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Littérature
par Patrick Schindler le 5 février 2022

Février de cette année-là, avec le rat noir.

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Début février, le Rat noir vous propose d’imaginer l’Acropole sans le Parthénon ! Puis, d’aller fouiller chez les ancêtres grecs de Jean de La Fontaine : Esope et Homère, en compagnie de Paule Rossetto. Envol pour les États-Unis des années 1920, avec Du sang sur la lune du « hobo », de Jim Tully. Petit tour au Portugal sous la dictature de Salazar : Miguel Torga et La création du monde. Trois livres ensuite, au sujet de la Résistance en France et des déportations. Dans le Vercors, avec Rosine Crémieux et Pierre Sullivan. Sur les traces de Simone Veil, et enfin en BD, avec les premiers résistants du musée de l’Homme.

« Notre monde parviendra un jour à un raffinement tel, qu’il sera aussi ridicule de croire à un dieu qu’aujourd’hui de croire aux fantômes » Christoph Lichtenberg

La destruction du Parthénon de Christos Chrystopoulos



Christos Chryssopoulos est né à Athènes en 1968. Il fait des études littéraires à l’université de Thessalonique, devient conférencier à l’université d’Iowa, puis chercheur à l’université de Chicago. Il séjourne ensuite à Zurich (Suisse), invité du Literaturhaus. Il publie régulièrement des articles dans des revues littéraires et politiques grecques et traduit des œuvres de l’anglais au grec moderne. Ses romans sont le témoin du désenchantement de toute une génération.




La Destruction du Parthénon (éd. Babel Actes Sud, traduction, Anne Laure Brisac) est un livre passionnant. Cela tient à son thème, mais surtout au fait qu’il nous révèle l’existence d’un mouvement bien particulier. Le mouvement surréaliste athénien qui, en 1944, lança par provocation, l’idée de se débarrasser du Parthénon, en tant que symbole de la vente de la Grèce au business touristique de masse ! Ce petit livre déroutant se présente sous la forme d’une enquête policière.

Le tout Athènes, puis toute la Grèce et enfin, le monde entier est effaré d’entendre un soir aux informations, que le Parthénon a été dynamité. « Qui a bien peu commettre un acte aussi insensé que de pulvériser le Parthénon » ?  Tous les prétendus témoins sont appelés à se faire connaître. A commencer par les gardiens du Parthénon qui, effectivement, ont bien repéré un individu bizarre qui trainait depuis un certain temps sur les lieux. Mais ce que personne ne s’explique, ce sont les motivations de son geste. Aussi, la télévision entreprend la reconstitution de l’attentat. S’en suit une avalanche de « témoignages » aussi fantaisistes que contradictoires « On a l’impression, que tout Athènes a vu ou connu CH. K, le jeune homme soupçonné ». Au point qu’on finit par se demander s’il existe vraiment. Il faut croire que oui, puisque nous assistons ensuite à son interrogatoire, au cours duquel il justifie ainsi son acte « Je cherchais seulement à nous libérer de ce que d’aucuns considéraient comme la perfection indépassable ».  L’enquête se poursuit jusqu’à ce qu’on découvre dans l’appartement du suspect, la photocopie d’un manifeste « Il faut faire sauter l’Acropole », lancé en 1944 par un certain Yorgos Makris, président du Cercle surréaliste athénien !

Dès lors, ce que nous pensions être un polar, se transforme en une véritable enquête historique sur ce mouvement : Les annonceurs du chaos. Parcours qui devient « surréaliste ». Un petit recueil passionnant, au rythme époustouflant, qui s’appuie sur une série de documents authentiques, dont le fameux Manifeste surréaliste grec de 1944. Ce n’est que dans l’épilogue que nous trouverons toutes les réponses à nos interrogations. Plus étonnant encore, selon les dires d’Anne-Laure Brisac, la traductrice de ce petit livre, ce mouvement existe encore de nos jours et continue même à avoir des adeptes ! Au point qu’il m’arrive certains matins, d’aller sur place, vérifier si le Parthénon est toujours debout sur la colline de l’Acropole !   

Paule Rossetto : Jean de La Fontaine face à ses ancêtres grecs
Toujours à l’affut, le Rat noir s’est faufilé dans les salles de l’Institut français de Grèce à Athènes, pour assister à la conférence que Paule Rossetto, spécialiste de la littérature du XVIIème, y donnait sur « Jean de La Fontaine face à ses ancêtres grecs ».



Paul Rossetto a été durant des années, professeur agrégée des Lettres, mise à la disposition de l’Institut français de Grèce à Athènes par l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Coordinatrice de la filière des Lettres modernes, elle y a enseigné la littérature française, ainsi que le latin et la stylistique.




Avant d’aborder les sources grecques des Fables de La Fontaine, Paul Rossetto s’est référé à la phrase de l’un des inconditionnels « de la lumineuse clarté » de Jean de La Fontaine : « Combien il est difficile d’analyser la lumière et de définir ce « je ne sais quoi » qui parcourt ses œuvres ». On ne saurait mieux dire ! Paule Rossetto a esquissé ensuite, les principaux faits marquants de la vie du grand conteur.

Jean de La Fontaine, ce fils d’un maître des Eaux et Forêts, sorte de fonctionnaire de l’époque, dont la vie a couvert tout le 17ème siècle et dont la biographie reste relativement avare de détails. On sait cependant, qu’il étudia au collège, le latin (mais pas le Grec) et qu’il fut un grand lecteur. Ambitionnant, comme bien des jeunes gens de la moyenne bourgeoisie de son époque, une carrière dans les arts et les lettres, se lançant ainsi dans la recherche de potentiels protecteurs et sponsors. Il commence sa carrière littéraire en traduisant et en adaptant des auteurs italiens du XVIIème siècle. Il mène alors une vie joyeuse de libertin, fréquente artistes et cabarets avant de se fixer, de se marier et d’avoir un fils. C’est alors qu’il entame l’écriture de ses Fables, qu’il n’achèvera qu’à la fin de sa vie. Trois recueils qui regroupent 243 fables allégoriques, publiées entre 1668 et 1694. Son premier protecteur n’est autre que Fouquet, surintendant des Finances, qui le reçoit à Vaux-le-Vicomte et le pensionne jusqu’à ce qu’il soit arrêté, en 1661. La Fontaine compose pour lui plusieurs œuvres, notamment le poème Adonis et entreprend l’écriture du Songe de Vaux qui doit célébrer les merveilles du château et du parc de Vaux-le-Vicomte. Entretemps, Fouquet est disgracié par un Louis XIV jaloux, influencé par Colbert. La Fontaine restera fidèle à Fouquet et publiera même en 1662, l’Élégie aux nymphes de Vaux, qui en appelle à la clémence royale. Ce qui lui vaudra la constante animosité du roi et réciproquement. D’autant que La Fontaine a osé critiquer ouvertement (entre autres) la politique colonialiste de Colbert.

Sa seconde protectrice est la Duchesse d’Orléans, dans le salon de laquelle il rencontre Boileau, Molière, Racine, etc. Au décès de la Duchesse, il est accueilli dans celui de Madame de la Sablière, femme cultivée et brillante, qui a pour invités des savants adeptes de Descartes et de Gassendi. On y débat notamment, d’une question d’actualité : de la nature de l’âme des bêtes et de la thèse cartésienne des animaux-machines. La Fontaine en tirera une approche philosophique qu’il développera dans ses fables : le concept de « l’âme des animaux ». En effet, il y place au même niveau hommes et animaux. S’inspirant, en parallèle, de l’inventeur du genre : Ésope.

Mais, qui était vraiment Ésope ? Il existe tellement de versions de sa vie, que Paule Rossetto finit par se demander s’il a seulement existé : « Est-il une légende, ou les deux ? » D’autant que ses fables n’ont été transmises qu’oralement. Il aurait vécu au VIème siècle avant notre ère et le premier recueil ésopique dont nous ayons connaissance ne fut composé que deux siècles plus tard, au IVème. Selon Hérodote, Esope aurait d’abord été esclave, puis affranchi avant de devenir fabuliste et mourir à Delphes. Sur les circonstances de sa mort, autant de questions. Héraclide, le disciple de Socrate et Platon dit qu’il fut jeté des remparts de Delphes parce qu’il aurait dérobé une coupe en or destinée aux sacrifices. D’autres historiens antiques prétendent qu’il aurait été condamné pour avoir blasphémé contre les Delphiens. Plutarque avance qu’il aurait gardé l’argent que Crésus lui aurait confié pour les sacrifices. Pour sa part, Socrate « le prince des philosophes », occupera les derniers moments de sa vie à versifier les fables d’Ésope. C’est entouré de légendes que ce dernier fera une réapparition au 17ème siècle. En 1631, Jean Baudoin traduit en Français une édition moralisée de ses fables.

Rééditées plusieurs fois, elles se présentent sous la forme de « discours moraux, philosophiques et politiques ». Baudoin les fait précéder d’une image négative d’Ésope, le représentant sous les traits d’un homme laid « l’homme le plus difforme de temps », portrait peu flatteur qui deviendra légendaire et se perpétuera dans les écoles. Dans ses préfaces, Jean de La Fontaine le réhabilite, rappelant que Platon n’aurait admis dans sa « cité idéale », qu’un seul et unique poète : Esope ! S’inspirant de ses fables, mais leur donnant une autre résonnance, La Fontaine leur assigne « la qualité de distraire, mais aussi d’instruire ». Quant à leur moralité, elle n’est pas toujours condition sine qua non. En effet, La Fontaine laisse souvent au seul lecteur le soin de la découvrir par lui-même, un peu à la manière dont Socrate le faisait avec ses disciples pour ses discours.

Par manque de temps, Paule Rosetto ne nous a présenté Homère que dans ses grandes lignes, promettant d’y revenir lors d’une prochaine manifestation. Nous conseillant, entre temps, de nous référer à Hyppolite Taine, pour lequel, Jean de La Fontaine serait « Notre Homère » et ses fables « Notre épopée » ! Pour Taine, La Fontaine serait la continuité d’Homère, son ancêtre, c’est-à-dire universel, puisque dans ses fables « Tout y est : les hommes, les dieux, les animaux, les paysages, la nature éternelle et la société du temps. Le roi, le noble, le pauvre, l’ambitieux, l’amoureux, l’avare. » Aussi bien paysans que rois, villageois, ou vieilles femmes. Sans épargner aucun détail de leur vie quotidienne. « Un récit idéal » en somme, comme celui de L’Iliade et l’Odyssée ! Mais si Homère s’épanouie dans l’épopée guerrière, genre qui convient aux idéaux de son temps, Jean de La Fontaine pour sa part, ne tombe jamais dans la platitude du roman réaliste ou bourgeois, ni dans les convenances de la littérature dite « noble », selon le terme employé dans les salons du XVIIème siècle. Car La Fontaine, tout comme Homère avant lui : « Tout le monde l’entend ». Les enfants, leurs nourrices, leurs précepteurs et même leurs commanditaires ! Chez La Fontaine, l’épopée est gaie, moqueuse, légère, faite autant pour les « esprits fins » que pour les paysans. Pour reprendre les propos d’Hyppolite Taine : « Vingt vers leur font comprendre la leçon, tandis que cent autres les empêcheraient de la comprendre » ! Il ne reste plus, sous cet éclairage, qu’à relire les Fables…

Du sang sur la lune de Jim Tully



Jim Tully est né en 1891 dans l’Ohio. Gamin de la route, boxeur, écrivain et critique de cinéma, il nait dans une famille pauvre. Sa mère, immigrée irlandaise meurt, tandis qu’il n’est âgé que d’un an. Son père, incapable de s’occuper de lui, l’envoie dans un orphelinat de Cincinnati où il reste six ans. Puis, il retrouve son cher grand-père Irlandais avant de se décider à partir sur les routes, tenter sa chance aux quatre coins des États-Unis. Il y fait plusieurs métiers dont fabricant de chaînes, boxeur et même chirurgien ! Il commence par écrire de la poésie et, grand admirateur de Charlie Chaplin, des critiques de films dans les journaux locaux, avant de se lancer dans ses romans. Sa liberté de ton le rend vite aussi célèbre que détesté par nombre de journalistes et critiques.




Dans sa préface Du sang sur la lune de Jim Tully (éd. Du Sonneur), Thierry Beauchamp, (également traducteur de cet ouvrage qui jusqu’à ce jour était ignoré du public français), explique, entre autres, l’origine de ce titre. Du sang sur la lune, fait référence au « ciel rouge » des marins irlandais. Dans sa préface, Jim Tully nous raconte, lui, le parcours des cinq ouvrages qu’il a écrit, dont, Du sang sur la lune, qu’il aurait à l’origine souhaité rassembler sous le nom de Cycle des bas-fonds. Il y insiste également sur le fait qu’il ne se considère pas, tels Jack London ou Josiath Flynt, comme un « hobo [note] », mais comme « un gamin de la route ». Ce qui fait, pour lui, toute la différence !

Du sang sur la lune, roman autobiographique, commence par les frasques du jeune Jimmy dans son orphelinat de Cincinnati qui nous en décrit les mœurs et coutumes. Il est ensuite placé dans une famille d’accueil comme homme à tout faire, chez un fermier « cinglé, méchant, menteur, tricheur et quasi-meurtrier. Ma vie, durant deux années, y fut une longue agonie ». Il finit par se réfugier chez son cher grand-père, un vieil irlandais, « encore beau pour son âge, costaud, affranchi et baroque » et qui avait prédit à la naissance de son petit-fils, né « à une époque où il y avait du sang sur la lune », qu’il serait toujours malheureux dans la vie ! Ce grand-père qui, quand il lui pose la question « Tu préfères le soleil ou la lune ? », le petit Jimmy tout gamin, répond « Le soleil le jour, et la lune la nuit » ! S’ensuivent des pages savoureuses où ce papy, qui « aimerait pouvoir rester saoul dans sa tombe pendant toute sa vie », qui trouve que le Christ « a une tête de tourte », l’emmène boire de la bière au Saloon du village où il lui raconte son enfance dans son Donegal natal. Papy dont le père répondit au prêtre qui lui demandait sur son lit de mort s’il pardonnait à ses ennemis : « Je n’en ai pas : je les ai tous tués » ! Ainsi au tout-venant.

Devenu jeune homme, Jimmy doit se décider à faire quelque chose de sa vie. Ainsi commencent les aventures du « gamin de la route ». Durant sept années, nous allons le suivre, sur « les moyeux de la roue du hobo » et le voir pratiquer, douze métiers et treize misères. Après avoir été refusé dans la marine parce que trop petit, il s’engage comme « garçon à tout faire » dans une pension pour chevaux, puis trouve refuge dans une prison pour gamins de la route, entouré de petits loubards, voleurs et alcooliques. Nous allons ensuite faire la connaissance de la « collection de personnages » qu’il rencontre lors de ses pérégrinations dont « Coffee Sam » et son café ambulant qui, de foire en foire, les emmène jusqu’en Californie. Jimmy rentre ensuite à Chicago en compagnie d’un ami, tous les deux cramponnés aux essieux d’un train, par une température de -23 degrés. Terrifiant ! Il atterri dans le bar d’un bordel où officie une jeune fille, Chlorine, créature de rêve, « dynamiteuse [note] », encore vierge qui a son truc « pour embobiner les gogos sans coucher avec eux ». Son amie Vison, surnommée ainsi « en référence au dynamisme sexuel de ces petits animaux » au destin tragique. Le Grand Slavinski, « l’Empereur de la magie » et ses trucs époustouflants, ou… pas ! De vieux Yegges irlandais (hommes de la rue) alcooliques, dont l’un d’eux n’a que deux défauts : jouer et boire, réputé pour « avoir parié le dernier dollar qu’il avait en poche sur l’endroit où allait se poser une mouche » !

« Pourquoi faut-il que les habitants d’une petite île comme l’Irlande soient les plus grands buveurs de tous ? Sans doute parce qu’ils aiment les illusions » …

Lassé de ce genre de vie, Jimmy finit par se ranger, devient chaînier [note] , mais un chaînier itinérant, « véritable gitan du travail manuel », dans plusieurs usines de la région. Il embrasse un temps le métier de boxeur professionnel poids léger, avant de terminer sa brève carrière de pugiliste à l’hôpital, terrassé lors d’un combat truqué, après avoir pris un mauvais coup. C’est durant ce séjour à l’hôpital, que Jim Tully rencontre une belle bibliothécaire qui croit en son talent de poète et le pousse à écrire. Début d’une révélation et d’une nouvelle vie « J’écrirai ou je crèverai de faim. Jack London qui n’est resté que quelques mois sur la route s’est bien imposé, alors pourquoi pas moi qui y ai passé sept années ? ».

Dix ans plus tard, son premier roman était publié ! Cette autobiographie, outre nous entraîner dans le parcours passionnant de son auteur, est aussi l’occasion d’aborder quelques faits historiques aussi improbables que souvent ignorés, telle l’incarcération de soldats de l’Union durant la guerre de Sécession dans un camp sudiste. De bonnes « leçons de choses » sur le métier de chaînier, ou l’univers si particulier des pugilistes. Du sang sur la lune, un livre qu’une fois en main, on ne peut plus lâcher…

Miguel Torgua : La création du monde



Miguel Torga [note] est né en 1907, dans la province montagneuse du nord-est du Portugal. Doué à l’école, mais fils de paysans pauvres, il n’a pas d’autre choix que de poursuivre ses études au séminaire. N’en supportant pas l’ambiance, tandis qu’il n’est âgé que d’une douzaine d’années, son père décide de l’envoyer chez un oncle au Brésil. Il y passera cinq années, en tant que valet de ferme dans la Fazenda de celui-ci. Triste expérience qui le marquera à vie. Rentré au Portugal, ne sachant qu’y faire, il reprend des études, rencontre l’écrivain et poète Fernando Pessoa et obtient son diplôme de médecin. Il s’installe à Coimbra « l’incomparable fleur des cités ». Il écrit des poèmes et entreprend un journal qu’il n’achèvera qu’à la fin de sa vie. Vie bien remplie. A côté de son métier de médecin, admirateur inconditionnel de la nature, Miguel entreprend de nombreux voyages, tout en rédigeant des nouvelles et en commençant la rédaction de La création du monde. Emprisonné sous la dictature de Salazar comme opposant au régime, victime de brimades, de délation, de persécution professionnelle et de la censure, ses livres sont saisis tandis qu’il est « soumis à résidence ». Ce qui n’entame nullement ses convictions politiques, ni sa rage d’écrire. Franc-tireur libertaire, en 1974, il se méfie de la Révolution des œillets, parce qu’initiée par des militaires, avant d’être réhabilité dans son pays, en tant que « poète orphique rebelle ».




Dans sa préface de La Création du monde [note] , l’œuvre autobiographique de Miguel Torga, Daniel-Henri nous raconte la vie, l’engagement intellectuel sans concession de cet écrivain « impulsif et extraverti, sorte d’Orphée changé en Sisyphe ». Torga qui explique dans son journal intime, vouloir « laisser une grâce de bave, comme le limaçon, devenant lui-même la matière de ses mémoires » ! Torga qui, lorsqu’on lui pose la question « Pourquoi n’arrêtez-vous pas d’écrire quelque temps ? » répond, non sans quelque humour et provocation : « Parce que ce serait la même chose pour un croyant d’arrêter de prier un mois ou deux par mesure d’hygiène » … Miguel Torga qui, devant l’horreur de la guerre d’Espagne confie se sentir « seul et incompris ».

Dans le Premier jour, Miguel Torga se met en scène, gamin, dans son village d’Alvarez [note] . Ce fils d’une famille de paysans pauvres, bon élève mais bagarreur, qui lors du sermon de sa communion croit « parler, mi-repenti, mi-roublard, directement à dieu ». Qui, très jeune et frappé par la mort de son grand-père, pleure sur le martyre de Jésus lors d’une séance de cinéma au village… Séduit par ses résultats scolaires, son instituteur conseille à ses parents de lui faire poursuivre des études. Mais, trop pauvres pour l’envoyer au lycée, ceux-ci l’envoient d’abord chez un cousin comme « homme à tout faire », puis au séminaire où il ne se plait pas. Ils décident alors, tandis qu’il n’est âgé que de onze ans et demi, « tenter sa chance » comme valet de ferme chez d’autres cousins installés au Brésil. Nous allons l’y suivre dans le Deuxième jour. Ce gamin arrivera-t-il à s’adapter à ce nouvel environnement familial où les rapports sont régis par un oncle psychorigide et une tante vénale, méchante qui le harcèle ? Toujours est-il qu’il sera marqué à vie par ce transfert à l’autre bout de l’océan parmi un autre peuple, où il va découvrir une faune et une flore grandiose et devra faire face à ses premières pulsions sexuelles, se demandant si « l’amour est toujours un jeu où l’on perd » ?

Dans le Troisième jour, nous suivons Miguel, seize ans et demi, de retour au Portugal au début des années 1920. Il entre à l’université de médecine, toujours animé d’un désir d’écrire. Arrivera-t-il, ce « malheureux poète orphique libertaire et solitaire », à concilier la médecine (entre dissection de cadavres et accouchements) et les soirées estudiantines avinées ? Comment supportera-il les trop longs mois perdus au service militaire ? Une fois devenu médecin de campagne, comment fera-t-il, face à la méfiance et à l’hostilité de tous ? Celle des riches qui lui reprochent d’avoir réussi et celle des pauvres paysans, qui considèrent ne pas avoir besoin d’un médecin « révolutionnaire » ? Comment dans un tel contexte, ne pas déprimer, garder ses illusions dans un Portugal fanatisé par Salazar, à proximité d’une Europe envahie par le fascisme ? C’est dans le Quatrième jour que Miguel va trouver une échappatoire. Nous le suivons alors traverser une Espagne « écorchée vivante par des escadrons marocains, des bataillons nazis et des divisions fascistes ». Puis, dans une France indifférente, où un Léon Blum refuse d’aider les Républicains espagnols. Dans une Italie fasciste « consciente de marcher sur un Volcan », aux rues recouvertes d’affiches exhibant l’affreux visage de Mussolini ? Et que faire au retour ? Continuer à se taire, rejoindre les Brigades internationales ou essayer de préserver sa probité contre vents et marrées ?

Miguel aura-il assez d’énergie pour se battre, travailler et continuer à écrire ? Echappera-t-il aux soupçons et aux dénonciations ? Et si jamais il est emprisonné dans la terrible prison politique de Lisbonne, comment survivre alors à la malnutrition et à la promiscuité avec ces codétenus, « leur sexe en feu qu’ils devaient calmer aux hautes heures de la nuit, solitairement, à la dérobée, en une autosatisfaction honteuse et triste » ? A l’aube du Sixième jour, après la victoire des Alliés, le Portugal « réduit à un camp de concentration et les opposants poursuivis, marginalisés et persécutés même après leur mort » devra-t-il encore longtemps subir les dictats d’un tyran, de sa police, puis de ses successeurs ? Comment, dans ces circonstances, ne pas devenir « désespéré, obsédé par la fuite du temps, roulé comme un galet par le torrent des jours » ? Continuer à agir en secret et s’évader le plus souvent possible admirer les trésors naturels de son pays, ou à l’étranger ? Une fois enfin arrivée la Révolution des œillets, « poussée incoercible de l’espoir retrouvé », comment ne pas se méfier alors des militaires qui en sont à l’origine ? Comment, même si réhabilité, encore continuer à vivre pour « écrire, inlassablement, dans la même insatisfaction qu’autrefois » ?

La Création du Monde : une fresque historique remarquable qui, non seulement traverse plusieurs époques mais aussi, une vie marquée d’évènements personnels qui ne laissent que peu de repos. Merveilleux passages d’humanité, de solidarité. D’autres dans lesquels Miguel Torga nous décrit cette nature sauvage du Portugal qui lui est tant nécessaire. Si ce grand homme n’a jamais écrit le Septième jour, c’est peut-être parce que ce « poète-médecin orphique » ne voulut pas nous infliger une vision devenue trop pessimiste, achever ses mémoires par une note d’espoir et finir sa vie en paix ?

La Traine-sauvage
de Rosine Crémieux et Pierre Sullivan



Rosine Crémieux est née en 1924, dans une famille juive originaire d’Alsace, réfugiée au début de l’Occupation dans la région lyonnaise. Rosine s’engage alors dans la Résistance et fait partie des sept infirmières du Groupe de la grotte de la Luire. Faite prisonnière par la Wehrmacht, elle est envoyée dans le camp de concentration de Ravensbrück, avant d’être affectée dans le « Kommando » d’une usine de moteurs d’avions. Elle réussit à s’en enfuir en 1945, lors d’une marche forcée. Après-guerre, elle part aux Etats-Unis entreprendre des études de psychologie pédagogique. Rentrée en France, elle créé la revue La psychiatrie de l’enfant. Son autobiographie, La Traine-sauvage, parait en 1999.




Il est des récits qui marquent. La Traîne-sauvage, que Rosine Crémieux a co-écrit avec Pierre Sullivan (éd. Signes & Balises), en est. Dans le prologue, Rosine commence par évoquer son voyage dans le Vercors en 1994, invitée avec quelques survivantes du Groupe des infirmières de la grotte de la Luire, à la célébration du cinquantenaire de leur libération. Mais il lui aura fallu attendre sa rencontre avec le Canadien Pierre Sullivan, psychanalyste pour enfants comme elle, pour qu’elle accepte de parler de ses souvenirs. Qu’elle se décide enfin à « récupérer ce moment de sa vie pour l’insérer dans la continuité de son histoire ». Beaucoup de choses pourtant semblaient séparer Rosine de Pierre. Leurs personnalités, leur âge et leur origine. Lui, fervent catholique, elle juive athée. Mais une complicité immédiate parvient à vaincre les résistances de Rosine Crémieux et commencer ce récit.

Récit émouvant par l’alternance de leurs prises de paroles. Emaillé des notes prises par Rosine à son retour du camp et de ses échanges avec Pierre Sullivan. Ce Pierre qui, bien qu’en douceur, sait appuyer là où ça fait encore mal. Il veut, par exemple, savoir pourquoi Rosine à son arrestation, a fait preuve d’une telle naïveté. Cette jeune fille qui arrive au camp de Ravensbrück le 21 août 1944, « en chantant » ! Tandis qu’elle ne prend conscience de la réalité que quelques jours plus tard. Rosine, elle, s’étend que très peu sur les violences, la faim et la promiscuité, subies au camp, bien consciente que sa mémoire ne peut être qu’une mémoire « littérale ». C’est-à-dire, incapable de restituer la vérité puisque sélective : « Primo Levi l’a remarqué, nous nous souvenons plus facilement des intermèdes comiques et nous avons tendance à passer sous silence les plus douloureux, à oublier volontiers les détails des maladies graves dont nous avons guéri ».

Récit également entrecoupé de passages ludiques. Notamment, quand Rosine nous raconte sa jeunesse au sein d’une bonne famille bourgeoise juive lyonnaise. Plus loin, lorsqu’à la mi-1945, elle réussit à fuir l’horreur qu’en treillis, les cheveux coupés en brosse, des Allemandes la prennent pour « un jeune éphèbe américain à courtiser » ! Une Rosine Crémieux qui découvrant le théâtre No, y retrouve « la même violence, la même précision des gestes que dans les camps », mais y assiste alors qu’en tant que spectatrice… Une Rosine qui ne privilégie pas, systématiquement, l’anecdotique au tragique. Ainsi déclare-t-elle à un moment à Pierre Sullivan : « Vous et votre génération ne pourrez jamais comprendre la férocité de la nature humaine. Celle des « kapos » polonaises, les disparitions, les fours, etc. » Sullivan ne l’interrompt jamais « Les imprécisions, les blancs, les digressions ne me gênent pas ». Rosine Crémieux avoue à la fin du récit « Il m’aura fallu des années pour redonner vie à ces souvenirs figés » !

Simone Veil, L’aube à Birkenau, autre récit recueilli par David Teboul




Lorsque David Teboul rencontre Simone Veil pour la première fois, c’est à la télé dans Les dossiers de l’écran ! Tandis qu’elle est invitée à regarder le film Holocauste puis à participer, en compagnie de la résistante communiste Marie-Claude Vaillant-Couturier, au débat qui suit la projection. David Teboul tombe sous son charme. Interpelé par la distance avec laquelle Simone Veil essaie de répondre aux questions, souvent déplacées des spectateurs. Il décide alors d’appeler sa secrétaire pour la rencontrer. Récalcitrante, Simone Veil finit par accepter. Pour quelle raison ? Tout simplement parce que lorsqu’elle a demandé à Teboul : « Qu’est-ce qui vous intéresse chez moi ? », celui-ci lui a répondu : « Votre chignon » ! Bingo…

L’Aube à Birkenau (éd. Pocket) va naître de leurs entretiens. Dans la première partie du livre, Simone Veil raconte l’histoire de sa famille, agnostique des deux côtés. Celle de sa mère, (de sensibilité de gauche), femme courageuse et adorable et celle de son père (de sensibilité de droite), homme rentré aigri de la guerre de 14. Tous les deux juifs d’origine alsacienne et parents de quatre enfants. Simone, la benjamine, ses deux grandes sœurs et son grand frère. Leur enfance à Nice. La famille Jacob, ruinée après la crise de 29. Simone raconte ensuite, la montée de l’antisémitisme et du nazisme. L’afflux de réfugiés et comment à cette occasion, ses parents rencontrent les enfants Freud et Raymond Aron. Le nouveau statut pour les juifs. L’engagement de sa grande sœur Denise dans la résistance aux côtés des Francs-tireurs. Les premières rafles à Paris. L’arrestation de sa famille en avril 44, dont Simone se sentira toute sa vie responsable. La douloureuse séparation des hommes et des femmes, avant le départ pour Drancy.

Toujours avec la même acuité, la même sensibilité, Simone Veil nous parle ensuite des conditions de sa détention à Auschwitz-Birkenau, puis dans les autres camps. Impossible de rendre compte ici, de tout ce que contiennent ces confidences qui s’enchaînent au fil des entretiens. Nourries de nombreux flash-backs et de magnifiques photos du « monde d’avant ». Dans la suite de l’entretien, elle essaie d’analyser les sentiments qu’elle a ressenti, après avoir eu la chance de rentrer des camps. L’incompréhension, les malentendus avec lesquels il a fallu continuer à vivre. La perte de sa mère, d’une de ses sœurs, de son frère et de son père. Les retrouvailles avec Denise, elle aussi déportée en tant que résistante « J’avais en revenant des camps, l’impression que les survivants gênaient » ! Elle évoque encore, les films qui ont été réalisés sur la résistance, la déportation et leur vision souvent tronquée, incomplète.

Puis, dans la dernière partie de ces entretiens, Simone nous explique comment son expérience des camps a été pour elle, un élément crucial et déterminant. Ceci tout au long de sa vie. De son engagement professionnel (après Science Po, sa candidature, rare pour une femme de l’époque, à la magistrature) et politique (son combat avec Gisèle Halimi, durant la guerre d’Algérie, pour rapatrier les femmes algériennes combattantes et condamnées à mort, puis pour la défense de la condition féminine). Sans oublier, bien sûr, son long et douloureux combat pour le droit à l’avortement, devant le Parlement. Les petites phrases assassines qu’elle a alors suscité à droite « Simone Veil, cette « éternelle contestataire », cette « grande gueule » est une gourde. Elle ne sait pas s’exprimer, finir ses phrases. Pleurer en public est la seule chose qu’elle sait faire » ! Les attaques antisémites durant les débats [note] . Jusqu’à sa décision de quitter la vie politique française pour présider le Parlement européen.

Dans la deuxième partie du livre, David Teboul transmet le dialogue issu du film qu’il a tourné d’un entretien entre Simone et sa sœur Denise. Simone Veil avait accepté de se soumettre à cet exercice, à condition de ne commenter que des photos de famille (d’ailleurs magnifiques) et que ne soit pas évoqué, le retour des camps. De fil en aiguille, les deux sœurs se prennent au jeu et évoquent avec émotion ce « monde perdu ». Elles finissent même, par parler du retour des camps, sujet devenu tabou entre elles. Nous lisons ensuite le dialogue (filmé lui aussi par David Teboul) qui eut lieu entre Simone Veil et son amie de camp, Marceline. Une Marceline, joint au bec, militante de la cause algérienne, un temps maoïste, amie de Duras et Perec et une Simone, cigarette aux lèvres. Toutes deux complices comme des lycéennes se souviennent, se taquinent jusqu’au milieu d’une nuit magique, que tous les trois achèveront ivres morts ! Suit, l’émouvant adieu de Marceline aux obsèques de Simone, en 2017 qui commence ainsi « Simone, toutes les femmes ont un lien avec toi. A Birkenau déjà, je sentais en toi une force vitale et le même penchant que moi pour la rébellion », etc. Teboul nous offre ensuite la retranscription d’un entretien entre Simone Veil et Paul Schaffer, un apatride déporté à vingt ans Auschwitz, qui l’avait rencontré au camp de travail de Bobrek. Ils abordent ensemble nombre de sujets, avant que Paul Schaffer ne conclue « Nous sommes devenus des personnes sans ombre : nous n’avons pas eu d’adolescence ». Ce livre poignant, magnifique, s’achève avec la première intervention de Simone Veil en 1947, lors d’un colloque sur le racisme, en présence de Germaine Tillon, résistante et membre du réseau du musée de l’Homme (voir ci-dessous).

Des Vivants, une BD de la résistance




Restons sur le thème de la résistance. Des Vivants (2024 éditions) est une superbe BD réalisée par les scénaristes Raphaël Meltz et Louise Moaty. Mise en image par le talentueux Simon Roussin. Elle nous fait revivre l’histoire du tout premier réseau de résistance à l’occupant nazi, né dans les locaux du musée de l’Homme de Paris. Les dialogues sont uniquement basés sur les rigoureuses recherches historiques entreprises par les auteurs, ainsi que la correspondance et les mémoires des protagonistes, épargnées par les nazis.
Durant cette épopée, nous allons rencontrer Paul Rivet, l’initiateur du réseau, ainsi qu’une jeune bibliothécaire et deux ethnologues du musée qui l’aident à mettre sur pied, le premier réseau de résistance parisien. Bientôt rejoints par d’autres activistes (dont Germaine Pillon évoquée plus haut), issus de toutes les couches sociales. Tout au long de ces pages magnifiquement dessinées et émaillées de dialogues aussi réalistes qu’émouvants, on trouve quelques bulles sans dialogue. Celles, sans doute, qui rendent le mieux l’atmosphère de cette époque courageuse. Le réseau du musée de l’Homme résistera-t-il longtemps aux dents acérées des collabos et des espions au service de la Gestapo ? Quel sera le sort de ses membres ? Et pour les survivants, recevront-ils une quelconque reconnaissance ou feront-ils, eux aussi partie de ces oubliés des livres d’histoire ? En postface, un cahier commente l’ensemble des sources utilisées et nous présente des notes et commentaires sur l’époque, ainsi que sur l’ensemble des personnages évoqués.

Patrick Schindler, individuel FA, Athènes





PAR : Patrick Schindler
individuel FA, Athènes
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1

le 12 février 2022 12:58:07 par max pelgrims

Et bien ! de la lecture en perspective. Merci Patrick Schindler de m’avoir invité à lire ces auteur( e )s, ces textes et ces livres.