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par Pierre Sommermeyer le 21 juin 2021

Une révolution en Syrie ? Vraiment !

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Article extrait du Monde libertaire n°1828 de mai 2021
« Toutes les révolutions, les insurrections socialistes du XXe siècle se sont voulues filles de l’insurrection parisienne de 1871. » Jacques Rougerie, historien.

« Nous avons fait mieux que les travailleurs de la Commune de Paris. Ils ont résisté pendant 70 jours et nous, nous tenons depuis un an et demi. » Omar Aziz, anarchiste

Durant le mois de mars, de nombreux articles ont paru déplorant les victimes de la répression meurtrière que le pouvoir syrien impose au peuple du même nom. Les chiffres se succèdent plus horribles les uns que les autres. Parfois, un mot surgit pour dater le début de ces crimes. Parfois le même mot se glisse entre deux mentions des islamistes ou de l’État islamique, celui de révolution. Mais personne n’en parle réellement. Un exemple entre autres. Un article de Médiapart, organe considéré à gauche gauche, intitulé « En Syrie, la mémoire est la vie » mentionne 10 fois ce mot. À aucun moment il ne dit ce que fut cette révolution, parce que cela en fut une ! Comme elle ne s’est pas faite à la pointe des kalachnikovs, comme on n’a pas vu une seule femme munie fièrement d’une mitraillette, les vrais révolutionnaires, comme les autres, n’ont eu d’yeux que pour le combat suivant, celui de Kobané.

Eh oui ! Nous l’avons oubliée ! Pourtant la Syrie a connu dès le printemps 2011 jusqu’en 2013 l’un des plus importants mouvements populaires que l’histoire arabe ait connus. L’irruption de cette résistance civile, après la chute des dictateurs en Tunisie et en Égypte, avait stupéfié le monde. Durant des mois et des mois, chaque semaine, le peuple syrien a manifesté à mains nues, sans violence, tout en subissant la répression la plus féroce qu’il soit, de la part du régime syrien.

Simultanément une autre organisation sociale s’était mise en place. Omar Aziz en avait été l’un des organisateurs avant de mourir dans les geôles de Bachar. Qui était-il ?

Il ne portait pas de masque de Vendetta, et il n’a pas formé des groupes de Black Bloc. Il n’était pas obsédé par le fait de donner des interviews à la presse, et il n’a pas fait les gros titres des médias lors de son arrestation. Aziz était encouragé par la vague révolutionnaire qui saisissait le pays et croyait que les « manifestations en cours étaient capables de casser la domination du pouvoir absolu ». Pour lui, cela n’avait aucun sens de participer à des manifestations qui demandent le renversement du régime tout en restant strictement dans les structures hiérarchiques et autoritaires imposées par celui-ci. Il était encouragé par les multiples initiatives qui surgissaient dans tout le pays, incluant la mise à disposition volontaire d’un soutien légal et médical d’urgence, transformant des maisons en hôpitaux de campagne et arrangeant des paniers de nourriture pour la distribution. Il vit dans de tels actions « l’esprit de la résistance du peuple syrien à la brutalité du système, la destruction et le meurtre systématique de la communauté ». La vision d’Omar était d’étendre ces pratiques et il croyait que la façon de le faire se trouvait dans l’établissement de conseils locaux. Alors que le courant politique d’opposition avait échoué à réaliser quoique ce soit de notable dans les deux dernières années, le mouvement d’opposition de base, face à la répression violente, est resté dynamique et innovant et a intégré l’esprit anarchiste. Au cœur de l’opposition de base il y avait la jeunesse, principalement des classes pauvres et moyennes, où les femmes et divers groupes religieux et ethniques jouèrent des rôles actifs. La plupart de ces activistes restaient non-affiliés aux idéologies politiques traditionnelles mais sont motivés par ce qui concerne la liberté, la dignité et les droits humains basiques.

Tout cela eut peu d’échos dans les milieux libertaires et proches. Pourtant une des caractéristiques de cette révolution fut sa production artistique, autant graphique, murale, qu’écrite et chantée.



C’est ce que rappelle cet article de Médiapart « Le paradoxe syrien, c’est que même si le pays est complètement fracassé, la création n’a jamais été aussi vivante depuis le début de la révolution ». Un site web intitulé La mémoire créative de la révolution syrienne recense et archive en trois langues toutes les productions culturelles et artistiques nées de la révolution et produites depuis, en Syrie et par la diaspora.



Un livre paru aux Éditions Libertaires, Non-violence dans la révolution syrienne rassemble nombre d’écrits et témoignages sur les formes de désobéissance civile que prirent nombre de manifestations. Sur le site Lundi Matin (lundi.am) un certain nombre d’articles ont été publiés, entre autres l’un dont le titre La révolution syrienne et la Révolution du Rojava annonce la problématique. Reste en suspens la question du passage à la lutte armée qui coïncide avec la fin de la révolution. Qui a les armes a le pouvoir, le pouvoir des armes !

Pierre Sommermeyer - Individuel
PAR : Pierre Sommermeyer
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1

le 21 juin 2021 22:36:15 par Luisa

Beaucoup de formes de désobéissance civile étaient déjà bien présentes à l’époque d’Hafez, le père de Bachar. De nombreux syriens, parmi les plus avertis, ont quitté la Syrie depuis des décennies, pour fuir les geôles et la mort qui leur étaient réservées par la dictature.
Ils n’ont rien pu emporter qu’un départ sans espoir de retour déjà à l’époque !!
Et PERSONNE ne leur est venu en aide !
Depuis, des années ont passé, Hafez est mort [vive la mort !] et son fils a continué son « œuvre » mortifère. Personnellement, je suis toujours stupéfaite de voir que cela surprend beaucoup de gens : que le fils soit un dictateur comme son père
À l’époque, Les syriens qui se sont réfugiés en France, et ailleurs, dans les années 80 n’ont pas été accueillis avec bienveillance ! Pourtant, Ils n’étaient ni des islamistes ni des ignares ! La plupart étant de milieu culturel et social élevé, ils se sont établis avec leurs armes : leurs diplômes, leurs connaissances et leurs compétences.
Aujourd’hui, la donne est très différente ( … ).
Bien sûr, on peut rêver de révolution …