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Littérature
par Patrick Schindler le 12 janvier 2020

Janvier, voilà le rat noir de la bibliothèque...

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Rubrique à parution aléatoire, Le rat noir de la bibliothèque vous propose les livres que le ML aura lus et aimés. Que la lecture de ces recensions vous donne l’envie de lire les livres proposés.

Les philosophes dans le Métro !




La philosophie. Vaste sujet. Il n’est pourtant pas très difficile de répondre à une première question : « Où commence-t-elle ? » Sur le plan individuel, j’aurais tendance à dire qu’en général, c’est en classe de Terminale au lycée que des profs habillés tout en noir, tentent de nous y initier en nous promettant que « la philo n’a rien de compliqué »… Au début on y croit et puis, et puis… Puis plus le temps passe, plus les notions difficilement acquises, deviennent floues. Alors, pour ne pas paraître trop « flouté » lors des repas entre anciens, on essaye de se raccrocher à ce que ces petits hommes en noir avaient essayé de nous inculquer. Après quelques efforts, on se souvient vaguement d’un certain Platon, qui avait du mal à retrouver ses clés pour sortir de sa caverne. Ou d’un Aristote qui prenait les plantes pour des brêles. D’un Saint Augustin qui n’hésitait pas à remâcher ses mots. D’un Descartes difficile à décoller du ras des pâquerettes. D’un Pascal qui passait son temps à faire des paris idiots. D’un Kierkegaard qu’il faillait pincer pour le faire rire, etc. Bref, pas très convaincant et de quoi réussir à se faire passer pour un cancre semi-idiot…
Heureusement, pour nous aider à retrouver quelques fulgurances, Luc de Brabandere, philosophe et l’un des deux auteurs des Philosophes dans le métro a eu une idée lumineuse et ludique. « Pourquoi ne pas mettre dans un seul schéma un aperçu global de l’histoire de la philosophie, en présentant la vie et l’œuvre d’un philosophe à chaque station ? ». Cette gageure fit l’objet d’un premier ouvrage réalisé avec sa complice, la philologue Anne Mikolajczak, en 2014. La nouvelle version augmentée de 2019, propose une rénovation complète du réseau « philopolitain » issu des commentaires, remarques et suggestions des nombreux lecteurs de la première. S’il est déjà plus difficile de répondre à une seconde question « Où la philosophie s’arrête-t-elle ? », ce petit ouvrage devrait nous y aider.
Car, partant du principe « Qu’aucun de ces géants de la pensée ne peut être enfermé dans un seul champ de recherche », Anne Mikolajczak, nous explique « qu’aucune matière n’a de frontière précise ». Les matières philosophiques et les domaines scientifiques se croisant et se recroisant en permanence. Par exemple, la ligne qui sépare la physique de la chimie est aussi floue que celle qui distingue la logique de la philosophie du langage.
Les deux auteurs ont donc convenu qu’un plan de métro était, « Le matériau idéal pour créer des passerelles entre les matières, supprimant le besoin d’un début ou d’une fin. De fait, aucune ligne ne peut être décrétée plus importante qu’une autre. » La nouvelle livraison compte quatorze lignes, dont « Les stations sont autant de chercheurs des différentes disciplines de la pensée humaine. » Elles s’appellent « Philosophes » ; « Modèle » ; « Système » ; « Perception », mais aussi, « Langage » ; « Psychologie » ou encore, « Technologie » ; « Créativité » ; « Humour ». Ce qui nous permet de croiser des personnages tout aussi passionnants que les philosophes dits « purs » mais d’autres auxquels on s’attend moins à trouver au hasard des stations. Ainsi, Jung ; Escher ; Carroll ; Saussure ; Barthes ; Bacon ; ou encore Chaplin. Quatorze lignes donc, agrémentées de petits paragraphes décrivant la pensée de chaque acteur qui les composent.
Du coup, cet ouvrage très bien ficelé, concis et efficace est une excellent manière de réviser d’une façon ludique ses faibles acquis et de peut-être de se sentir un peu moins godiche quand l’occasion se présente à nous de placer notre… science diffuse !

Patrick Schindler, groupe Botul
Les philosophes dans le Métro, éd. Le Pommier 2019, 18€, disponible chez Publico 145 rue Amelot 75011 Paris

Georges Portal : l’amoureux des marins trente ans avant le Querelle de Brest de Jean Genet




Marseille, 1916. Le Manouba quitte le port en direction d’Alger. A son bord des soldats proscrits que l’on envoie purger leurs divers crimes (en général désobéissance, tentative de désertion) dans les bataillons d’Afrique. Parmi eux, Georges Portal. Dégradé, il sort d’une peine de quatre mois de prison pour « outrages publics à la pudeur ». « Non, rien de rien, non, il ne regrette rien ». Car tout au long de son autobiographie Le protestant, Georges Portal va nous compter son aventure dans un style objectif, sans autosuffisance et teinté d’ironie. On découvre son enfance, aux antipodes de celle d’un Jean Genet.
Portal est né à Nîmes en 1887, au sein d’une famille protestante, bourgeoise et aimante. Il y est choyé autant par sa mère que par son père, sa grand-mère. Gâté par la vie, son premier éveil de libido se révèle dans l’univers « nian-nian » d’une image d’Epinal parue dans La Vie illustrée et montrant des « Forçats partant pour Cayenne ». De là va naître sa passion pour les mauvais garçons, les marins et autres ouvriers musclés à l’odeur musquée… Et il nous raconte tout, ses années de pensionnat, durant lesquelles il s’éveille peu à peu à l’amour des garçons puis assez tardivement au sexe. Ses doutes sur sa différence, ses rares essais catastrophiques avec les femmes pour essayer de devenir « comme tout le monde ». La lecture du premier roman initiatique, Le vice marin de Jean Bosc. La découverte d’un autre monde où « c’est possible ». Sa « virilisation » par le sport, puis par son « stupide sentiment nationaliste », comme il le qualifiera plus tard, son engagement dans l’armée où il se révèle un piètre cavalier et gravit les échelons comme vulgaire gratte-papier. Ses parents qui meurent l’un après l’autre, le frère mort à son tour à la guerre de 14. Sa solitude qui va au moins lui permettre d’aller au bout de ses rêves. A tel point que, trop sûr de lui et de sa notoriété acquise dans un acte de bravoure sur le champ de bataille, il va s’attirer pas mal d’ennuis en assumant sa vie dans un petit bourg de garnison qui verra arriver le scandale et le conduire en prison.
Mais n’en disons pas trop. Georges Portal écrira son aventure qu’un éditeur courageux publiera en 1936, qui lui-même sera à l’origine d’un véritable scandale, tombera dans l’oubli et ne sera réhabilité qu’en 2019, par les éd. du Serpent à Plume qui a eu l’heureuse initiative de le rééditer pour notre plus grand plaisir. Du Genet avant l’heure…

Patrick Schindler, groupe Botul FA, auteur de Jean Genet, Traces d’ombres et de lumières, éd. Libertaires
Georges Portal, Un Protestant, éd. Le Serpent à Plumes 2019, 20€, disponible la Librairie Publico, 145 rue Amelot 75011 Paris



PAR : Patrick Schindler
groupe Botul
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