Adios, Serge !

Serge est né le 17 février 1950 à Sorède (Pyrénées-Orientales). Après l'obtention du certificat d'études primaires, il obtint un CAP de serrurier en 1967 et fut embauché comme ouvrier métallurgiste de 1967 à 1969 dans les entreprises Richier, à Elne, et Navarro, à Saint-Genis. (Pyrénées-Orientales). En 1969, il entra comme cheminot à la SNCF où il resta jusqu'à sa retraite. Il y travailla comme aiguilleur posté sur la région de Paris Sud-Ouest (gare d'Austerlitz).
Son parcours militant fut émaillé de rencontres qui ne furent pas sans influence comme celles des libertaires Daniel Guérin, Michel Ravelli, Ramón Finster et, plus tard, de Daniel Vitry, militant cheminot de Lutte ouvrière, même si ce dernier n'entama jamais les convictions anarchistes de Serge.
Son engagement dans le mouvement libertaire date de 1971 lorsqu'il rejoignit l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). Lors du congrès de 1976 à Orléans, où fut exclue la tendance qui allait donner naissance à l'UTCL, il resta à l'ORA renommée Organisation communiste libertaire (OCL) Dans ces deux organisations, il milita dans les groupes du XIII^e arrondissement de Paris. En 1977, il participa à l'Assemblée générale groupe autonome de la région parisienne (AGGAP).
Dans le XIII^e, il milita activement dans le cadre d'un « travail de quartier » et au journal Le Canard du 13^e. Dans les années 1970, il participa à de nombreuses occupations d'immeubles, toujours dans son arrondissement, contre la rénovation et les expulsions. À la même période, avec quelques autres comme Claude Beaugrand, il fut à l'origine de la création d'un journal libertaire à la SNCF : Le Rail enchaîné (8 numéros, 1973-1976).
Après une première expérience de grève ouvrière en 1968 dans les Pyrénées-Orientales, à Elne, dans l'entreprise Richier, il participa comme militant actif à toutes les grèves de 1969 à la SNCF, avec leur apogée, la grève de 1986. En opposition aux directions syndicales, il fut l'un des initiateurs de la Coordination des cheminots intercatégories qui fit trembler la France de toutes les institutions politiques et syndicales. Par la suite, il fut présent lors de toutes les grandes et petites grèves qui se succédèrent à la SNCF en 1995 et en 2003. Serge Torrano milita tout d'abord à la CGT jusqu'en 1972, d'où il fut exclu après la grève de juin 1971, la CGT n'acceptant aucune forme de contestation en son sein. Il adhéra alors à la CFDT qu'il quitta dans les années 1976 pour rejoindre un collectif radical et autonome de cheminots antisyndicalistes. Il revint à là CFDT en 1979 et y resta jusqu'en juin 1995. Année où il créa le syndicat SUD-Rail de PRG (Paris-Rive gauche) avec deux camarades, Jean-Luc Vidano et Raymond Defrel. Il y milita jusqu'à son départ à la retraite.
Durant ces années, il fut à plusieurs reprises délégué du personnel et secrétaire du syndicat CFDT de Paris Sud-Ouest (Austerlitz) en 1989, puis secrétaire régional en juin 1996 du syndicat SUD-Rail PRG (Austerlitz-Montparnasse). Durant près de quinze ans, il participa régulièrement lors des conflits à la SNCF aux « Chroniques syndicales » sur Radio libertaire où il analysait avec d'autres compagnons les luttes en cours. À la retraite en 2005, il s'investit dans le mouvement de grève des étudiants contre le CPE (Contrat première embauche) et participa à l'occupation des universités Tolbiac et Jussieu. En 2007, il soutint activement les grèves étudiantes contre la loi Pécresse.
Dans le même temps, il participa dès septembre 2006 au collectif Jeudi noir sur le logement et à ses actions contre les abus des loyers chers. Il fut aussi présent lors de l'occupation de l'immeuble rue de la Banque où fut créé le « ministère de la Crise du logement » par les activistes de Jeudi noir, du DAL et du collectif Macaq. Serge Torrano qui s'était installé au début des années 2010 à Agen où il participait aux activités de Solidaires et du groupe local d'AL, il est décédé le 30 mars 2015 à Agen des suites d'un infarctus. Salut à toi compagnon !