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Littérature
par Sylvain Boulouque le 25 mai 2024

PAGES D’HISTOIRE N°61

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Fréhel, "l’inoubliable inoubliée" !

Après la belle bande dessinée de Johann G. Louis consacrée à la chanteuse réaliste Fréhel (Nada, 2018), les éditions L’échappée proposent une biographie d’une des principales figures ce courant musical.
La vie de Margueriite Boul’ch dite Fréhel illustre la misère, les succès et parfois le désespoir des artistes ayant traversé cette période.




Née en 1891 à Paris, Fréhel est la fille d’un couple de bretons installés à Paris à la faveur de la révolution industrielle. Elle chante d’abord dans les cabarets parisiens sous le nom de la Môme pervenche avant reprend le nom de Fréhel comme un clin d’œil à sa Bretagne d’héritage. Néanmoins, c’est bien Paris qui a fait son succès et a été le cœur et le centre de sa vie. Les auteurs analysent à la fois la misère dans laquelle vivent les parents, le père est devenu invalide, la mère violente pousse sa fille à travailler puis la rançon du succès qui semble lui avoir été en quelque sorte fatal. Fréhel possède un talent pour la chanson, qu’elle a d’abord exercé sur les trottoirs aux côtés d’un accordéon. À 18 ans, elle signe un de ses premiers contrats à la Gaîté–Rochechouart. Son conjoint et impresario Robert Hollard-Roberty participe à l’élaboration de sa réussite. Vite repérée pour ses capacités, elle enregistre très vite des albums et connaît ses premiers succès. Par l’entreprise de sa consœur et parfois concurrente, l’autre chanteuse réaliste de la belle époque, Marie-Louise Damien, connue sous le nom de Damia, elle rencontre Maurice Chevalier. L’idylle a peu duré : deux ans, mais elle reste dans les mémoires avec la chanson de Fréhel « Tel qu’il est » alors que Mistinguett a chanté par la suite comme « mon Homme ». Le succès s’est pour Fréhel accompagné de la dépendance croissante vis-à-vis de l’alcool et surtout de la cocaïne, abondante sur les contreforts de la Butte. Fréhel reste une des figures centrales de la vie musicale montmartroise. Peu regardante sur la vie politique et sociale, la chanteuse part en Roumanie puis en Russie tsariste pour chanter pour les puissants. Après dix ans d’absence, elle revient en France, son premier conjoint et l’ancien chanteur social, Montéhus, l’ont récupérée alors qu’elle a sombré dans la drogue et l’alcoolisme. Ils l’aident à se lancer dans une deuxième carrière de chanteuse et surtout à se produire comme actrice. C’est cette double carrière à la fois cinématographique et musicale, qui font son succès et permettent encore aujourd’hui à Fréhel d’être passée à la postérité. Son soutien malheureux à la propagande vichyste et sa mort dans la misère au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont l’illustration de la vie d’une enfant perdue ayant trop vite connu le succès et les feux de la rampe. Une remarquable illustration d’une vie entre la lumière et la tristesse.


Fréhel
Nicole et Alain Lacombe
L’échappée collection Paris perdu 2024 382 p. 22 €


PAR : Sylvain Boulouque
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