Radio France : pendant les excuses, la grève continue

mis en ligne le 1 avril 2015
Qui a coupé le son à Radio France ? À l’heure où j’écris ces lignes, ça fait déjà plus d’une semaine que je n’entends plus sur Inter, les analyses avisées de Patrick Cohen, les commentaires lumineux de Léa Salamé, les… Si ça continue je vais devoir me rabattre sur Radio libertaire, c’est vous dire mon désespoir. Si encore il s’agissait d’une action de soutien à Pascale Clark pour lui permettre de récupérer sa carte de presse tant méritée. Mais non ; on me souffle qu’il s’agit encore d’une grève lancée par les syndicats (CGT, CFDT, SNFORT, SUD, Unsa). Je me plaindrais bien d’être pris en otage, mais par les temps qui courent je me méfie, on égorge facilement les otages. Alors c’est quoi le problème ? Mathieu Gallet, le nouveau directeur (belle allure et les dents longues), veut faire des économies ? C’est qu’il a des idées, le bougre : d’abord faut tailler dans le gras : Radio France n’a plus les moyens de financer deux orchestres symphoniques… on coupe. Et puis il y a la masse salariale. Trop importante la masse salariale. Là aussi faut dégraisser : 200 à 300 suppressions de postes proposées (les syndicats pensent que ce sera plutôt 300 à 400). Bref ne lésinons pas, Mathieu nous l’affirme il y a là 24 millions à récupérer d’ici 2019. En attendant pour 2015, le déficit prévu s’élève à 21,3 millions. C’est que les recettes provenant à 90 % de la redevance audiovisuelle sont en légère baisse, alors que les dépenses sont en très forte augmentation, principalement à cause du chantier de réhabilitation du bâtiment abritant la Maison de la radio. C’est ce chantier pharaonique que critiquent les syndicats. Et d’autres petites peccadilles dont se sont fait l’écho Libération et Le Canard enchaîné. On apprend ainsi que le nouveau directeur a demandé « à changer les sièges en cuir beige de la Citroën C6 de son prédécesseur ». La peau des fesses trop tendre Mathieu ? Qu’à cela ne tienne, on lui a fourgué une Peugeot 508 neuve, c’est quand même pas ça qui va couler la boîte ! Et cerise sur le gâteau, la rénovation de son bureau : plus de 100 000 euros claqués. Dans le changement de moquette ? Dans le mobilier ? Peu importe, ça n’a pas plu aux syndicats, surtout à la CGT qui s’y connaît en rénovation de bureau. Mais le Mathieu il est bien éducationné, pas comme ce rustre de Lepaon : contrairement à ce dernier, lui au moins il a présenté par un courrier interne une lettre d’excuse pour ces dépenses malvenues. Ce qui ne l’a pas empêché lors d’une tentative d’explication en assemblée générale de sortir sous les huées de ces malappris de grévistes.
En attendant, Radio France négocie avec l’État son nouveau COM (contrat d’objectifs et de moyens), qui fixera les ressources du groupe pour les années à venir. Résultat des courses à la mi-avril. On attend également la publication imminente d’un rapport de la Cour des comptes sur la gestion de Radio France ces dernières années, et notamment concernant le dérapage des coûts du chantier de rénovation de la Maison de la radio (584 millions d’euros prévus à la fin en 2018, au lieu des 333 annoncés au départ). Pauvre Mathieu Gallet. Que c’est dur d’être jeune, beau, riche, d’avoir le pouvoir et d’être remis en question par des gueux.

Rosine Pélagie
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste