des manifestations, des rencontres, etc. Il nous faut construire une équipe technique resserrée pour gérer le site, les serveurs, la partie technique de l’administration numérique et pour gérer l’association. Nous sommes déjà cinq. Ensuite, il nous faut une équipe élargie, qui va travailler sur les contenus. Il faudra en effet valider ce qui nous sera proposé, commenter de petits textes pour présenter les vidéos… Et puis, il faudra une équipe plus étoffée en plus des quatorze personnes qui se sont engagées comme correspondants en régions et à Paris. Nous sommes en train de former une personne au montage, et il nous faudra donc des personnes capables de filmer dans leur région. Nous mettons en place des formations techniques. Nous avons besoin surtout de gens, et de structures qui s’engagent à faire des échanges avec nous. Du point de vue financier, pour l’instant ce n’est pas le problème. Notre problème, c’est surtout d’avoir les moyens d’offrir une offre en contenus assez large. Il y a aujourd’hui des journaux qui ne se déplacent même plus sur des événements, les webtélés sont parfois seules à se déplacer. Ce projet autogéré – forcément – sera d’autant plus facile à porter que nous serons nombreux à le faire vivre.

Propos recueillis par Daniel
Groupe Gard-Vaucluse de la Fédération anarchiste