Météo syndicale

mis en ligne le 9 avril 2015
Le 12 avril 2014, à l'appel du Front de gauche, de nombreux manifestants ont défilé à Paris contre l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses. En sous-main, il y avait, est-il besoin de le préciser, des propositions politiques. Rassemblons des mécontentes et des mécontents, menons-les au combat et au vu de leurs échecs « tout le monde » comprendra que la seule solution est électorale ! La lutte syndicale étant, pour les théoriciens des avant-gardes éclairées de la classe ouvrière, limitée à des revendications immédiates. Du gros œuvre... alors que pour l'émancipation politique rien ne vaut un bon parti !
Prenons un exemple au hasard : « Devant les locaux de la Carsat (caisse d'assurance retraite et de la santé au travail) à Villeneuve-d'Ascq (Nord), jeudi dernier : plus de deux cents manifestants étaient une fois de plus mobilisés pour dénoncer le scandale des dossiers de nouveaux retraités non traités par manque de personnel. » Qui mène la lutte ? L'organisation syndicale ou un regroupement politique ? Le problème est toujours posé et les polémiques sont d'une actualité brûlante. Au vu des résultats électoraux, on verra, espérons-le, refleurir des slogans du type : « Seule la lutte syndicaliste paye ! » À la SNCF, si on se laisse rouler dans la farine des déclarations patronales tout se passera sans encombres dans le meilleur des mondes. Mais un rapport confidentiel de la SNCF préconise la suppression de plus de la moitié des lignes Intercités sur le territoire national. Le quart nord-est de la France et la Creuse ne seraient alors plus desservis par des transports nationaux. Alors, mensonges à la une ?
« Si on avait dit aux quelque cinquante délégués qui ont créé la CGT en 1895, à Limoges, qu'elle fêterait un jour ses 120 ans, je ne pense pas qu'ils y auraient cru ! Ils sont partis des besoins de leur époque. Ils se sont affirmés comme l'émanation des ouvriers et se sont donné pour mission de faire reconnaître leur place dans le pays. Ils se méfiaient du suffrage universel au plan politique parce qu'il minorait le poids de la classe ouvrière. » Diable ! Qui cause ainsi ? Ni plus ni moins que Maryse Dumas, du bureau confédéral de la CGT. Ne faisons pas la fine bouche... elle déclare même à la question sur ce qui l'intéresse plus dans l'histoire du premier syndicat de France : « Paradoxalement, ce ne sont pas les victoires qui m'intéressent le plus. Il me semble que l'on apprend plus des périodes difficiles. J'ai toujours en tête une formule de Louise Michel : "Une aube se lève après chaque nuit." Si la porte est fermée, on cherche la fenêtre ; si la fenêtre est fermée, on cherche le rai de lumière par lequel on va pouvoir passer... c'est ça, l'action syndicale. » Pour faire bref, ça nous change des années 1970 où, dans les cours de formation syndicale, on dénonçait le « côté gesticulatoire des anarcho-syndicalistes d'avant la Première Guerre mondiale » !
On verra bien si les faits (qui sont toujours têtus...) confirmeront les discours ! En attendant, pour les 2 200 salariés de Mory le cauchemar a recommencé. À quand le changement dans les mouvements sociaux ?