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Antiracisme
par Pierre Sommermeyer • le 29 décembre 2019
Watchmen
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Du bruit, des coups de feu, des hommes et des femmes courent dans la rue. Un couple prend dans ses bras un enfant. Ils le serrent fort. La femme porte un fusil. Ils courent effrayés. Des tirs partout, un avion, un biplan, survole la ville et lâche ce qui ressemble à des bâtons de dynamite. Des corps jonchent le sol. Des hommes à cheval, passent au galop, ils tirent sur tout ce qui bouge. L’enfant est confié à un autre couple qui le cache dans le coffre d’une voiture. Les parents succombent à leur tour. Toutes les victimes sont noires.
Quand j’ai commencé à regarder ce truc, c’était un soir, il n’y avait rien à la télé. J’ai pris ça comme ça. Par hasard ! Rapidement je me suis demandé ce que je regardais. C’était « trop ». Il m’a fallu voir, presque à contre cœur, le deuxième épisode pour que je fasse l’effort d’aller chercher sur internet de quoi ça parlait.
C’est donc une série tirée d’un comic book américano-britannique mettant en scène des super héros. Arrivé à cet instant tout lecteur va se demander ce que ce texte vient faire ici. C’était aussi ce que je me demandais devant ma télé. Cette série mélange tout à la fois la question de la ségrégation raciale étatsunienne et les super-héros américains. Un maximum de bruit, de couleurs et de cris et de coups de feu. D’un strict point de vue artistique c’est d’une facture particulièrement hachée, déconstruite pour tout dire.
Mais cela ne m’a pas intéressé. Ce qui vaut la peine de s’arrêter est le lieu où se passe l’essentiel de la série, Tulsa et particulièrement la séquence du début qui se passe en 1921, dans L’État de l’Oklahoma.
Le Massacre de Tulsa
Cette ville, située au centre des États-Unis était à cette époque très prospère. Particulièrement une de ses parties où résidaient nombre de familles noires. Les habitants blancs appelaient cette partie de la ville située au nord la "Petite Afrique". Son nom officiel était Greenwood. De nombreux commerces de toutes sortes s’y étaient installés. Il semble que 22 églises s’y trouvaient. Ce quartier devint si prospère économiquement qu’il fut surnommé le « Negro Wall Street ». Comme c’était prévisible le niveau de jalousie à son égard grandit sans limite dans une région où régnait la ségrégation la plus radicale. Un incident déclencha l’horreur. Une rumeur se propagea. Un homme noir aurait violé une jeune femme blanche. Cela suffit pour que l’on assista à un incroyable déchaînement de violence, sur lequel plane encore aujourd’hui le spectre du Ku Klux Klan. Cela s’est passé dans la nuit du 30 mai au 1er juin 1921. Une émeute raciale de plus ? Selon les officiels du moment il y eut 45 morts (36 noirs et 9 blancs). Puis l’affaire fut enterrée.
Si le lecteur est intéressé par cette tragédie il trouvera en ligne soit en anglais soit en français beaucoup d’informations à ce sujet.
Le site bworldconnections.tv relate ainsi ce qui se passa alors
L’enquête
A la fin du XXème siècle, les black studies ont pris de l’importance. C’est dans ce contexte, en 1996, à l’approche du 75e anniversaire de cet événement, que l’État autorisa une commission d’investigation située en Oklahoma à enquêter sur l’émeute raciale de Tulsa. Dans ce but, la commission chargea plusieurs personnes d’étudier et préparer un rapport détaillant les comptes rendus historiques de l’émeute. Cette autorisation d’enquête a « suscité un grand appui des membres des deux partis politiques et de toutes tendances politiques ». La commission était originellement appelée la « Commission de l’émeute raciale de Tulsa », mais en novembre 2018 le nom a officiellement été changé pour « la Commission du massacre de Tulsa ». Si les estimations furent de 45 morts selon les statistiques officielles de 1921 (36 noirs et 9 blancs) celles de la commission chiffre le nombre de mort entre 100 et 300 et il y aurait eu des milliers de blessés selon son rapport final de 2001. La Croix-Rouge a refusé de donner un chiffre officiel. Le nombre de fosses communes n’a toujours pas été fixé. Des réparations financières ont été créés à destination des enfants des survivants.
Voilà les risques courus quand on veut juste regarder une nouvelle série à la télévision, aller voir derrière et ce n’est pas triste. Je ne peux que vous inviter à regarder la vidéo ci-dessous.
Quand j’ai commencé à regarder ce truc, c’était un soir, il n’y avait rien à la télé. J’ai pris ça comme ça. Par hasard ! Rapidement je me suis demandé ce que je regardais. C’était « trop ». Il m’a fallu voir, presque à contre cœur, le deuxième épisode pour que je fasse l’effort d’aller chercher sur internet de quoi ça parlait.
C’est donc une série tirée d’un comic book américano-britannique mettant en scène des super héros. Arrivé à cet instant tout lecteur va se demander ce que ce texte vient faire ici. C’était aussi ce que je me demandais devant ma télé. Cette série mélange tout à la fois la question de la ségrégation raciale étatsunienne et les super-héros américains. Un maximum de bruit, de couleurs et de cris et de coups de feu. D’un strict point de vue artistique c’est d’une facture particulièrement hachée, déconstruite pour tout dire.
Mais cela ne m’a pas intéressé. Ce qui vaut la peine de s’arrêter est le lieu où se passe l’essentiel de la série, Tulsa et particulièrement la séquence du début qui se passe en 1921, dans L’État de l’Oklahoma.
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Cette ville, située au centre des États-Unis était à cette époque très prospère. Particulièrement une de ses parties où résidaient nombre de familles noires. Les habitants blancs appelaient cette partie de la ville située au nord la "Petite Afrique". Son nom officiel était Greenwood. De nombreux commerces de toutes sortes s’y étaient installés. Il semble que 22 églises s’y trouvaient. Ce quartier devint si prospère économiquement qu’il fut surnommé le « Negro Wall Street ». Comme c’était prévisible le niveau de jalousie à son égard grandit sans limite dans une région où régnait la ségrégation la plus radicale. Un incident déclencha l’horreur. Une rumeur se propagea. Un homme noir aurait violé une jeune femme blanche. Cela suffit pour que l’on assista à un incroyable déchaînement de violence, sur lequel plane encore aujourd’hui le spectre du Ku Klux Klan. Cela s’est passé dans la nuit du 30 mai au 1er juin 1921. Une émeute raciale de plus ? Selon les officiels du moment il y eut 45 morts (36 noirs et 9 blancs). Puis l’affaire fut enterrée.
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A la fin du XXème siècle, les black studies ont pris de l’importance. C’est dans ce contexte, en 1996, à l’approche du 75e anniversaire de cet événement, que l’État autorisa une commission d’investigation située en Oklahoma à enquêter sur l’émeute raciale de Tulsa. Dans ce but, la commission chargea plusieurs personnes d’étudier et préparer un rapport détaillant les comptes rendus historiques de l’émeute. Cette autorisation d’enquête a « suscité un grand appui des membres des deux partis politiques et de toutes tendances politiques ». La commission était originellement appelée la « Commission de l’émeute raciale de Tulsa », mais en novembre 2018 le nom a officiellement été changé pour « la Commission du massacre de Tulsa ». Si les estimations furent de 45 morts selon les statistiques officielles de 1921 (36 noirs et 9 blancs) celles de la commission chiffre le nombre de mort entre 100 et 300 et il y aurait eu des milliers de blessés selon son rapport final de 2001. La Croix-Rouge a refusé de donner un chiffre officiel. Le nombre de fosses communes n’a toujours pas été fixé. Des réparations financières ont été créés à destination des enfants des survivants.
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PAR : Pierre Sommermeyer
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1 |
le 28 juin 2020 17:34:38 par dexter |
Vous voulez dire que dans une société au racisme incroyable tel que les USA de 1921, une communauté parmi les plus discriminé et maltraité de l’histoire avait réussi, grâce au capitalisme et à la propriété privé, a s’enrichir à tel point qu’ils créaient de la jalousie chez les oppresseurs.
On dirait bien que le capitalisme n’a pas besoin du racisme pour fonctionner comme on se l’entend dire ces derniers temps...